Par Guy-José Kossa
Quand on se noie, on s'accroche à tout, même au serpent. Et c’est tant mieux, si une telle posture permet d’atteindre la berge.
En ce sens, le discours de fond des acteurs de la nouvelle diplomatie hyperactive tournée vers la RUSSIE du Grand Poutine, peut et doit même être entendu.
Cependant, il y’a des signes qui ne trompent point. Mieux, ils nourrissent des inquiétudes légitimes et poussent aux interrogations.
Tout d’abord et avant même de conquérir le cœur des Centrafricains, de faire la preuve de leur bonne foi et de leur ferme détermination à aller dans le sens des préoccupations objectives du peuple et du gouvernement, voici que les Russes rusent grossièrement sous nos yeux, comme les Russes seuls savent le faire : sans s’en cacher et même en s'en vantant, ils foncent droit vers leur but, qui plus est, reste le même que celui des "premiers occupants" : LES RESSOURCES MINIÈRES DE LA RCA.
C’est dire que les Centrafricains peuvent toujours rêver, chanter, danser. Mais ils devront encore attendre, et en attendant continuer à mourir en paix et en silence.
Au demeurant, nul besoin de rappeler ici, que la plupart des richesses convoitées se situent en zones occupées. Dès lors, pourquoi se prendre la tête ? Quelques petits arrangements avec les chefs rebelles qui ne pouvaient espérer mieux, et le tour est joué !
Et dans tout ce méli-mélo "poutinien", que deviennent les alliés traditionnels de la RCA ?
Naturellement, la France et les USA en premiers, sans compter les autres bailleurs internationaux qui ont toujours été présents au chevet de notre pays, quoiqu’on dise et sans aucun doute, ne peuvent voir d’un bon oeil ce rapprochement intempestif. Surtout, ils ne peuvent applaudir des dix mains comme on dit chez nous, ce qu’ils considèrent déjà comme un expansionnisme russe profondément outrageux. Autrement dit, il leur sera difficile de demeurer très longtemps sans se manifester, sans se rappeler aux bons souvenirs de Touadera qui ne devrait pas oublier si vite les Français qui l’ont fait prince et roi.
Quid des relations difficiles avec Idriss Deby du Tchad, du contentieux loin d’avoir été vidé avec Obiang-Nguema de la Guinée équatoriale, des quasi inexistants avec Sassou-Nguesso du Congo-Brazza, le tout couronné au niveau intérieur, par une présence internationale plus que problématique de la MINUSCA.
De toutes les façons, il appartient désormais au président Touadera et à son gouvernement, de déployer une diplomatie suffisamment habile et efficace, capable à la fois, de calmer les ardeurs de leurs nouveaux alliés, de veiller au maintien des bonnes relations avec les anciens alliés, et enfin, de convaincre et de rassurer toutes les composantes de la "nation" centrafricaine.
Que l’on cesse donc de prendre une fois de plus le jeu hautement inflammable qui se joue ou va se jouer dans tous les cas en territoire centrafricain, pour un négligeable divertissement, un sujet de distraction juste bon pour alimenter les "Lives" d’un Conseiller spécial en délire, grand spécialiste des fake news officielles et des balivernes légères, une personnalité que plus personne ne prendra au sérieux à cause des propos indignes qu’il débite chaque jour et qu'il n'est pas prêt d'arrêter.
Tout bien considéré, une sagesse africaine prévient : "Quand les éléphants se battent, ce sont les fourmis qui meurent".
Quant à moi, l’on me permettra de rappeler ceci : "Si quelqu’un feint de ne plus savoir où il habite, ignorez-le ! Dès les premières gouttes de pluie, il retrouvera tout seul le chemin de sa maison.".
Le 10 mai 2018