En réponse aux propos tenus Mme Sylvie Baïpo-Temon ministre des affaires étrangères et des centrafricains de la République centrafricaine sur les ondes de la radio Ndékèluka le 8 juillet 2020, auxquels elle avait discrédité notamment Mme Honorine-Flore Lydie Magba, ambassadeur de la République centrafricaine auprès de la République de la Côte d’Ivoire sur la gestion financière des loyers de l'ambassade à Abidjan, celle-ci souhaite exercer son droit de réponse à Mme le ministre Baipo-Temon
Ci-dessous le droit de réponse de Mme l'ambassadeur Magba
- Centrafricaines,
- Centrafricains,
- Mes chers compatriotes,
Je suis Honorine Flore Lydie Magba, ambassadeur de Centrafrique en Côte d’Ivoire. Conseiller des Affaires étrangères, matricule N°259 84K.
Le 8 août 2019 le chef de l’Etat son excellence Faustin-Archange Touadera m’a fait confiance en me nommant ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République centrafricaine en République de Côte d’Ivoire par décret présidentiel N° 19.227. L’office de mon message va à l’endroit de son excellence Mme Sylvie Baipo-Temon, ministre des Affaires étrangères et des centrafricains de l’étranger qui a bien voulu gérer les affaires de l’Etat sur les ondes de Radio Ndeke Luka le 8 juillet 2020, me discréditant sur la gestion financière des loyers de l’ambassade de Centrafrique en Côte d’Ivoire.
J’ai été contactée, de suite par M. Gbelo Bienvenu, journaliste qui avait souhaité avoir ma version des faits. J’ai remercié l’interlocuteur de son appel et lui a demandé de se rapprocher de la présidence de la République pour avoir des réponses à ses questions. De ce fait, je prends ma plume en ce jour, pour éclairer l’opinion nationale et la diaspora centrafricaine.
Depuis trois semaines mon nom fait la une des réseaux sociaux. Mes principes et ma maturité intellectuelle ont laissé le temps aux compatriotes des 4 coins du monde de se manifester et de s’exprimer. Je fonctionne avec les critiques même si celles-ci sont virulentes : elles m’instruisent si elles sont suivies de propositions concrètes et honnêtes.
Pour les compatriotes qui ne me connaissent pas, Je suis assise sur le socle diplomatique de la RCA depuis deux décennies. J’avance doucement et sûrement en faisant mon petit chemin dans la discrétion. La Diplomatie est un métier noble qui mérite du respect de soi et de son prochain. Le droit de réserve est primordial et impératif. "Le sage se garde de toute présomption et de toute précipitation". Proverbe chinois.
Je suis arrivée à Bangui le vendredi 24 mai 2019 en provenance de Washington DC aux Etats-Unis où j’ai exercé comme chargé d’affaires pendant 4 ans. Le lundi 27 mai 2019 je me suis présentée au ministère des Affaires étrangères afin de présenter mes civilités au chef du département. J’ai demandé une audience en bonne et due forme, celle-ci a été introduite dans le cabinet du ministre à 10 h et le protocole est venu me faire savoir que Mme le Ministre est occupée et vous demande d’attendre 15 min et j’ai attendu de 10 h à 15 h 30 minutes. Je suis partie.
Connaissant l’administration, je suis revenue une 2e fois, Je n’ai pas été reçue.
Après ma nomination, je suis repartie au ministère des Affaires étrangères en vue d’une audience de courtoisie et rien à faire. J’ai compris simplement que c’était un refus. J’en avais pris acte. Je pense qu’en diplomatie la courtoisie vaut mieux que tout. Administrativement le ministre des Affaires étrangères est la dernière autorité à recevoir un ambassadeur en vue des dernières instructions avant que celui-ci ne prenne fonction.
Après le 3e refus d’audience, j’ai été obligée de repartir vers son excellence M. le président de la République afin de prendre les dernières instructions pour regagner mon poste. Je suis arrivé à Abidjan le 11 novembre 2019 à 3h du matin. J’ai organisé mon arrivée à Abidjan depuis Bangui avec mon carnet d’adresses. De ce fait, j’avais demandé au chauffeur de louer un véhicule pour mon accueil. Heureusement les dispositions ont été prises par une connaissance.
A 14 h20, j’ai appelé Mme le chargé d’affaires pour une séance de travail, elle me fait comprendre qu’elle est occupée au marché et reviendrait vers moi dès qu’elle aurait fini. Jusqu’au matin du 12 novembre aucun signe de vie de Mme le chargé d’affaires. Et c’est en arrivant à l’ambassade vers 9 h 30 que j’apprends que le chargé d’affaires est parti sur Bangui le lundi 11 novembre 2019 à 17 h.
Attitude déplorable d’un chef de mission. Il n’a pas eu passation de service. J’ai été obligée de signer personnellement mon certificat de prise de service. Et quelques heures plus tard, j’ai été invitée par l’ambassadeur directeur général du protocole d’Etat pour une séance de travail pendant laquelle il m’informe que je remettrai ma lettre de créance à son excellence M. Alassane Ouattara président de la République de Côte d’Ivoire le jeudi 14 novembre 2019 à 13h30.
Après cette cérémonie émouvante, il m’a fallu retrousser les manches. L’ambassade n’existait que de nom, Je ne pensais pas trouver un bâtiment aussi délabré avec un champ de manioc dans la cour arrière j’ai rapidement pris connaissance des problèmes qui gangrènent l’Institution. C’était une question de leadership :
- 1 Les arriérés de loyer depuis 22 ans.
