L’Armée est en effet un domaine d’exception. Elle ne peut être considérée comme les autres rouages ou administrations de l’Etat. Elle est la nation en armes et ceux qui y servent ont le privilège de tuer légalement et l’honneur de risquer leur propre vie pour l’indépendance du pays, la liberté et la sécurité de leurs concitoyens. Pour ces raisons, les militaires ne sont pas des fonctionnaires. Leur statut est autre, même s’il s’en rapproche. Le président de la République est donc, de manière bien différenciée, d’une part, chef de l’État et d’autre part chef des Armées.
Dans le cadre de cette fonction, sans doute la plus haute qu’il ait, le président est donc responsable de la sécurité globale de la nation et, in-fine, de l’accomplissement des missions des Armées. Il se doit, en toute logique, de s’appuyer sur les compétences de ceux qui savent véritablement les risques que court le pays et les moyens nécessaires pour le défendre face aux menaces ou aux agressions. Général Henri Roure @eo
Dans ce contexte les chefs d’état-major d’armées et, surtout le chef d’état-major des Armées doivent (verbe "devoir") exprimer les besoins des forces et expliquer au "chef des Armées" les impératifs, les contraintes, les risques et les obligations qui pèsent sur les forces.
Le général de Villiers devant la commission de la Défense de l’Assemblée n’a fait que dire la vérité. Les moyens ne sont plus en adéquation avec les missions. Il était en conformité avec sa fonction.
En revanche le président a outrepassé ses droits. Sans le vouloir, espérons-le, il a trahi sa mission suprême en donnant raison à des comptables totalement ignares s’agissant des questions régaliennes de sécurité nationale ou trop investis dans l’internationalisme bruxellois.
Pire, monsieur Macron, a osé traiter le chef d’état-major des Armées, sur un ton totalement inapproprié, voire insultant. Je ne sais quelle image il a du fonctionnement des armées, mais hier comme aujourd’hui, le chef, avant de prendre une décision, s’informe, discute puis décide. Le respect des avis des subordonnés et la confiance dans leur compétence sont les principes sur lesquels repose l’efficacité. Même le jeune sous-officier apprend à travailler avec ses hommes et à les respecter. Le "garde-à-vous" est réservé à l’ordre serré, action collective de démonstration de cohésion. Que je sache, nous ne sommes pas dans cette configuration, ou alors monsieur Macron s’inspire de Courteline.
Général (2s) Henri Roure - Le 18 juillet 2017 ( la rubrique libre opinion n'engage que son auteur et en aucun cas la Direction de Centrafrique le défi )