Depuis l’accession du président de la République à la magistrature suprême de l’Etat et le retour à l’ordre constitutionnel, la priorité de la population meurtrie a toujours été la sécurité, la paix. Bernard Selemby-Doudou@bsd
La paix par définition est un concept vague, ambigu, simple et à la fois complexe. Elle se définit ainsi comme une absence de guerre, de conflit et de violence.
La compréhension de cette notion suppose systématiquement un état de quiétude, de calme, de concorde et d’entente sociale. Cette notion qui se substitue au projet de société ou programme politique du président de la République est prononcée à tort ou à raison par les autorités établies sans pour autant créer les réelles conditions de la paix.
Il est urgent de rappeler avant toute confusion que la paix ne peut se construire sans supprimer les causes réelles de la guerre ou en niant les droits fondamentaux de l’autre à exister car ces derniers placés dans les mêmes circonstances de temps et de lieu produisent les mêmes effets. La paix en l’absence de réconciliation, de justice, de réparation de préjudices subis par les victimes, l’absence de la réinsertion et de la reconversion des armements relèverait de l’utopie caractérisée et de la démagogie politique.
Au nom de la paix, considérée comme condition sine qua none d’une éventuelle réélection aux prochaines échéances électorales, le président de la République démocratiquement élu s’est délibérément engagé à violé impunément les dispositions de la constitution du 30 mars 2016 sur laquelle il a solennellement prêté serment.
On note d’abord la violation du serment et des dispositions de article 60 de la constitution avec les effets conjugués de la destitution programmée du président de l’Assemblée nationale pour faciliter la braderie des ressources naturelles, halieutiques et minières, ensuite vint le tour de la violation de l’article 28 de la constitution qui autorise l’entrée de chefs rebelles dans le gouvernement et aux plus hautes fonctions de l’Etat.
A ce propos et pour confirmer la thèse que "l’exécutif tient le judiciaire" pour empêcher la justice d’être impartiale, le conseil d’Etat et la cour constitutionnelle ont refusé de dire le droit et ont rejeté les deux recours d’un célèbre et téméraire opposant politique pour des motifs fantaisistes.
Par ailleurs, Au moment où le massacre de la population civile de Zangba est passé inaperçu, il a suffit qu’une simple et folle rumeur de coup d’état pour ériger la capitale centrafricaine et le palais présidentiel en une forteresse digne d’un état d’urgence qui restreint sensiblement les libertés fondamentales et tout cela pour protéger le pouvoir du Président de la république.
Intrigué que ces forces de défense et de sécurité qui ne protègent que le pouvoir du président au lieu de protéger le peuple, le citoyen lambda s’interroge :
- Combien vaut le pouvoir du président de la République sur le marché ?
- Pourquoi le président de la République ne renonce t-il pas à son pouvoir pour incompétence et haute trahison au lieu de tout brader au nom d’une hypothétique paix ?
- N’avait-il pas d’autres formules crédibles que d’accepter toutes les caprices abusives des groupes armés au détriment des intérêts du peuple ?
- La paix recherchée à tout prix repose t-elle sur la crainte de la guerre ou sur l’envie excessive et abusive d’une éventuelle réélection ?
- En pensant abusivement à sa réélection, quelle est la place des victimes dans cette grande braderie du siècle ?
- Enfin, pourquoi le président de la République a partagé avec les groupes armés le pouvoir confié souverainement par le peuple sans l’avis de ce dernier ?
Fort de ce qui précède, on remarque de façon notoire que le peuple n’est nullement une préoccupation prioritaire pour nos autorités car au problème sécuritaire s’ajoutent l’inflation, la rareté de l’électricité et de l’eau avec la transhumance devenue virale des bidons jaunes dans la capitale centrafricaine.
Logiquement, après la lecture du tableau synoptique de gouvernance où tous les voyants lumineux sont rouges, le président de la République - pour des raisons d’honneur politique- ne devrait pas se représenter aux prochaines échéances électorales pour absence de résultats à l’instar du précédent président français.
En tout état de cause, en dépit de toutes manipulations politiques et de confiscation du pouvoir, le peuple maltraité saura prendre ses responsabilités au moment opportun car le syndrome de la rue qui a emporté récemment les dictatures algérienne et soudanaise confirme que le pouvoir appartient au peuple et c’est lui seul qui pourra définir le prix du pouvoir du président de la République.
Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Paris le 12 avril 2019.
Bernard Selemby-Doudou
Juriste, administrateur des élections.