Chibazo Okoyé centro-français adresse une lettre ouverte au président Macron

  • Monsieur le Président de la République,

 

Je vous écris cette lettre, au nom de ces milliers de morts dus à la crise qui frappe la République centrafricaine depuis 2012! Combien sont-ils ? On ne le saura peut-être jamais !
Je vous adresse cette lettre, au nom de ces milliers de déplacés qui sont encore dans des camps de fortune pour certains, dans la brousse pour d’autres.
Je vous écris, au nom de cette population centrafricaine, fatiguée par six années de violences et de souffrances extrêmes, et qui n’aspire qu’à une seule chose en ce début de nouvelle année : Retrouver la paix !

  • Monsieur le Président,
     

Permettez-moi de rappeler ici, sans aucun cynisme, cette formule du président Omar Bongo prononcée en 1996 : "L’Afrique sans la France, c’est une voiture sans chauffeur. La France sans l’Afrique, c’est une voiture sans carburant".
Cette formule, rapportée au cas de la RCA, signifie que  "La France a besoin de la RCA, la RCA a besoin de la France ! ".
En m’appuyant sur cette formule, je vous dis, Monsieur le président de la République, "Ne craignez rien de la présence de Russe en Centrafrique !"

Contrairement à ce qui se dit ici et là depuis un an, la France n’est pas en train de perdre la main en Centrafrique, la France ne perdra pas la main en Centrafrique.
La France, ancienne puissance colonisatrice, reste le partenaire numéro 1 et l’interlocuteur privilégié de la RCA.
Plus qu’avec les Russes, les interactions entre Français et Centrafricains sont plus anciennes, plus profondes, plus nombreuses et plus fortes. La plus importante fraction de la population immigrée de la RCA se trouve en France. Les nombreuses unions entre centrafricains(es) et français(es), les naissances qui en résultent chaque année, ces enfants de double culture franco-centrafricaine représentent un véritable pont fraternel entre la France et la RCA.

  • Monsieur le Président de la République,
     

Candidat à l’élection présidentielle française de 2017, vous avez dénoncé et prôné la rupture avec la politique de l’ancien monde, cet iceberg que représente la FrancAfrique.

Je m’adresse à vous, M. le président, parce que, aujourd’hui, plus que la Russie de Poutine, vous pouvez encore faire changer les choses de manière positive en RCA. La France a les moyens de le faire, la France a le devoir de le faire !

N’écoutez pas ces éléphants et affairistes de la "France-à-fric" qui vous entourent et vous conseillent, et pour qui les profits générés par le pillage du sous-sol centrafricain ont plus de valeur que le sang versé des Centrafricains depuis 2012. Ce sont les mêmes qui vous empêchent d’entendre la voix de nos compatriotes "Gilets jaunes" qui sont dans la rue depuis sept semaines.

N’écoutez pas et ne vous laissez pas « marabouter » par ces vieux crocodiles africains, nostalgiques de cette Françafrique. Ils sont tous issus de la vieille école de Jaques Foccart : ils sont en train de vous «manœuvrer» et de vous "instrumentaliser", conscients et confiants que vous, Monsieur le Président, vous n’êtes que de passage. Beaucoup d’entre eux ont vu les présidents défiler à l’Elysée.

  • Monsieur le Président de la République,
     

La plus grande richesse de la RCA, ce n’est ni son pétrole, ni son uranium, ni son bois, ni ses mines d’or et de diamant. La plus grande richesse de la RCA, la plus précieuse, ce sont ses hommes, ses femmes, et sa jeunesse ! Ecoutez plutôt leurs voix ! Vous auriez pu, vous auriez dû, profitant de votre récente visite au Tchad voisin, aller à leur rencontre, en terre centrafricaine. Vous auriez vu et entendu leurs cris et souffrances !

Monsieur le Président, pour beaucoup de centrafricains, votre prédécesseur à l’Elysée est comptable de cette crise et de ces violences pour avoir "laissé" les bandes rebelles entrer sur le territoire national en 2012. Je vous souhaite d’être celui qui va contribuer à la pacification de ce pays.

Plus que les Russes, M. le président, vous avez le pouvoir et le devoir d’isoler ces chefs de bandes armées, et de les contraindre à déposer les armes sans conditions et maintenant !

A la veille du renouvellement, par le conseil de sécurité des Nations-Unies, de l’embargo sur les armes à destination de la République centrafricaine, je vous exhorte, Monsieur le président, à écouter la voix du Peuple centrafricain qui, dans son ensemble, demande la levée totale et définitive de cet embargo !

Je voudrais terminer, M. le président de la République, en vous réitérant mes meilleurs vœux pour cette année nouvelle qui commence. Je vous souhaite une bonne santé afin de faire face aux défis, nombreux, qui vous attendent !

Montpellier, le  4 janvier 2019
Chibazo Okoye
Binational centrafricano-français

Chibazo okoye