Né le 2 août 1941 à Ouesso au Congo, Alphonse Koyamba est ingénieur des travaux statistiques.
Il commence sa carrière comme directeur des statistiques et la conjoncture au Haut-commissariat au plan.
2 juin 1971 : il est nommé directeur des statistiques générales et des études économiques au ministère des finances.
13 mai 1972 : Alphonse Koyamba est nommé secrétaire d’Etat aux finances, à l’industrie et au commerce.
27 octobre 1972 : ministre des finances.
23 novembre 1972 : Koyamba signe à Brazzaville au nom de la République centrafricaine une convention de coopération monétaire entre les Etats membres de la BEAC et la République Française. Le fondement de la coopération monétaire est précisé à l’article 2 de cette convention de Brazzaville : il s’agit de "la garantie illimitée donnée par la France à la monnaie" émise par la BEAC et "le dépôt auprès du Trésor français, de tout ou partie des réserves de change des Etats membres" destiné à assurer la convertibilité externe du Fcfa
15 juin 1974 : Ministre d’Etat chargé des finances.
9 juin 1975 : Alphonse Koyamba est brièvement écarté du gouvernement et remplacé par Marie-Christiane Gbokou, auparavant ministre adjoint des finances en charge de l’organisation et de la coordination des recettes douanières. Bokassa lui reproche des erreurs commises dans la comptabilisation des recettes budgétaires destinées au paiement des salaires. Suite à cela, Bokassa décide de rattacher le Trésor Public au ministère des finances -22 juin-.
4 juillet 1975 : Koyamba est réhabilité au rang de ministre d’Etat en charge du Trésor Public.
Février 1976 : Ministre d’Etat chargé de l’organisation du Trésor Public
10 / 11 mai 1976 : Alphonse Koyamba dirige la délégation centrafricaine au 3e forum franco-africain de Paris qui porte sur quatre points: l’inflation, le système monétaire international, le dialogue Nord-Sud et l’aide au développement.
4 septembre 1976 : au lendemain du retour de Bokassa d’une visite en Libye, plusieurs textes modifient la structure du gouvernement. Une ordonnance inspirée par le modèle libyen crée le Conseil de la Révolution centrafricaine -CRC- et en confie la présidence à Bokassa. Koyamba est alors nommé 3e ministre d’Etat chargé de l’organisation du trésor au sein du conseil de la Révolution centrafricaine.
17 octobre 1976 : Kadhafi arrive à Bangui et est accueilli avec faste. A la mosquée du kilomètre 5, il assiste à la profession de foi de Bokassa, qui prend le nom de Salah Addin Ahmed Bokassa. Beaucoup de ministres suivent Bokassa et se convertissent à l’islam. Cependant, Henri Maïdou et Alphonse Koyamba demeureront et refuseront de se convertir à l’islam pour la circonstance.
14 décembre 1976 : Koyamba est nommé premier vice-premier ministre au Trésor et aux finances au sein du gouvernement Patassé.
4 mars 1977 : avant un dîner offert au gouvernement centrafricain par la Continental Oil Company -CONOCO-, le président de la CONOCO, M. Voegeli est auparavant reçu par Ange-Félix Patassé en présence d’Henri Maïdou et Alphonse Koyamba. Des indices concourant à la présence de pétrole dans le nord-est mais l’on ignore alors l’importance du gisement et les éventuelles conditions d’exploitation.
16 juillet 1977 : Koyamba est victime d’un très grave accident de la route avec fracture du crâne, de la colonne vertébrale et du fémur. Il est alors évacué vers la France pour y recevoir des soins.
Mars 1978 : Maïdou assure de fait l’intérim au poste de premier ministre, le premier vice-premier ministre Alphonse Koyamba n’ayant repris aucune activité normale depuis son grave accident de la route survenu en juillet 1977. Patassé est alors hospitalisé à la clinique Chouaib pour des problèmes de cœur et un diabète qui l’affecte depuis longtemps. Il est surtout l’objet de critiques de la part de l’Empereur -en dépit du succès relatif de l’organisation du couronnement- qui le décrète responsable de la mauvaise gestion de l’administration et de la situation économique prévalant en RCA.
22 septembre 1978 : Koyamba est nommé premier vice-premier ministre chargé de la coordination économique et financière au sein du gouvernement Maïdou.
13 mars 1979 : suite à un remaniement, Alphonse Koyamba est vice-premier ministre chargé des finances.
