9 mai 1960: destitution de Pierre-Faustin Maléombho de la présidence de l'Assemblée centrafricaine

Le 1er décembre 1958, la République centrafricaine est proclamée, l’Assemblée territoriale devient constituante et législative, Barthélemy Boganda accède au poste de président du gouvernement. Le 6 décembre, son cabinet est formé : Abel Goumba est aux finances, David Dacko à l’intérieur, à l’économie et au commerce.

Après la mort de Barthélemy Boganda le 29 mars 1959, Abel Goumba, qui représente l'aile nationaliste et panafricaniste du MESAN -mouvement d'évolution sociale de l'Afrique noire- assure l'intérim de la présidence. Cependant, il est farouchement combattu par l'administration coloniale et sera écarté de la présidence au profit du ministre de l'Intérieur David Dacko, considéré comme quelqu’un de plus "fiable" sur le plan politique. A la manœuvre, le président de la chambre de commerce, le haut-commissaire français, la veuve de Boganda sous la supervision en coulisses de Jacques Foccart, secrétaire général de l’Élysée aux affaires africaines et malgaches. Goumba acceptera malgré son éviction d'entrer au gouvernement Dacko, en qualité de ministre des finances et du plan.

Lorsqu’il entre en avril 1959 à l’Assemblée législative, Pierre-Faustin Maléombho 1er Vice-Président du MESAN, trésorier général et président de la section tchadienne du MESAN à Fort Lamy -Ndjamena-. Le président du MESAN est alors Etienne Ngounio. Maléombho est élu président de l’Assemblée législative de République centrafricaine en avril 1959. Mais, il va prendre parti dans les dissensions qui éclatent au sein du MESAN pour désigner le successeur de Boganda à la tête du gouvernement. Lors des élections législatives du 5 avril 1959, à la suite du décès de Boganda, le MESAN seul à concourir remporte tous les sièges.

Le 18 avril 1959, David Dacko est propulsé à la présidence de la République prêtant serment le 1er mai pour un mandat de 5 ans. Juste après son investiture le 30 avril 1959, Dacko cherchera à se débarrasser de Maléombho, toujours ministre des travaux publics, des transports et des mines du gouvernement et proche de Abel Goumba.

En juillet 1959, Goumba est déclaré démissionnaire du gouvernement par Dacko, entraînant une scission profonde au sein des députés.

Le 3 octobre 1959, Ngounio, Goumba et d’autres députés déposent une motion de censure contre le gouvernement de Dacko en proposant Maléombho pour le remplacer comme président. Après des négociations internes au sein du parti, la motion ne fut pas votée, l’Assemblée étant cernée par des soutiens de David Dacko.

Le 9 mai 1960, alors que le président du MESAN Etienne Ngounio propose la reconduction de l’ancien bureau de l’Assemblée, il se heurte à Dacko qui entre temps est entré au comité directeur du MESAN en qualité de deuxième vice-président et de député.

Bien que chef de l’exécutif, Dacko se positionne alors contre la reconduction de Maléombho et soutient la candidature de Michel Adama Tamboux à la tête de l’Assemblée législative de la RCA, marquant de fait une ingérence du chef de l’exécutif dans les affaires du législatif. Michel Adama Tamboux sera ainsi élu président de l’Assemblée alors que 40% des députés refusent de siéger par protestation.

En juin 1960, Maléombho fonde avec Abel Goumba le mouvement pour l'évolution démocratique de l'Afrique centrale -MEDAC- et en devient vice-président.

C’est dans ce contexte très particulier de division entre les fils du pays que la RCA proclame son indépendance le 13 août 1960 alors que Goumba proteste à l'Assemblée contre les conditions dans lesquelles est octroyée cette indépendance...

Thierry Sembi

Le 18 octobre 2018

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