Discours d'Abdou Karim Meckassoua, président de l'Assemblée nationale du Centrafrique
Le président de l'Assemblée nationale du Centrafrique, Karim Meckassoua à son arrivée à Luanda en Angola @présidence AN
Honorable Président de l’Assemblée nationale et cher Frère,
Honorables députés,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
J’éprouve un réel plaisir d’être ici à Luanda, cette belle capitale de l’Angola qui se dresse fièrement comme un bel arbre paré de belles fleurs et portant de beaux fruits, planté au cœur de l’Afrique. Ce plaisir est d’autant plus immense que je me retrouve aujourd’hui dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le temple de la démocratie, le cœur battant du peuple frère angolais, un peuple libre et digne représenté par des élus avant-gardistes acquis à sa cause.
Je voudrais tout d’abord exprimer mes vifs remerciements, à vous Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, mon cher frère, pour l’aimable invitation que vous m’avez faite afin d’effectuer une visite d’amitié et de travail auprès de l'Assemblée nationale angolaise.
Je voudrais également adresser, au nom de tous les députés et du peuple centrafricains, mes chaleureuses salutations fraternelles, à Son Excellence le Président Eduardo Dos Santos, Président de la République, au gouvernement de la République sœur d'Angola et au peuple angolais dans toutes ses composantes, à travers les élus que vous êtes.
Honorable Président de l’Assemblée nationale,
Honorables députés,
L’histoire des peuples est toujours façonnée par la lutte victorieuse des hommes et des femmes sous la direction d’un leadership clairvoyant. Par le passé j’ai eu l’occasion de visiter votre grand et beau pays. J’avoue que j’ai été définitivement conquis par le charme des mille et un visages qu’il offre aux visiteurs, par le dynamisme des masses laborieuses dans leur diversité mais mobilisées et fières de prendre leur destin en mains et par l’engagement courageux de la classe dirigeante conduite avec sagesse par son Excellence le Président Eduardo Dos Santos.
L’Angola est un cas d’école. C’est le modèle parfait de la résilience d’un peuple déterminé à briser les chaînes de la domination et de la dépendance. Un peuple qui a su et pu rebondir envers et contre tout dans un environnement hostile. En effet, avoir réussi à surmonter les conséquences dramatiques de plus de quarante ans de guerre d’indépendance, suivie d'une guerre civile fratricide, avoir vaincu les nombreux handicaps consécutifs à cette terrible situation et se placer enfin sur la trajectoire de l'émergence, constitue en soi un exploit que nous ne saluerons jamais assez.
L’unité nationale en Angola n’est pas une chimère mais une réalité concrète. La cohésion sociale n’est pas un vœu pieux mais tangible à tous les niveaux. Le patriotisme et le progrès économique et social ne sont pas une vue de l’esprit mais palpable dans tous les domaines.
Le miracle angolais est loin d’être le fruit du hasard. C’est le résultat de la volonté politique de ses dirigeants, doublée du travail acharné d’un peuple déterminé et mobilisé. Quelques facteurs bien maîtrisés ont favorisé cette réussite exceptionnelle : il s'agit de la liberté et de la paix retrouvées, de l’unité nationale consolidée, de la stabilité des institutions et de la rigueur dans la gestion de l'Etat.
L'histoire de mon pays la RCA est une histoire douloureuse, jalonnée de multiples crises militaro-politiques, de rebellions, de coups d'Etat à répétitions, de tueries et de destructions, une histoire caractérisée par une fracture sociale profonde et par l'anéantissement des bases d'un développement économique.
La crise qui a éclaté en 2013 et qui a entraîné l'effondrement quasi total de l'Etat, des forces de défense et de sécurité ainsi que du système judiciaire, a été sans précédent dans l'histoire tumultueuse de la RCA.
Toutefois, grâce à sa détermination et à l'aide sans condition des pays frères de la sous-région dont l'Angola, et de la communauté internationale ensuite, le peuple centrafricain commence à relever la tête et à reconstruire un Etat susceptible d'être digne de ce nom.
Le régime de transition mis en place en mars 2013 pour faire face à la crise, a pris fin en mars 2016 dans de bonnes conditions. Le Pape a pu se rendre en RCA et prôner la paix et le vivre-ensemble même dans les quartiers dits à risque. Une nouvelle constitution a été votée et des élections présidentielles et législatives dont les résultats ont été acceptés par tous ont eu lieu. Un Président consensuel, le Professeur Faustin Archange Touadera, a été élu et une nouvelle Assemblée nationale a été mise en place. Les institutions de la nouvelle République sont en place. Un grand pas vers la paix a été fait, mais le chemin pour sortir totalement et définitivement du tunnel est encore long et semé d'embûches.
L'Angola est un bel exemple à suivre pour la République centrafricaine et nous comptons bien avec votre accord nous en inspirer pour envisager notre avenir en confiance. A cet effet, nous souhaitons que les parlementaires centrafricains, des hommes, des femmes, la jeunesse ainsi que la société civile effectuent le voyage de Luanda pour toucher du doigt cette réalité angolaise qui enchante.
