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Brazzaville : Collectif des partis de l'opposition
Face à la presse ce samedi 5 août 2017, appréciant toute la violence qui a couvert la farce électorale du 16 juillet 2017 et le tableau combien sombre sur les plans politique, économique, financier et social, Mathias Dzon et le Collectif des partis de l’opposition congolaise appellent les congolais à se ressaisir et à prendre sérieusement conscience de la grave situation de faillite dans laquelle se trouve plongé le Congo.
C’est maintenant ou Jamais !
Mathias Dzon au micro @dm
Déclaration
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Distingués invités,
Cadres, militants et sympathisants du Collectif.
Notre rencontre de ce jour se tient dans le contexte actuel dominé par l’organisation et la publication des résultats des élections législatives et locales des 16 et 30 juillet 2017.
Il est du devoir du Collectif des partis de l’opposition congolaise d’en parler au moment où le cycle est quasiment bouclé en attendant le dernier acte constitué par les élections sénatoriales. Comme nous n’avons cessé de le dire, les élections qui viennent de se dérouler ont suivi la logique échafaudée par le pouvoir depuis le coup d’Etat constitutionnel du 25 octobre 2015, du coup de force électoral du 20 mars 2016, la logique du passage en force pour assurer à tout prix la pérennité du pouvoir clanique et familial de Dénis Sassou-Nguesso. Pour cela, le gouvernement de la République n’a pas hésité à engloutir des milliards de Fcfa pour organiser des élections tout aussi inopportunes que factices, alors que les congolais croupissent dans la misère. Plusieurs corps professionnels émargeant au budget de l’Etat -les travailleurs de l’Université, du CHU, du Conseil national de lutte contre le Sida, du chantier naval, les fonctionnaires des municipalités et des autres collectivités locales-, les retraités de la CRF, les étudiants accusent selon les cas, 4 à 26 mois -voire plus- d’arriérés de salaire, de pension et de bourse et vivent une situation sociale tragique.
La présente conférence de presse va s’articuler autour de trois principaux points :
a) Le rappel de la position du Collectif vis-à-vis des élections organisées au Congo dans le contexte d’aujourd’hui ;
b) L’appréciation des conditions d’organisation de ces élections ;
c) Les leçons à tirer de ces élections pour sortir le Congo du chaos politique et moral dans lequel il se vautre aujourd’hui.
1. Rappel de la position du Collectif vis-à-vis des élections organisées au Congo dans le contexte d’aujourd’hui
Le Collectif des partis de l’opposition congolaise n’a jamais cessé de rappeler qu’aucune élection véritablement démocratique et crédible ne peut être organisée dans notre pays tant que :
a) le système électoral en vigueur depuis 2002 n’est pas revu de fond en comble, ce système ayant été conçu pour permettre au pouvoir actuel de gagner largement toutes les élections et de rendre ainsi impossible toute alternance politique au Congo ;
b) une partie du territoire national, en l’occurrence le département du Pool, aujourd’hui soumise à une guerre meurtrière, n’est pas pacifiée et sa population rétablie dans ses droits ;
c) beaucoup de nos compatriotes continuent à croupir dans les geôles de l’Etat, uniquement pour leurs opinions, avec pour conséquence d’amener notre pays à s’enfoncer davantage dans la violation systématique des droits de l’homme, exposant chaque citoyen à l’arbitraire, à la perte de sa liberté et de sa vie ;
d) dans toutes les couches de la population la pauvreté ne cesse de s’imposer, privant la plupart des familles congolaises des droits les plus élémentaires comme celui de manger chaque jour, de se soigner en cas de maladie, de soutenir la scolarité des enfants et de les voir travailler au terme de leurs études, etc.
L’élection est un acte majeur dans la vie de tout pays qui aspire à la démocratie. Un pays n’est considéré comme véritablement démocratique que lorsque des élections libres et transparentes, ouvertes à tous les citoyens sont organisées régulièrement et lorsque les libertés et les droits fondamentaux de l’homme -liberté d’expression, liberté de choix, droit pour tous à une égale protection par la loi, liberté de s’organiser et de participer pleinement à la vie politique, économique et culturelle au sein de la société, etc.- sont valorisés et respectés dans la vie de tous les jours. Dans une démocratie, les élections doivent être une compétition loyale visant à obtenir les suffrages du peuple pour un mandat d’une durée déterminée. Dans une démocratie la tolérance et le compromis entre les citoyens sont valorisés et constituent le sous-bassement du vrai vivre ensemble. L’intolérance est considérée dans ce contexte comme une vraie violence et comme un obstacle majeur au développement de l’esprit démocratique.
En tenant compte de ce qui précède et en faisant l’effort de sortir des sentiers battus de la démagogie et de l’hypocrisie ambiante, nous nous rendons vite compte que la démocratie au Congo reste une chimère, un vœu pieux, un vaste mensonge destiné à s’abuser les uns les autres et à abuser l’opinion internationale.