- 2 Pas d’eau courante depuis 8 ans. Pas de sanitaires, je vous laisse imaginer la suite. Je me suis rapprochée de la SODECI, distributrice d’eau pour des négociations qui ont abouti à la réhabilitation de l’eau. J’ai payé toutes les factures avec preuves à l’appui. Lors de l’ouverture de la vanne, l’ambassade a été inondée du fait que la plomberie est endommagée par la rouille.
- 3 Arriérés des frais d’électricité. J’ai été voir la responsable afin de négocier un échéancier que je respecte.
- 4. Réhabilitation de la toiture. Pendant les saisons pluvieuses les locaux étaient inondés. Les preuves des travaux sont concrètes.
- 5 Les dossiers étaient saisis et imprimés dans les cybers etc. J’ai installé un WIFI pour nous faciliter le travail et protéger les dossiers officiels.
- 6 L’ambassade n’a pas de matériel roulant. J’ai vécu des moments de frustration en rasant les murs pour me rendre aux réunions ou réceptions. Je suis obligée de louer un véhicule en attendant que les Finances réagissent. La facture pro forma des véhicules ont été envoyées au Ministère des Finances depuis le 6 février 2020 et se trouvent dans le bureau du Chargé de Mission en matière des Dépenses.
- 7 Je n’ai pas de bureau. J’occupe un petit coin du bureau de la secrétaire. Certains compatriotes vivant en Côte d’Ivoire peuvent témoigner. Sur le communiqué du MFB : ministère des finances de Bangui ladite date expulsion de la chancellerie de l’ambassade de Centrafrique en Côte d’Ivoire.
En effet lorsqu’on se tient aux deux ordonnances de paiement Estampillés par le Trésor Public en date du 11 mars 2020, qui sont de 4 300 000 Fcfa et de 20 000 000 Fcfa soit un total de 24 300 000 Fcfa. J’ai payé successivement à la dame Creppy Laëtitia Ayoko
- le 29 avril 2020 la somme de 1 000 000 Fcfa,
- le 3 juin 2020 une remise de chèque de 1 500 000 Fcfa via la Banque Atlantique,
- le 24 juin 2020 toujours via cette même banque 1 100 000 Fcfa,
- un peu plus tôt en mai, j’avais versé à la même ayant droit la somme de 2 000 000 Fcfa.
Vu ce qui précède, je me vois dans l’obligation de rendre directement à l’Autorité Suprême. Toutes les preuves de paiement se trouvent à la présidence de la République. Si l’on fait le cumul de ce que j’ai versé cela équivaut à 7 mois de loyers puisque le loyer mensuel est de 748 000 Fcfa. Concluons que depuis ma prise de fonction je n’ai accusé aucun retard de loyer. Entre-temps les 4 300 000 Fcfa étaient destinés aux personnels de l’ambassade.
Alors en janvier 2020 par un soit transmis au MFB, le Dir-cab du président de la République S.E.M Obed Namsio avait transmis le rapport de la rencontre entre directeur des affaires juridiques du ministère des Affaires étrangères ivoirien avec l’ambassade de la RCA.
Ce rapport met en lumière l’état des arriérés accumulés par ses prédécesseurs et les ayants droit de Créppy propriétaire de l’immeuble. Le ST a été enregistré au MFB sous le numéro 0088/30/01/20. Donc le MFB ne peut se dédouaner. Effectivement l'ambassadeur par courrier N°30/AMB/RCA/RCI/20 avait informé de la mise en demeure n032/28/02/20 faisant obligation à notre ambassade de libérer les locaux dans un délai de 6 mois. Dernier délai 22 juin 2020.
La mise en demeure est restée en vigueur dans la mesure où elle n’a pas été amendée par l’avocate des ayant-droits. Ces derniers réclament la totalité des arriérés des 22 années de loyers impayés. Dans sa correspondance datant du mois de janvier le cabinet CEGEX a présenté l’état des arriérés suivants :
- Arriérés au 31 décembre 2019 : 115 372 000 Fcfa
- Intérêts de droit : 152.859.115 soit un global de 268 213 115 Fcfa.
L’analyse confirme que c’est plus les intérêts qui ont plombé ces loyers et contrairement au communiqué de presse du MFB ces arriérés ne concernent pas l’année 2020. Aujourd’hui nos ambassades sont fermées et on cherche des boucs émissaires pourtant aussi bien en France, Brazzaville, Côte d’Ivoire des immeubles de l’État ont été bradés par nos dirigeants qui n’avaient pas de vision diplomatique.
Brazzaville était l’héritage de Boganda, le patrimoine immobilier d’Abidjan était l’œuvre de l’empereur. S’ils n’avaient pas bradé nous n’en serions pas là aujourd’hui à pleurnicher. À qui la faute ?
Aucune passation de service n’avait pas eu lieu parce que la chargée d’Affaires a préféré quitter la Cote d’Ivoire quelques heures après mon arrivée à Abidjan et pourquoi ?
Enfin il urge qu’un audit soit diligenté de Bangui à Abidjan pour faire la lumière sur la gestion de cette ambassade depuis au moins 30 ans. Beaucoup de détournements seront dévoilés. Affaire à suivre …,
Le 17 juillet 2020