Par Thierry Simbi - pour ceux qui ne sont pas connectés à facebook
En février 2006, la société sud-africaine Uramin Inc. a signé via sa filiale Uramin CAR Limited une Convention minière avec l’Etat Centrafricain. Uramin CAR Limited est une société de droit centrafricain dans laquelle l’Etat détient 10% du capital social. Ce contrat qui a permis à Ndoutingaï et Bozizé d'empocher environ 20 millions de dollars US porte sur un permis de recherche qui mettra en évidence l’existence d’une réserve estimée à plus 23 000 tonnes d’uranium. Uramin CAR Limited revend le 3 août 2007, l'ensemble de ses titres à AREVA, au cours d'une transaction à la Bourse de Londres pour un montant de 2,5 milliards de dollars US. Ces tractations interviennent alors que la demande mondiale en uranium est très forte entraînant une hausse de son prix jusqu'à 300 dollars US le Kg. Le prix est alors en forte hausse à cause de la croissance de la production d'électricité nucléaire dans le monde, source alternative d'énergie aux hydrocarbures, à l'heure du réchauffement climatique et de la flambée des prix des carburants.
Le 26 octobre, Bozizé exige de la société Uramines de reverser 800 milliards Fcfa à l'Etat centrafricain représentant les droits de son pays dans l'Offre publique d'achat (OPA) ayant consisté en la vente de l'exploitation des mines d'uranium à la société française AREVA. M. Bozizé a averti que "en cas de refus de paiement de la part qui revient à la Centrafrique, le gouvernement interdira au personnel d'AREVA de se rendre sur le site pour entamer les prospections en vue de l'exploitation des minerais d'uranium".
Ndoutingaï alors Ministre des Mines part à Paris fin 2007 pour négocier directement avec la direction du Groupe Areva. Excédée par les demandes exorbitantes de commissions occultes à payer, la société AREVA exige préalablement à tous versement l’ouverture d’un compte au trésor centrafricain avant tout décaissement et fait remonter l’affaire au Président Nicolas Sarkozy.
Suspicieux à l’égard de Ndoutingaï alerté par le retard des négociations qui traînent en longueur, Bozizé lance une deuxième ligne de négociation du même contrat censée être plus conciliante pour une issue plus rapide et confiée au ministre des Affaires étrangères, Côme Zoumaras. Quand Ndoutingaï apprend à l'issue d'une audience avec tous les protagonistes que Anne Lauvergeon a fait part d'un bonus de près de 10 millions d'Euros a été versé à la médiation de Côme Zoumara sous forme de virement à la CBCA, il voit rouge et empoigne l'émissaire occulte venu le supplanter. Il s’en prend physiquement à son collègue négociateur de l’ombre jusqu'à faire vibrer les murs de l'hôtel de la délégation centrafricaine. Sarkozy n’a pas manqué d’évoquer cette affaire avec Bozizé lors de leur rencontre du 19 novembre 2007.
Côme Zoumara qui s’était déjà illustré par la vente de passeports diplomatiques centrafricains (entre 20.000 et 30.000 euros l’unité) a par ailleurs été coordonnateur de la commission nationale de désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion des ex-combattants (CNDDR) financé à hauteur de 11 millions de dollars par la Banque Mondiale et du PNUD dont une large partie a été détournée. Côme Zoumara a par la suite investi en Chine, s’achète une très jolie maison dans les Yvelines en France et fait des allers retours entre Bangui, Dallas aux Etats-Unis où il a de la famille et la Chine.
En août 2008, après que Saifee Durbar, Richard Ondoko, Didier Pereira, Fabien Singaye, Patrick Balkany, ainsi que Georges Forrest aient joué les intermédiaires, un avenant à la convention de 2006 sera signé par Anne Lauvergeon et côté centrafricain par François Bozizé, Sylvain Ndoutingaï, et Emmanuel Bizot mettant fin aux discussions.
Le 24 juillet 2017