Depuis la conférence de la Baule dans les années 90, la notion de démocratie pluraliste a pris une dimension incommensurable et la "France-Afrique" y conditionne tout soutien au développement en provenance du nord.
Le pluralisme politique opposé au totalitarisme est ainsi un système d’organisation politique qui admet la diversité des partis politiques avec des opinions et courants divers et variés. Bernard Selemby-Doudou@bsd
Le pluralisme politique suppose la liberté d’opinion dans le strict respect de la notion d’égalité devant la loi. Cette égalité sous-entend que tous les partis et mouvements politiques doivent concourir à armes égales c’est à dire qu’aucune entité politique n’a de privilèges particuliers même s’il s’agit du parti au pouvoir.
A contrario, il est notoire que dans les faits le mouvement des "cœurs unis" qui soutient les actions du président de la république se comporte avec extravagance comme un parti État -puisque tous les ténors du gouvernement dans l’ordre protocolaire sont tous membres de ce mouvement- et encourage la servilité des autres partis surtout les plus petits.
Ainsi tous les ingrédients d’un régime totalitaire se retrouvent réunis c’est à dire un parti politique avec une seule idéologie dirigé d’une main de fer par un seul homme, une police politique qui sème la terreur et la désolation, un monopole des moyens de communication de masse, la monopolisation de l’armée et enfin une économie centralisée et gaspillée à des fins électoralistes.
Au-delà de la haute trahison non réprimée du président de la République qui, sans l’accord du peuple cogère le pouvoir avec les bourreaux du peuple en violation des dispositions de l’article 28 de la constitution, le parti État se permet de les intégrer dans ses rangs moyennant de sommes colossales décaissées du maigre compte du contribuable.
Nous par ailleurs estimons qu’avec ces horribles et honteuses images qui n’honorent que leurs auteurs, la coupe est finalement pleine et que le pouvoir doit maintenant boire. Ce dernier dérapage né d’un amateurisme chronique repose solennellement la problématique du financement des partis et mouvements politiques en Centrafrique.
Au risque de nous tromper, le mouvement "cœurs unis" est le dernier né des partis et mouvements politiques. Ce qui suppose au regard de leur réalisation sur le terrain que ce mouvement est à la conquête ardente des adhérents mais il compte déjà des centaines de millions sur son compte.
Il est ainsi important dans cette suite logique de rappeler que les partis ou mouvements politiques financent leurs activités sur la base des cotisations des adhérents, la cotisation des élus ainsi que des dons tandis que les sommes dépensées par ce mouvement laissent le citoyen lambda perplexe, dubitatif et interrogatif :
- Quelles sont les principales sources de financement du mouvement "cœurs unis" ?
- Où est-ce que le mouvement "cœurs unis" trouve leur financement dès lors que les adhérents ne paient pas de cotisations ?
- A moins d’un an d’existence les dépenses colossales ne proviennent-elles pas du trésor public ?
- Est-il exclu dans cette République bananière de mettre en place une enquête parlementaire indépendante pour clarifier les sources de financement de ce jeune mouvement politique ?
- Pourquoi ce mutisme complice des partis ou mouvements politiques d’opposition pour dénoncer cette dérive totalitaire ?
- Le mouvement "cœurs unis" est-il déjà en campagne au mépris des lois électorales ?
- Quelles sont les moyens logistiques utilisés par ce mouvement pour l’implantation des antennes dans l’arrière-pays si ce n’est les moyens de l’Etat ?
- Comment expliquer ces débarquements de certains partis de la majorité présidentielle et les démissions du bureau politique du mouvement ?
- S’agit-il d’une fracture morale, d’une fissure dans la forteresse du mouvement "cœurs unis" ?
- Ces débarquements et démissions sont-ils des symptômes ou présagent-ils de la grande désillusion aux prochaines échéances électorales ?
A l’instar des autres pays africains, les partis au pouvoir ont bizarrement beaucoup d’argents et beaucoup d’adhérents. Généralement, c’est les cotisations des adhérents qui font vivre les partis politiques mais chez eux c’est l’inverse c’est à dire que c’est les partis qui versent les cotisations aux adhérents…ceci explique cela.
Lorsque le navire présidentiel commencera à tanguer et à chavirer à l’image du "Titanic", les transhumants politiques débarqueront pour échouer sur les rives du nouveau régime. Le peuple centrafricain étant tellement docile et facilement domptable qu’au lieu de remédier à l’urgente crise sécuritaire, à la crise de l’eau potable et de l’électricité, le pouvoir se permet de dépenser des sommes vertigineuses rien que pour des adhésions. Fort de ce qui précède, nous invitons humblement les parlementaires, les partis politiques ainsi que toutes les forces vives de la nation d’initier des débats citoyens sur la problématique de financement des partis politiques en vue de démocratiser la compétition électorale.
Une éventuelle révision de constitution et plus précisément le volet concernant les partis politiques et leur fonctionnement n’est pas à écarter.
Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Paris le 10 mai 2019
Bernard Selemby-Doudou
Juriste, Administrateur des élections