Jean La Fouine fait un point situation
Florence Parly, ministre des armées de la République française avait tenu à avertir les médias, le 2 novembre 2017, qu'une première opération de la "force africaine" -, baptisée "G5 Sahel" , était en cours depuis le 27 octobre 2017 et que des militaires français y participaient.
Florence Parly avait alors salué "a montée en puissance de cette force, soutenue par le dispositif français Barkhane, qui montre la prise en main par les Etats sahéliens de la lutte antiterroriste".
Pourquoi cet enthousiasme un peu forcé ? Parce qu'il s'agit d'un projet volontariste d'Emmanuel Macron.
Le président veut, et il n'y a pas lieu de le lui reprocher, que plusieurs Etats sahéliens participent activement aux combats menés depuis 4 ans par des unités françaises contre divers groupes djihadistes. A Bamako le 1er juillet 2017 Emmanuel Macron s'était fait le chantre de ce G5 Sahel, qui, à l'entendre, devait rassembler 6 000 hommes venus du Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger,Tchad.
Mais personne n'est parfait, et la constitution de cette force, prévue pour octobre 2017, a connu quelques ratés. A en croire Mme le ministre des armées, elle sera fin prête au printemps prochain 2018 si tout va bien.
Quant au budget de 423 millions d’euros nécessaire pour équiper encadrer et armer ces 5 000 combattants, il n'est toujours pas bouclé, et seule une petite partie de cette somme est réunie.
Selon un diplomate, qui s'en amuse, l'Arabie saoudite va sans doute offrir quelques dizaines de millions à ce budget en souffrance. "C'est un juste retour des choses, dit le diplomate sous couvert de l’anonymat. Les saoudiens ont trop souvent financé les djihadistes, ils peuvent donc aujourd'hui financer ceux qui vont les combattre, non ?"
Combattants à "rafistoler''
Pour Emmanuel Macron et Florence Parly, il devenait donc urgent de prouver que, malgré plusieurs mois de retard, ce projet de force conjointe c’est-à-dire africaine et française restait d'actualité, qu'il serait souhaitable que des médias en fassent la pub...
Il a donc été décidé, à Paris, de monter une première action antiterroriste, baptisée "Hawbi" ce qui signifie "vache noires" : contrôle de zone, manœuvres militaires, contacts avec les habitants, etc.
C'est ainsi que, le 27 octobre 2017, 360 soldats du Burkina-Faso, 200 soldats du Niger, 200 soldats du Mali et 180 soldats de France sont partis en opération pendant 9 jours et nuits.
Objectif : la région du Liptako-Gourma, aux confins des frontières du Mali, du Niger et du Burkina. Des frontières à l'africaine, sans réelles délimitations, que connaissent bien les mouvements djihadistes -AQMI -AJ-Qaida au Maghreb islamique-, Etat islamique au Grand Sahara, goupe de soutien à l'islam et, aux musulmans. Ils les franchissent si souvent. A peine terminée, le 11 novembre 2017, la première sortie sur le terrain de cet embryon de "force africaine" n'a provoqué aucun commentaire enthousiaste au PC de Barkhane, dont le siège se trouve à N’djamena capitale du Tchad.
Un officier français concerné qualifie de "rafistolage… " l’association des contingents qui ont participé à cette opération. Et il insiste sur la faiblesse - pour ne pas dire plus - de leurs équipements, sur les défaillances de la logistique, la rusticité des moyens de communication et le manque de coordination entre militaires africains.
Conclusion : la perspective de confier un jour au "G5" la protection du Sahel ainsi que d'éventuelles interventions aux frontières de la Libye n'est pas pour demain. L'état-major français n'a d'ailleurs jamais accordé d'importance à ce beau rêve présidentiel.
A souligner : Durant la période des 9 jours qu'a duré l'opération, aucun groupe dJihadiste n'a sorti ses kalachnikovs.
Explication possible : les terroristes du coin ont intercepté une communication entre africains ou bénéficié du bon travail d'un informateur
A suivre…
Le 15 novembre 2017