Voilà pourquoi le Collectif des partis de l’opposition congolaise n’a jamais cessé de rappeler qu’aucune élection ne peut être crédible dans le contexte actuel du Congo, contexte dominé non seulement par une confiscation de fait du pouvoir par le camp présidentiel, mais aussi par une tendance nettement affirmée à une succession familiale à la tête de l’Etat. Aucune élection ne peut être crédible dans un pays où les hommes politiques les plus en vue ont troqué toutes les valeurs de justice et de tolérance, pour se vautrer dans les miasmes pestilentiels de la corruption, de la démagogie, de l’impunité, du tribalisme et du népotisme.
Le Collectif des partis de l’opposition congolaise, fidèle à son engagement vis-à-vis du peuple congolais, tient à s’approprier le mot du Mahatma Ghandi et à rappeler à toute la classe politique congolaise et au peuple congolais que "la vraie moralité ne consiste pas à suivre les chemins battus, mais à trouver la voie véritable et à la suivre avec intrépidité". La voie véritable pour notre pays et que nous devons tous suivre avec courage et détermination, c’est celle de la démocratie. Il n’y a aucune place pour la démocratie dans un pays où les élections s’organisent sous le sceau de la tricherie, de la corruption, de l’intimidation, de la violence, de l’achat et du viol des consciences.
C’est en considération de tout cela que le Collectif des partis de l’opposition congolaise a appelé ses militants, ses sympathisants et le peuple congolais à ne pas participer au vote mafieux qui s’annonçait
2. Appréciation des conditions d’organisation et des résultats des élections des 16 et 30 juillet 2017
Qu’on le dise haut et fort comme le fait le Collectif des partis de l’opposition congolaise, ou qu’on le murmure entre les quatre murs de sa chambre, tout le monde sait que depuis une vingtaine d’années, un système électoral inique a été mis en place avec pour unique but de permettre au président Sassou-Nguesso de se maintenir coûte que coûte au pouvoir, un pouvoir acquis au terme d’une sanglante guerre civile qui, jusqu’à ce jour, continue à traumatiser le peuple congolais. Il s’agit d’un système électoral fondé sur des fraudes massives et sur une tricherie savamment organisée sur fond de corruption généralisée au moyens des finances de l’Etat, de terreur policière et de privation de toute liberté d’expression et de contestation. Ce système conduit, non plus à des élections transparentes et démocratiques auxquelles aspire en réalité le peuple congolais, mais à des nominations de fait et permet en conséquence au pouvoir de s’octroyer, depuis 2002, une Assemblée nationale et un Sénat entièrement à sa dévotion. Les institutions issues de ce système crapuleux sont naturellement, et c’est le but visé, incapables de procéder au moindre contrôle de l’action gouvernementale, de soulever les problèmes de fond qui minent le pays, de proposer des lois en faveur des populations totalement abandonnées à elles-mêmes. Au terme de ces vingt ans de fonctionnement de ce système, la plupart des candidats aux élections législatives et locales ont fini par oublier leur vrai rôle. Beaucoup n’hésitent pas ainsi à promettre, dans un cynisme tout à fait révoltant, monts et merveilles à leurs électeurs, se mettant délibérément à la place d’un gouvernement qui a totalement tourné le dos à ses vraies responsabilités dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’emploi, de l’alimentation, de la recherche, de la culture, des arts, des loisirs, etc. Est-ce par ignorance ou par pur cynisme que des candidats aux élections législatives et locales peuvent procéder de cette manière ?
Les élections organisées dans un contexte aussi délétère, où la bêtise, la démagogie et le cynisme rivalisent avec la corruption et l’achat éhonté des consciences, ne sont en réalité qu’une odieuse farce. Comment peut-on prendre au sérieux un candidat qui vient bomber la poitrine devant des hommes et des femmes minés par la faim et la maladie et leur promettre des écoles, des hôpitaux, des ponts, des stades, des bourses et des emplois pour leurs enfants ? A moins qu’il ne mette la main dans les caisses de l’Etat, où un tel candidat peut-il trouver l’argent nécessaire pour réaliser un tel programme qui relève, en fait, de la responsabilité du gouvernement ?
