L’Indécrottable premier ministre de la première moitié du quinquennat de l’élu de la nation a fini par démissionner au profit d’un jeune cadre de la fonction publique, l’ex directeur du cabinet présidentiel pour donner un souffle nouveau à la politique gouvernementale. Les observateurs avertis des coulisses de la politique centrafricaine s’interrogent s’il s’agit d’un revirement exponentiel de la politique du président de la république ou d’un prolongement du gouvernement Sarandji 3. Ce qui est sûr, en changeant de premier ministre sous la contrainte des engagements de Khartoum, le président de la république mise sur de multiples enjeux qui se métamorphosent en défis pour le nouveau locataire de la tour Petroca.
Le principal défi tant attendu réside dans l’acceptation par les différents acteurs de la formation du gouvernement inclusif imposé par l’article 21 de l’accord de Khartoum. En effet, l’article 21 très médiatisé de l’accord de Khartoum dispose :
- "le président de la République, chef de l’état s’engage à mettre en place immédiatement après la signature du présent accord un gouvernement inclusif". Bernard Selemby-Doudou@bsd
L’esprit de cet article laisse la latitude au président de la République de constituer un gouvernement de large ouverture sans exigence de taille, de quota ni d’appartenance politique. L’application de l’accord de paix de Khartoum, principale mission du nouveau premier ministre est le corollaire du volet justice et réparation, l’assainissement des finances publiques et la relance de l’économie, rassurer la communauté internationale en mettant en place un mécanisme équilibré de suivi de l’accord, la sécurité, le désarmement, la réconciliation et la cohésion nationale, la restauration de l’autorité de l’état sur l’ensemble du territoire national et enfin l’organisation équitable et transparente des prochaines échéances électorales.
Ce vaste chantier avec plusieurs architectes, ce programme du gouvernement avec des priorités à définir sera défendu par le nouveau premier ministre devant les parlementaires pour obtenir la motion de confiance synonyme d’autorisation.
A ce sujet, il est important de rappeler que par projection orthogonale, on reconnaît la qualité d’un bon gouvernement par les compétences de ses membres. Ainsi le prochain gouvernement ne ressemblera pas à un club d’amis, d’appartenance politique, ethnique ou régionale ni de "promotion canapé".
Il sera également banni le recyclage des ministres éjectés du gouvernement qui vont très certainement constituer un gouvernement bis en se muant conseillers à la présidence de la république.
Convaincu de la délicatesse et de la complexité des défis à relever, le citoyen lambda s’interroge :
- Peut-on croire à ce nouveau premier ministre qui est l’incarnation d’un fin modérateur lors des négociations de paix de Khartoum ?
- La mission combien délicate du nouveau premier ministre relève-t-elle d’une obligation de moyen ou d’une obligation de résultat ?
- L’accord de Khartoum est-il devenu le livre de chevet privilégié du nouveau gouvernement au détriment des promesses de campagne du président de la république ?
- L’accord de de de Khartoum a-t-il déjà été autorisé par le parlement conformément à l’article 91 de la constitution pour connaître un début d’exécution ?
- Si tel est le cas, quelle est la place du dit accord dans la hiérarchie des normes juridiques centrafricaines ?
- Si la constitution est reconnue supérieure aux traités et accords, le gouvernement inclusif comprenant les chefs de guerre ne sera-t-elle pas en violation de l’alinéa 3 de l’article 28 de la constitution ?
Il est important de remarquer malheureusement que ce nouveau premier ministre ne bénéficiera pas comme son prédécesseur de périodes de grâce ni d’excuses car le peuple et le monde l’observe surtout pour la mise en application de l’accord de Khartoum qu’il a mené de bout en bout. Ce qui suppose une bonne maîtrise des enjeux et de l’esprit directeur. Par ailleurs, nous tenons à rappeler que la mission confiée au nouveau chef du gouvernement est un processus parsemé d’embûches qui engage tous les signataires. Le chef du gouvernement, acteur principal et coordonnateur des différentes actions n’est que le maestro qui tente par tous les moyens d’aplanir les divergences.
Pour finir, nous attirons l’attention des groupes armés sur le fait qu’ils doivent cesser de brandir des chantages, menaces pour dénoncer l’accord. Ils se sont engagés à régler les contentieux par le dialogue et non par les armes donnons une chance à la paix, à défaut le peuple souverain prendra ses responsabilités.
Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Paris le 1 mars 2019
Bernard Selemby-Doudou
Juriste, Administrateur des élections.