Il est ensuite sortit et sera diplômé de l’école supérieure Edouard Renard et de l’école des cadres de Brazzaville. Il sera ensuite instituteur à l’école supérieure de Libreville de mai 1944 à avril 1946. Il sera ensuite stagiaire à l’école des cadres supérieure de Brazzaville d’avril 1946 à septembre 1947.
Il fut ensuite successivement en poste en République centrafricaine comme directeur d’école à Mbaïki d’octobre 1947 à juillet 1948, chargé d’enseignement général à l’école technique d’agriculture de Grimari d’octobre 1948 à mai 1950, directeur d’école puis chef du secteur scolaire de la Haute-Kotto de mai 1950 à septembre 1959. @
En décembre 1959, le gouvernement centrafricain désigne Maurice Dejean pour faire partie des services diplomatique de la communauté. Après avoir effectué un stage de janvier à avril 1950 au Quai d’Orsay, il est affecté à Khartoum et deviendra 1er secrétaire à l'ambassade de France. Maurice Dejean est en ce temps-là membre de la section oubanguienne du Rassemblement démocratique africain -RDA-, une fédération de partis politiques africains, aux côtés de MM. Darlan et Bassamoungou. Le RDA -qui sera interdit quelques de même que le MEDAC ou atres partis d’opposition quelques mois plus tard- est alors une puissante alternative au MESAN et bien implanté dans l’Est -Mbomou, Haute-Kotto- et le nord -Ouham-Pendé-
Maurice Dejean est nommé par décret n°60/152 du 17 août 1960 portant composition du gouvernement, ministre des affaires étrangères de République centrafricaine. Dans ces années, chaque ministre avait en charge une zone d'action dont il était responsable avec l’assistance de députés de la nation. Maurice Dejean avait en charge la Basse-Kotto, avec une résidence à Mobaye et était assisté des députés M. Gonendji, M. Doumazou et M. Bodo. @
En sa qualité de ministre des affaires étrangères, il participé à la Conférence de Tananarive - capitale du Madagascar, aujourd’hui Antananarivo- du 6 au 12 septembre 1961 qui a abouti à la création de l'Union africaine et Malgache. L’UAM est une organisation intergouvernementale regroupant des États africains principalement francophones et ayant pour but la coopération économique, culturelle et sociale entre ses membres. À l'origine, 12 pays forment l'UAM : la Côte d'Ivoire, le Niger, la Haute-Volta, le Dahomey, le Sénégal, la République centrafricaine, la Mauritanie, le Tchad, le Cameroun, le Congo-Brazzaville, le Gabon, et le Madagascar. Cette union met en évidence les divisions entre l'Afrique noire francophone, l'Afrique noire anglophone, l'Afrique lusophone ou le bloc arabe, chacun proposant son modèle d'union et d'intégration. Maurice Dejean était pour l’occasion accompagné de M. Bandio, ministre de l’intérieur pour ce déplacement. @
Maurice Dejean qui a par ailleurs établi des liens en la RCA et l’Union soviétique déclare en septembre 1961 que "la Chine communiste est plus dangereuse à l’extérieur qu’au sein de l’organisation." Il est reste partisan de l’admission de la chine communiste à l’ONU et refuse d’ailleurs de rencontrer l’ambassadeur de la République de Chine en France -en exil sur l’île de Formose, ancien nom de Taïwan, alors en lutte contre la Chine communiste- qui fait un court séjour en RCA. Finalement, le président Dacko désavouera Maurice Dejean sur cette question en conseil des ministres début avril 1962 donnant son accord à l’installation d’une République de Chine.
Maurice Dejean ne participe pas à la conférence des chefs d’Etat à l’Union douanière équatoriale prévue à Libreville le 25 avril 1962. Il reçoit avec le président Dacko M. Mennem Williams, secrétaire adjoint américain aux affaires africaines qui visite Bangui du 24 au 26 avril. Le président Dacko tenait à recevoir cette personnalité en insistant sur le fait que l’aide américaine avait été négligeable jusqu’ici et qu’il attendait plus de soutien dans le futur des États-Unis à la République centrafricaine.
En décembre 1962, il se rend à la 17e session de l’ONU à New-York, avec une délégation composée de M. Awoyamo, vice-président de l’Assemblée, M. Sato, député et M. Aguide, secrétaire général du conseil des Ministres. Il prend la parole au nom de ses collègues pour lancer un appel à tous les membres des Nations Unies en vue de contribuer de façon équitable au coût des opérations menées au Congo soutenant le "plan Thant pour le Congo", qui vise, selon les termes mêmes du secrétaire général a.i. de l’O.N.U., à "assurer par des moyens autres que militaires, l’unité du Congo, en mettant fin, par des arrangements constitutionnels concertés, à la tentative de sécession du Katanga. Il déclare que son pays attache une importance particulière "au droit à l’autodétermination, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes qu’ils soient grands ou petits, riches ou pauvres". Il formule aussi à cette occasion l’espoir d’un arrêt immédiat des essais nucléaires et d’un accord sur le désarmement complet et contrôlé.
M. Dejean intervient également dans la question angolaise et convie à cette fin, un des représentants du mouvement nationaliste Edouard Makumbi à Bangui en octobre 1962. En ce temps, le Front national de libération de l'Angola -FNLA- forme un gouvernement angolais en exil à Léopoldville -Kinshasa- et l'ONU condamne les massacres portugais et reconnaît le droit du peuple angolais à l'indépendance.
En décembre 1962, l’accord conclu à Libreville relatif à la création d’une union africaine et malgache des banques pour le développement est définitivement ratifiée par l’assemblée nationale. M. Dejean souligne alors devant les députés les avantages que cette organisation confère à la RCA une égalité au sein de l’Union malgré la modicité de ses ressources. Il défend aussi devant l’Assemblée la ratification d’un accord de coopération technique entre Israël et la RCA.
Le 2 janvier 1963, Maurice Dejean est remplacé par M. Makpayen. Il est alors affecté au poste d'ambassadeur de RCA en Israël jusqu'au septembre 1965 où il est nommé ambassadeur de RCA en Grèce et au Liban depuis Athènes.
Dans la panique du putsch de la Saint Sylvestre, Maurice Dejean est accidentellement touché par une balle perdue tirée par un soldat centrafricain du nom de Augier alors qu’il passait la soirée à Bangui chez le procureur général M. Willickond. Son épouse a dû le tirer pour atteindre la grande rue là où tomba sur des militaires français qui l’ont déposé à l’hôpital général mais il décèdera tout de même quelques heures plus tard des suites de ses blessures le 1er janvier 1966 dans l'après-midi. Ce grand commis de l'Etat qui était un travailleur acharné et un bon vivant qui laissera derrière lui 8 enfants.
Par Thierry Simbi
Le 28 novembre 2017