Simone Gbagbo, ancienne première Dame de Côte d'Ivoire et épouse de Laurent Gbagbo a été libérée mercredi 8 août 2018 après 7 années de détention.
Agée de 69 ans, Simone Gbagbo surnommée "la dame de fer" a bénéficié de l'amnistie prononcée par Alassane Ouattara président de la République pour favoriser une réconciliation.
Arrêtée en 2011 avec son époux Laurent Gbagbo, elle avait été condamnée en 2015 à 20 ans de prison pour atteinte à la sureté de l’Etat.
Simone Gbagbo a quitté l’école de gendarmerie d’Abidjan capitale de la Côte d'Ivoire où elle était détenue depuis 4 années aux environs de 12 h GMT pour regagner sa résidence du quartier de Cocody à Abidjan, où l’attendaient un millier de sympathisants en liesse.
A son arrivée un quart d'heure plus tard l'ancienne première Dame, vêtue d’une robe pagne violette et jaune, souriante malgré une fatigue visible, a été accueillie sous les vivats et au son des tambours, dans une rare cohue. Se penchant à l’extérieur de sa voiture, où se trouvait son fils Michel, elle a salué pendant une minute ses supporters, avant de s’engouffrer dans sa résidence.
Simone Gbagbo est réapparue 2 h 30 plus tard pour une cérémonie d’accueil dans le jardin de sa résidence, entourée de plusieurs responsables du FPI et d’autres dignitaires libérés comme elle grâce à l’amnistie, dont 2 anciens ministres du régime de Laurent Gbagbo, Moïse Lida Kouassi et Assoa Adou.
Simone Gbagbo a lancé "l'ancienne page est tournée -…-, militants, levez-vous pour une nouvelle page, on est partis sans arrêt, on est partis, on est partis!"sous un tonnerre d'applaudissements et d'ovations.
Abdoudramane Sangaré, chef du FPI pro-Gbagbo - le parti étant divisé en 2 factions- a souhaité que la libération de Mme Gbagbo "prépare l’arrivée de Laurent Gbagbo", dont les avocats ont à nouveau demandé la libération à la cour pénale internationale -CPI-, qui doit statuer en octobre. Simone Gbagbo@at
Pour mémoire l'ancien président de la République de Côte d'Ivoire de 2000 à 2010 est détenu et jugé à La Haye, accusé de crimes contre l’humanité commis pendant la crise post-électorale faisant 3 000 morts en 2010-2011. M Sangaré a précisé "Un pas a été franchi, un autre reste à faire, je sais que nous aurons raison de tous les obstacles".
Pour sa part Assoa Adou ancien ministre et ayant bénéficié de l'amnistie a espéré "une première victoire aux élections locales du 13 octobre 2018, avant une autre victoire à l’élection présidentielle de 2020."
L’amnistie annoncée lundi 6 août 2018 a été unanimement salué par la classe politique en Côte d’Ivoire, évoquant "un geste fort en faveur de la réconciliation nationale".
A souligner que 11 organisations de défense des droits de l’homme en Côte d'Ivoire et internationales ont dénoncé cette large amnistie, dénonçant "un geste de mépris vis-à-vis des victimes".
Simone Gbagbo est aussi mise en cause au sujet des exactions commises par des escadrons de la mort pendant la crise politico-militaire des années 2000 en Côte d’Ivoire, ainsi que dans la disparition en avril 2004 du journaliste Guy-André Kieffer, qui enquêtait sur des malversations dans la filière cacao. Simone Gbagbo est libre en Côte d'Ivoire et reste poursuivie par la CPI qui a délivré contre elle un mandat d’arrêt en février 2012.
Alassane Ouattara président de la République a affirmé en 2016 qu’il "n’enverrait plus d’ivoiriens" à la CPI, estimant que la Côte d'Ivoire avait une "justice opérationnelle."Après plus de 10 années de crise politico-militaire qui a déchiré la Côte d'Ivoire, considérée jusqu’à présent par les observateurs comme un point noir du bilan d’Alassane Ouattara et dont le régime est accusé par l’opposition d’avoir pratiqué une "justice des vainqueurs".
Le 8 août 2018