L’ONU, 75 ans après sa création l’organisation peine à convaincre.
Ariistide-Briand Reboas@arch2019/sni
Promouvoir et maintenir la paix et la sécurité dans le monde, développer les relations amicales entre les nations, réaliser la coopération internationale, encourager le respect des droits de l’homme, être un centre où s’harmonisent les efforts des nations,soumettre tous les états membres aux exigences d’un accord cadre matérialisé sous la forme d’une charte signée à San Francisco, avec une assemblée générale qui ne cesse de croître du fait de l’augmentation de ses membres et un conseil desécurité bicaméral - membres permanents et non permanents - organe pivot de l’organisation qui n’a jusqu’alors que connu une seule mutation passant de 11 à 15 membres. Voici l’ONU du haut de ses 75 années d’existence.
Seulement soixante quinze ans après, quel bilan pourrait on faire de cette organisation mondiale venue parfaire les insuffisances de la défunte SDN ? Les réalisations accomplies jusqu’ici pourraient elles faire l’unanimité sur le respect des missions assignées ou des objectifs établis trois quart de siècle plus tôt ? Les voix qui s’élèvent même au sein des Etats fondateurs ne laissent pas penser que le chemin parcouru est toujours resté dans le canevas du sillon tracé le 24 octobre 1945 par Roosevelt et ses pairs de l’heure.
Si elle avait été un humain l’ONU serait aujourd’hui du 3e âge, période de lavie où on atteint la maturité. Pourtant les ratés enregistrés les missions non abouties, les résolutions non adaptées ici et là dans certaines parties du globe laissent à plus d’un, un goût mi-figue mi-raisin sur l’importance de l’existence et de l’action de cette organisation, produisant chez certains un sentiment de déception, chez d’autres celui de banni, ce qui suscite un ras le bol parfois exprimé par une volonté de quitter la scène onusienne. Car pour beaucoup L’ONU n’est qu’un autre instrument d’impérialisme non avoué.
Nul ne saurait ignorer ou encore nier les incapacités de l’ONU à atteindre ses objectifs tant dans la résolution des crises de divers ordres que dans son organisation qui tous deux paraissent discriminatoires.
Plus d’une fois des états membres ont dérogé aux règles fondamentales de la charte de San francisco sans qu’une sanction même verbale ne soit prononcée à leur encontre. Tandis qu’on faisait reposer les insuffisances de la SDN sur le fait que les grandes puissances de l’heure telles les USA l’URSS l’Allemagne le Japon et autre n’en étaient pas membres, aujourd’hui le travers se trouve plutôt sur la toute puissance ces états membres du fait de leur droit inaliénable de véto. Cette prérogative suprême a fait du conseil de sécurité un organe bicaméral pivot de l’organisation toute entière.
Alors que l’intervention de l’ONU avait été interdite dans la guerre d’Algérie par la France et son droit de véto estimant que c’était un conflit internealgéro-algérien la MINUSCA pourtant depuis plusieurs années aujourd’hui est établie en RCA sans que le conflit ne cesse, que la paix ne revienne et que la RCA ne retrouve sa souveraineté.
Alors que la libye était en proie à des mouvements de revendications populaires une résolution avait été soutenue et votée pour une intervention militaire étrangère qui avait conduit à la mort d’un dirigeant d’un état souverain et indépendant.
Sous le prétexte de la détention d’arme de destruction massive peut être plus puissante que la bombe atomique l’Irak de Saddam Hussein n’a plus connu la paix. Car sur décision unilatérale d’un seul état pourtant membre de l’ONU une attaque militaire ayant conduit à la mort d’un dirigeant d’un état souverain avait été menée.
Alors que pour le respect de la souveraineté des états, l’ONU stipule clairement que les interventions étrangères sont interdites dans les conflits internes, la présence prolongée de la MINUSCA ne pourrait-elle pas être traduite comme la preuve d’une attaque extérieure dont ferait l’objet un état membre en l’occurrence la RCA ? Et si tel serait le cas ce qui justifierait à suffisance la présence des forces onusiennes en terre centrafricaine, d’où vient-il que l’Etat souverain et indépendant de RCA soit sous embargo militaire privant ainsi le gouvernement d’un de ses devoirs régaliens à savoir la défense de sa population ? Pendant que l’état légitime et souverain est infantilisé les rebelles ou pour mieux dire les forces insurrectionnelles disposent d’armes de guerre dernier cri. Qui approvisionne les troupes militaires du noir ? Pendant que les contrées périphériques de Ndélé, Bambari, Aba ? et autres croupissent sous le dictat des envahisseurs lourdement armés les chars onusiens devraient ils être stationnés à Bangui ?
Voici les questions qui taraudent l’esprit du centrafricain Lambda et oriente son sentiment vis-à-vis de l’ONU. Au-delà des discours savants et politiciens il voudrait voir son intérêt dans l’adhésion de son pays à cette organisation qui pour lui ne profite qu’aux autres et notamment, les groupes armés, les pilleurs etc.
Soixante ans après leur adhésion pour certains et même plus pour d’autres notamment l’Egypte le Soudan et les autres, l’Afrique compte aujourd’hui cinquante trois membres sur les cent quatre vingt onze que comportent l’ONU ; soit un taux de représentation de 27%. Pourtant aucun pays africain n’est membre du conseil de sécurité, cet organe qui propose les candidats au secrétariat général et à la cour pénale, qui approuve ou annule les résolutions orientant ainsi l’action mondiale au gré des intérêts particuliers et partisans des états dits membres permanents.
Ce constat amer des faits réels des actions et de l’organisation de cet organisme qui se voulait impartial suscite un questionnement sur l’intérêt de son existence dans l’état actuel de son fonctionnement et pose le problème de la nécessité des comptes au-delà des anniversaires pompeux et des discours élogieux sur l’ONU comme étant une pensée universelle sur le bien être de l’espèce humaine aux quatre coins du globe terrestre. Car si l’ONU a des beaux bâtiments et de belles idées on ne peut aux quatre coins de la terre affirmer qu’elle a toujours eu de belles actions.
Aristide Briand Reboas, citoyen Centrafricain,
Ecrivain , diplomate, ancien conseiller aux droits de l’homme auprès l’Union africaine
Futur candidat du Parti Chrétien démocrate aux prochaines élections présidentielles du 27 décembre 2020.
Le 3 octobre 2020