"Pour prévenir tout débordement, le commandant en chef des forces de la MINUSCA, le général camerounais aujourd’hui décédé, Tchumeta, avait déployé des véhicules blindés pour sécuriser le trajet de l’aéroport à l’hôtel Ledger.
Il y eut une scène burlesque, qui me renseigna définitivement sur la légèreté de Jean-Jacques Demafouth. Alors que nous nous dirigions vers nos véhicules respectifs, sous la supervision directe de Tchumeta, Demafouth décida subitement de se diriger vers cette foule agrippée aux grilles du parking. Le voilà en train de faire des signes de victoire, criant : "On a gagné, on a gagné".
La foule se mit à le conspuer sans ménagement. Pour couronner le tout, le général Tchumeta le rabroua sévèrement, lui enjoignant de prendre place sans délai dans sa voiture. Ce qu’il fit, totalement confus et désorienté. Je le regardais assis dans sa voiture, me disant qu’il fallait manquer du minimum d’amour-propre pour agir de la sorte.
C’est le même Demafouth qui avait osé affirmer à N’Djamena, devant le président Déby, que bien qu’étant son conseiller, cela faisait des mois qu’il n’avait pas vu Michel Djotodia, parce que son entourage l’avait totalement isolé. Le président Déby l’avait rabroué. À raison. Il devait connaître le personnage, depuis le temps.
Le jour de notre départ pour N’Djamena, Demafouth avait pris le petit déjeuner avec le président Djotodia ! Il venait d’essayer, sans succès, de faire croire à cette foule qu’ils avaient gagné contre le président dont il avait été le conseiller, il n’y avait même pas quarante-huit heures."
Extrait du livre "la nation centrafricaine et les récifs" de Crépin Mboli-Goumba