1er août 1979 : Bokassa se rend à Franceville au Gabon accompagné d’Henri Maïdou pour une rencontre avec Journiac sous l’égide d’Omar Bongo. Au cours de cet entretien, René Journiac transmet à Bokassa un message de la part de Giscard d’Estaing l’invitant à quitter le pouvoir. @
L’Empereur rentre dans une colère indescriptible provoquant la stupeur de Journiac qui terrifié, reste coi. Bokassa refuse de considérer la proposition de Giscard à laquelle il oppose un refus catégorique dans un climat de tension extrême. Aussitôt rentré de Franceville, Bokassa déclenche son plan de défense qui consiste à convaincre quelques chefs d’Etat susceptibles de l’aider à empêcher de rendre public les conclusions de l’enquête des juristes africains pour finalement contrer la proposition du président français. Le vice-premier ministre Alphonse Koyamba reçoit, pour ce faire, les instructions pour porter le message aux deux sages de l’Afrique : Houphouët-Boigny et Sédar Senghor.
En parallèle, Koyamba de prend contact avec Journiac qui le recevra à l’Elysée avant d’arranger une entrevue secrète avec Giscard au fort de Brégançon œuvrant ainsi dans la clandestinité à la chute de Bokassa avec lien avec Maïdou ainsi que Michel Gallin-Douathe -fonctionnaire au ministère de l’intérieur en France- et Bernard-Christian Ayandho, les deux derniers poussant la solution Dacko pour l’après Bokassa …
Pour accentuer le soutien de Kadhafi en Centrafrique, Bokassa décide de se rendre en Libye fixant son départ au 18 septembre, tentant de préserver le secret sur une mission qui ne doit pas excéder quarante-huit heures. Alerté de ce déplacement, Valery Giscard d’Estaing donne son accord, sous réserve de contre ordre de sa part, pour que l’opération préparée par l’état-major sous le nom de code "Barracuda" soit déclenchée les 19/20 septembre 1979.
18 septembre 1979 : la Caravelle impériale quitte Bérengo pour Tripoli avec à son bord, une vingtaine de personnes, dont Alphonse Koyamba, vice-premier ministre, chargé des finances.
19 septembre 1979 : David Dacko est réveillé au petit matin et installé dans un avion de l’armée française qui décolle aussitôt d’une base militaire près de Paris direction Ndjamena pour une première escale où il embarque à bord d’un "Transall" prêt à s’envoler pour Bangui avec une centaine de soldats français.
Arrivé à Bangui, Dacko déclarera en français, puis en sango sur les ondes de la radio nationale : "Je proclame solennellement la déchéance de l’empereur Bokassa Ier, indigne d’occuper les fonctions de chef de l’Etat. Je m’engage, moi, David Dacko, au nom du gouvernement de salut public et en mon nom personnel, à rétablir les libertés."
Koyamba est alors en Libye. Le coauteur de lettre intitulée "Appel à la France" se tient aux côtés de Bokassa certainement très inquiets mais heureusement pour lui, les communications avec Bangui sont très compliquées et il est difficile pour l’Empereur d’obtenir des informations précises. Au matin, Bokassa comprend que c’est fini.
20 septembre 1979 : le lendemain de l’intervention française, le ministère de la coopération à Paris publie ce communiqué: "En réponse à l’appel solennel lance par les autorités de l’Etat centrafricain, le président David Dacko et le premier ministre Henri Maïdou, et pour répondre aux; menaces sur la sécurité des populations, compte-tenu des graves atteintes aux droits de l’homme constatées par la commission africaine, le gouvernement a décidé l’envoi d’un détachement militaire à Bangui. Celui-ci sera rappelé aussitôt que les autorités centrafricaines jugeront assurée la sécurité des populations"
Les autorités françaises brandissent alors la fameuse lettre intitulée "Appel à la France" datée du 4 septembre 1979 et signée par Henri Maïdou et Alphonse Koyamba dans laquelle ils s’affirment "constitués en gouvernement de salut public, seule instance habilitée à exprimer la volonté du peuple centrafricain", prononcent la déchéance de l’Empereur.
"Sa politique de terreur et de massacres a mis Bokassa au ban de la communauté internationale. Son comportement insensé consterne l’Afrique. Il tente néanmoins de se maintenir de force au pouvoir par tous les moyens. Face à cette situation, nous lançons, au nom du peuple centrafricain, un appel solennel au peuple ami et au gouvernement français pour qu’ils assurent la protection d’un peuple pacifique et de ses ressortissants livrés, sans défense, aux ambitions perverses d’un dictateur sans scrupules. Nous leur demandons de venir au secours d’un peuple frère désarmé, démuni et opprimé qui n’aspire qu’à retrouver sa liberté, qui veut vivre à nouveau dans la concorde et dans la paix. Dans ces circonstances cruciales, le peuple centrafricain se tourne spontanément vers la France. Il sait qu’elle est son seul recours et qu’elle seule peut venir à son secours [...] Le peuple centrafricain met tous ses espoirs dans la France. Il est sûr que son cri angoissé sera entendu, que son espérance ne sera pas déçue et que sa confiance ne sera pas trahie".
