Raphaël Nzabakomada-Yakoma est un historien centrafricain né en 1944 à Baboua. Raphael Nzabakomada-Yakoma@st
Il fait ses études supérieures aux Universités Paris X et Paris VII sera militant et vice-président de l’Union nationale des étudiants centrafricains -UNECA-. Il obtient son doctorat de 3e cycle en Histoire à l’Université Paris VII en 1975 avec sa thèse sur la guerre du Kongo-Wara sous la direction de Catherine Cocquery-Vidrovitch, ce qui en fera alors le premier docteur en Histoire de la République centrafricaine.
La guerre du Kongo-Wara fut une révolte anticoloniale, rurale, qui surgit dans les anciens territoires coloniaux de l'Afrique-équatoriale française et du Cameroun français à l’Ouest de l’actuelle République centrafricaine entre 1928 et 1932. Cette révolte fut provoquée par le recrutement intempestif et l’exploitation abondante de la population locale, afin de construire des lignes de chemin de fer et d’extraire du latex. Cette révolte fut notamment menée par Barka Ngainoumbsei, dit Karnou -ou Karinou, littéralement "celui qui peut changer le monde" -, un guide religieux, féticheur et médecin traditionnel Gbaya, originaire de la région du bassin du fleuve Sangha. Karnou utilisait la médecine traditionnelle locale, symbolisée par un petit bâton crochu qui ressemblait à un manche de houe miniature -Kongo Wara- et fut distribué par Karnou à ses disciples. Un mouvement émergea autour de Karnou, qui incita à ne plus travailler pour des Blancs. Il instaura ensuite la cérémonie du Kongo-Wara qui devait apprendre aux guerriers à devenir invincibles. Il s’opposa également à la colonisation, d’abord en prônant la résistance passive et la désobéissance civile, puis en provoquant un boycott des marchandises européennes. Ce mouvement, qui partit de Nahing, le village natal de Karnou compta plus de 350 000 membres, dont environ 60 000 guerriers.
En 1972, Nzabakomada-Yakoma devient maître-assistant à la faculté des Lettres et sciences humaines de Bangui. De 1976 à 1979, il est doyen de la Faculté des Lettres et sciences humaines de l’Université de Bangui.
Nzabakomada-Yakoma rejoindra le MESAN et sera nommé membre de son comité politique par Bokassa, dans le cercle restreint des proches collaborateurs de l’Empereur. Il sera également secrétaire général de l'union nationale de la jeunesse centrafricaine -UNECA-.
Très proche de la jeunesse, il n’adhère pas avec les orientations répressives du régime lors des événements de janvier et avril 1979. Le 9 avril 1979, lors de la rentrée des classes après les congés de Pâques, des arrestations arbitraires sont opérées, notamment celle d’Alphonse Blagué, directeur de l’école normale, de Nicolas Gotoas Nouzon, proviseur du Lycée Boganda et de certains élèves. En signe de protestation, les étudiants refusent de rentrer dans les salles de cours et se mettent en grève générale. Des réunions en assemblée générale ont lieu à l’Université auxquelles participent des élèves des différents établissements secondaires. Les membres de l'association nationale des étudiants centrafricains -ANECA- se dirigent vers le ministère de l’éducation nationale pour revendiquer la libération des élèves et professeurs arrêtés mais aucun compromis n’est trouvé, le ministre de l’éducation affirmant qu’il n’est pas question de libérer qui que ce soit.
Les 12-13-14 avril 1979, l’armée investit le campus universitaire, embarquant une soixantaine de personnes. Des réunions ont lieu à l’école Koudoukou au km 5 au siège du MESAN qui propose un dialogue qui tourne court, car Raphaël Nzabakomada-Yakoma est arrêté. Un décret interdisant toute réunion est pris. Dans la foulée de son arrestation Nzabakomada-Yakoma est destitué de son poste de doyen de la Faculté des Lettres et sciences humaines de l’Université de Bangui par Bokassa et détenu. Il parviendra à s’échapper avec l’aide de proches pour sortir par Zongo pour une période d’exil jusqu’à la chute du régime.
De retour au pays, Nzabakomada-Yakoma sera plus tard nommé en 1982 chef du département d'Histoire à l’Université de Bangui où il exerça les fonctions de Maître de conférences jusqu'à sa mort, le 27 novembre 1985. Il est enterré au village de Bimon sur la route de Mbaïki. @st
La thèse de Raphaël Nzabakomada-Yakoma "La guerre du Kongo-Wara 1928-1931 l'Afrique centrale insurgée" fut publiée aux éditions l’Harmatan à titre posthume en 1986.