Les opérations préparatoires d’un scrutin présidentiel ou législatif de grande envergure représentent un exercice technique, complexe et très périlleux car elles engagent la vie et l’avenir d’une nation toute entière. La minutie et la transparence sont les deux principales caractéristiques pour économiser tout soupçon de fraude ou de favoritisme qui peuvent ébranler un pays à travers une crise post-électorale avec des conséquences incommensurables.
C’est dans ce contexte bien maîtrisé par l’Autorité Nationale des Élections - A.N.E - que se profilent les élections groupées du 27 décembre 2020 avec corollaire l’insécurité galopante entretenue par des mercenaires étrangers à la solde du pouvoir. À 6 mois de cette échéance fatidique, les non-initiés voire les non imprégnés du droit électoral commencent à douter de la sincérité de l’A.N.E à organiser les élections dans le délai constitutionnel.
Même le dernier avis défavorable de la Cour constitutionnelle sur l’initiative de certains députés de modifier certaines dispositions constitutionnelles laissait apparaître en filigrane cette évidence. La présidente de l’A.N.E venait de faire une sortie médiatique hasardeuse synonyme de lancement des opérations d’enrôlement c’est à dire de l’inscription des électeurs sur la liste électorale.
Cet exercice consiste à recenser les électeurs en âge de voter en vue de leurs inscriptions, renouveler et actualiser le fichier électoral tout en épongeant le contentieux du fichier électoral.
Cette phase permet d’établir l’équilibre démographique et territorial des circonscriptions, de remodeler les circonscriptions ainsi que les bureaux de vote. Depuis la conférence de presse de la présidente de l’A.N.E, cette étape-là plus importante du processus électoral évolue de report en report paradoxalement à la volonté ferme de l’A.N.E d’organiser les élections dans le strict respect du chronogramme électoral initialement établi. Face aux difficultés pratiques nées de l’impréparation, le citoyen lambda s’interroge :
- Face au retard évident, l’A.N.E va-t-elle encore proposer un nouveau chronogramme électoral ?
- La présidente de l’A.N.E n’avait-elle pas tous les leviers du processus avant de faire sa conférence de presse ?
- N’était-il pas mieux que l’A.N.E avise du report des élections maintenant ?
- Ces multiples reports, facteurs de découragement, démobilisation et d’inquiétudes représentent-elles une porte ouverte à la fraude électorale ?
- L’ANE craint-elle que l’annonce du report des élections provoque de crise institutionnelle dans le pays ?
- Le processus d’enrôlement des électeurs qui accuse mécaniquement de retard présage-t-il d’une élection apaisée, libre et transparente ?
- Ces signaux ne prédisposent-ils pas à une crise post-électorale aiguë ?
- A quoi ont servi les leçons du passé puisque la même A.N.E auteur des élections de 2016 n’a pas été remaniée ?
Visiblement, on remarque que l’A.N.E est en train de donner tacitement raison aux détracteurs du pouvoir qui pariaient sur le respect du calendrier électoral. L’annonce officielle de son incapacité à organiser les élections dans le délai sonnera le coup d’envoi de la concertation pouvoir/forces vives de la nation. Bernard Selemby-Doudou@bsd
En attendant les conclusions de cette concertation, nous espérons que le projet de loi organique sur A.N.E qui est actuellement en discussion devant les parlementaires convoqués en session extraordinaire apportera des solutions à la hauteur des attentes sur le mandat de l’A.N.E qui expirera 3 jours avant la tenue du premier tour du scrutin. Mis délibérément à l’écart du processus électoral et considéré comme un spectateur, l’opposition démocratique observe le tâtonnement en attendant peut-être leur transition politique tant sollicitée avec véhémence.
Pour finir, sachant que le facteur temps fait défaut et compte tenu de l’impraticabilité des routes pendant les saisons pluvieuses, nous exhortons la plateforme des confessions religieuses de s’intéresser à la problématique du glissement du calendrier électoral en vue d’arbitrer la concertation qui s’annonce houleuse.
Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Bernard Selemby-Doudou - Juriste, Administrateur des élections
Le 26 juin 2020