Cette lettre a été signée par Koyamba et Maidou puis a été transmise aux autorités françaises via l’ambassadeur de France, Robert Piquet, le Colonel Maza attaché militaire à l’ambassade de France par l’intermédiaire d’Yves Cattin homme d’affaires sur place, par sa mère Madame Cattin travaillant comme secrétaire auprès de la représentation diplomatique de France à Bangui. Cette lettre qui est fruit d’une stratégie élaborée par Charles Elian, deuxième conseiller à l’ambassade de RCA à Paris en lien avec le SDECE pour le renversement de Bokassa et servira de caution aux autorités françaises une fois l’opération Barracuda effectuée.
27 septembre 1979 : dans le nouveau gouvernement de la République réhabilitée, Alphonse Koyamba est nommé premier vice-premier ministre, chargé de l’économie et des finances, des postes, télécommunications ainsi que du contrôle des sociétés d’Etat.
Fin octobre 1979 : Koyamba se présente au président Houphouët-Boigny, à Abidjan, pour demander l’extradition de Bokassa. L’envoyé spécial de David Dacko est finalement éconduit cette mission se soldant par un échec.
19 janvier 1980 : Francois Guéret, ministre de la justice soumet au conseil des ministres un rapport où des charges relevées contre ces personnalités du régime Bokassa étaient consignées avec la plus grande précision. Ce rapport avait été rédigé à la demande du premier juge d’instruction au près le tribunal de grande instance de Bangui et consignait notamment les cas de répression et de détournements de fonds. Le conseil des ministres avait également été "prié d’autoriser, par décret, l'audition des membres du gouvernement", notamment Henri Maïdou, le général Bozizé et Alphonse Koyamba.
En ce temps-là, Mobutu et surtout Omar Bongo portent assistance financièrement à la République centrafricaine. Des collectes de fonds sont effectués et Alphonse Koyamba qui recueille les sommes à Bangui pour les remettre au Trésor. Alphonse Koyamba déclare alors à un haut fonctionnaire centrafricain que les ministres du pays sont payés par le Gabon. La déclaration maladroite fera le tour de Bangui comme une trainée de poudre et rendra suspect l’intérêt porté par Bongo à la Centrafrique…
16 juillet 1980 : remaniement au cours duquel Koyamba est relevé de ses fonctions à la surprise de tous alors que Maïdou, Ayandho sont eux toujours partis au gouvernement qu’ils seront contraint de quitter le 23 août 1980.
Décembre 1980 : débats de la Cour Criminelle de la République centrafricaine sous la présidence de M. Honoré Willickond, avec l'audition de plusieurs témoins parmi lesquels Elisabeth Domitien -détenue depuis la chute de Bokassa-, Henri Maïdou, Alphonse Koyamba, Joseph Potolot, Ambroise Assombélé ou encore Jacob Gbeti. Alphonse Koyamba s'explique alors longuement sur les méthodes utilisées par Bokassa pour s'approprier une partie des recettes du Trésor public. C’est ainsi, dit-il, qu’un chapitre particulier, "fonds spécial" était inscrit au budget de l'Etat pour permettre au chef de l'Etat de l’époque, qui était en même temps ordonnateur du budget aux, termes d'un décret présidentiel de puiser dans les caisses de l'Etat. Au fil des temps, et cela pendant 36 mois -de 1976 à 1978-, les sommes prélevées sur le "fonds spécial" et versées chaque, semaine à Bokassa sont passées d'1,2 million Fcfa à 20 millions Fcfa.
Décembre 1981 : Mbaïkoua se retrouve vite isolé au sein du CMRN et le courant ne passe plus entre Kolingba et le "numéro 2" du gouvernement. La tension est aussi perceptible entre le commandant de la Gendarmerie nationale Francois Diallo et d’autres officiers proches de Mbaïkoua comme les commandants Alam -intérieur-, Marboua -économie & finances- et encore Bozizé -information- à cause de leur proximité avec Ange-Félix Patassé. Certains réclament avec insistance un remaniement et l’éviction du clan Mbaïkoua et plusieurs scénarii sont échafaudés au cours de réunions secrètes rassemblent entre autres David Dacko, Christian Ayandho, Michel Gallin-Douathe, Alphonse Koyamba, Christophe Grélombé, Alphonse Konzi, François Pehoua, Jacob Gbéti…
Juillet 1983 : Alphonse Koyamba est nommé directeur au sein de la Banque des Etats de l’Afrique centrale -BEAC- à Bangui poste qu’il occupera jusqu’en 1992.
Il s’éteindra le 5 mai 1998 à l’âge de 56 ans.
Thierry Simbi
Le 22 février 2019