Honorable Président de l’Assemblée nationale,
Honorables députés,
Mesdames, Messieurs,
Dans ces moments difficiles que vient de traverser mon pays la République centrafricaine, l’Angola s’est toujours montré à la fois solidaire et généreux. Au prix de grands sacrifices humains, matériels et financiers, il n’a pas hésité un seul instant à voler à notre secours. Cette aide multiforme dont nous avons apprécié et apprécions encore la pertinence est toujours arrivée au bon moment pour satisfaire les immenses besoins d’un pays en crise qui ne peut hélas pas encore résoudre ses propres problèmes par lui-même.
Ne dit-on pas chez nous que c’est dans les moments difficiles qu’on connaît les vrais amis ? Pour nous, il n’y a aucun doute. L’Angola est à la fois un pays frère et ami. Oui, le peuple souverain angolais, par l’intermédiaire de ses dirigeants librement choisis a toujours fait preuve de tant d’affection et de mansuétude à l’égard de notre peuple que nous ne saurions l’oublier.
Que ce soit dans le cadre de la coopération bilatérale, de la CEEAC, du Groupe International de contact pour la RCA, de la Commission des Grands Lacs, de l'Union Africaine, du Conseil de sécurité des Nations-Unies, du Processus de Kimberley, l'Angola a toujours été à nos côtés. L'appel lancé par le Président Eduardo Dos Santos pour un soutien sans faille à la RCA dans son discours d'ouverture du dernier sommet des pays membres de la Commission des Grands Lacs qui a eu lieu en juin à Luanda, a été un message fort auquel les élus et le peuple centrafricains ont été très sensibles.
Fragilisée par les multiples conflits internes, la RCA est encore comme un handicapé qui a besoin d'être soutenu pour réapprendre à marcher. Pour cela, elle compte d'abord sur ses frères et sœurs de la sous-région, en premier lieu l'Angola. Une RCA stable est nécessaire pour la stabilité de la sous-région. En effet, sa sécurisation sera également celle de la CEEAC, de la frontière nord de la SADEC, de la frontière Ouest des pays de la East African Community, de l'IGAD et des Grands Lacs ; elle sert également de paravent à la sécurisation de l'ensemble du Bassin du Congo et du Bassin du Lac Tchad.
Nous sommes heureux et rassurés de noter que l'Angola a toujours pris conscience de l'importance stratégique de la position géographique de la RCA pour la sécurisation de la sous-région et de l'Afrique en général.
La RCA a souffert des influences extérieures néfastes, des divisions internes, de conflits communautaires créés de toutes pièces, de l'absence de patriotisme et de vision pour le développement de notre pays.
Nous les représentants de ce peuple meurtri, sommes désormais fermement décidés à jouer notre partition pour aider le peuple et le gouvernement à faire de la cohésion sociale et du vivre-ensemble les socles sur lesquels une paix durable sera bâtie. La paix entre nos communautés, la paix avec nos voisins, la paix pour favoriser les échanges et le commerce dans notre espace économique, la paix pour exploiter nos richesses au bénéfice de notre peuple est notre ferme volonté à l'instar de ce qui se fait dans ce pays frère.
Aider la RCA à se relever est une nécessité pour la sous-région. En effet, nous ne devons pas oublier que le terrorisme international qui ne connaît pas de frontière est désormais à nos portes et que les terroristes recherchent des sanctuaires à partir desquels lancer leurs actions destructrices. Les Etats minés et déstabilisés par les conflits sont des proies privilégiées. La RCA par sa situation géographique fait partie de la ligne de front dans la lutte contre le terrorisme, mais également un pays à risque à cause de la faiblesse de ses intitulions.
Nous faisons appel au gouvernement angolais pour poursuivre son soutien à la RCA, au niveau bilatéral, mais aussi auprès du Conseil de sécurité pour la levée de l'embargo sur les armes, et auprès du Processus de Kimberley pour la levée de l'embargo sur le commerce du diamant centrafricain.
Nous vous faisons appel à vous chers collègues parlementaires pour aider la jeune Assemblée nationale centrafricaine à jouer un rôle de premier plan aux côtés de l'exécutif, dans l'accompagnement du dialogue national et du processus de réconciliation nationale.
Nous faisons appel au secteur privé angolais pour investir massivement en RCA, car le meilleur moyen de consolider la paix est le développement économique, notamment la création de l'emploi pour la jeunesse.
Enfin, nous faisons appel à la société civile angolaise, aux associations culturelles et sportives, pour multiplier les échanges avec la jeunesse centrafricaine et promouvoir l'intégration entre nos deux peuples.
C’est le lieu et le moment de clore mon propos, en renouvelant au nom des élus du peuple centrafricain et en mon nom personnel l’expression de toute notre profonde gratitude pour la qualité de l'accueil dont nous avons bénéficié depuis notre arrivée, la solidarité agissante et multiforme, jamais démentie, dont ont fait preuve et continuent de faire preuve le peuple angolais, son gouvernement et ses élus à l’égard du peuple centrafricain.
Je vous remercie pour votre bienveillance.
Le 9 septembre 2016