Les élections des 16 et 30 Juillet 2017 n’ont en réalité d’élections que le nom. En effet, ces élections ont été organisées, comme de coutume, sur des bases fausses, parmi lesquelles on peut citer à titre illustratif :
1) Une loi électorale qui confie l’organisation de toutes les opérations pré-électorales, électorales et post-électorales au ministère de l’intérieur et à une administration électorale totalement soumis au pouvoir. Que peut-on attendre d’une telle loi dans un contexte de confiscation totale du pouvoir ? Tous les congolais savent les députés, les conseillers et les sénateurs sont pour la plupart nommés et non réellement élus. C’est pour cette raison que les observateurs avertis et les patriotes congolais ne cessent de réclamer le vote d’une nouvelle loi électorale confiant l’organisation de toutes les opérations électorales à une commission réellement indépendante, constituée de façon paritaire par des représentants des partis de la majorité et de l’opposition, avec l’arbitrage de la société civile. Malheureusement, ce ne sont pas les députés et les sénateurs nommés grâce au système électoral actuellement en cours qui peuvent voter une telle loi. Comment pourraient-ils scier la branche sur laquelle ils sont assis ? Combien parmi ces députés et sénateurs envoyés au parlement seraient capables d’être élus dans une compétition juste et loyale ?
2) Un corps électoral qui reste peu fiable, étant objet de nombreuses manipulations. Plusieurs observateurs et de nombreux candidats se réclamant de l’opposition ou du pouvoir reconnaissent, au terme des dernières élections, que la plupart des listes d’électeurs sont trafiquées et restent truffées de nombreux électeurs fictifs. Ces listes sont ainsi confectionnées pour faire gagner les candidats du pouvoir. Il ne s’agit pas d’erreurs d’apprentissage de la démocratie comme aiment à le répéter les gestionnaires du système électoral actuel. Les vraies erreurs se corrigent et s’effacent progressivement, elles ne s’amplifient pas.
Pour sortir de cette situation bloquée, un recensement administratif spécial doit être organisé, non pas par le ministère de l’intérieur totalement au service du pouvoir, mais par une commission réellement indépendante mise en place de manière consensuelle par toutes les parties prenantes à la chose politique au Congo ;
3) Un découpage électoral injuste et taillé sur mesure au profit du pouvoir et qui, en conséquence, ne s’appuie pas sur les critères démographiques universellement reconnus dans tout système démocratique, mais sur des considérations ethnolinguistiques permettant de rester en conformité avec les contre-valeurs qui guident depuis deux décennies le pouvoir congolais et dans lesquelles s’abreuvent les hommes politiques congolais. Ainsi, Oyo, avec 17 948 habitants lors du dernier recensement de la population et l’habitat de 2007, a 2 députés, tandis que Mouyondzi, avec plus du double de la population d’Oyo, soit 36 815 habitants à la même époque-, n’a qu’un seul député ; Enyellé avec ses 21 193 habitants- et Kellé avec 15 205 habitants ont le même nombre de députés que Dolisie qui compte 83 798 habitants et Nkayi 71 620 habitants. Les exemples de ce genre sont légion.
4) Une débauche d’argent prélevé au trésor public organisée par les candidats du pouvoir, au mépris des cris et des larmes des populations qui vivent dans une misère innommable et indescriptible. De dizaines et des centaines de millions de Fcfa ont ainsi été distribués à travers tout le pays, pour appâter des populations croupissant dans leur misère et acheter facilement leurs consciences. L’achat et le viol des consciences sont des pratiques qui vont à l’encontre de la démocratie et qui n’honorent pas ceux qui les pratiquent.
Heureusement que le peuple, qui est bien plus mûr à certains égards que les pseudos-hommes politiques congolais, a su leur donner la réponse qu’ils méritent. En effet, beaucoup de candidats, après avoir distribué de dizaines, voire des centaines, de millions de Fcfa pour acheter les consciences des électeurs, ont eu la surprise de leur vie en constatant, le jour du scrutin, l’absence d’électeurs dans la plupart des bureaux de vote et souvent la victoire sans appel de leurs challengers qui, n’ayant pas accès au trésor public, n’ont pourtant pas pu acheter les consciences des électeurs dans les mêmes proportions. Plusieurs de ces candidats portés sur l’achat et le viol des consciences des électeurs ne doivent leur salut que grâce à un grand coup de pouce du ministre Mboulou et aux coups de poings de la police.
Il est temps pour le pouvoir de comprendre enfin que son système mafieux a fait son temps et que le peuple a aujourd’hui besoin de revenir aux fondamentaux de la démocratie pour sauver notre pays.
On a, d’autre part, assisté à l’élimination honteuse par l’argent des candidats qui ne font pas allégeance au pouvoir et qui ne piochent pas dans les caisses de l’Etat. Ceci s’est fait à travers l’imposition d’un taux exorbitant de la caution électorale qui est passé de 100 000 Fcfa à 1 500 100 Fcfa ;
5) Selon de nombreux témoignages, des votes multiples ont été relevés dans plusieurs circonscriptions. On a pu noter par exemple le transport, par bus entiers, des policiers et des militaires contraints d’aller voter, sans être inscrits au préalable, dans divers bureaux de vote en faveur des candidats du pouvoir. C’est le cas de Poto-Poto et Ouenzé où des militaires et policiers, dans des coasters, ont voté de bureau en bureau sous la direction d’un officier général de la police. On signale que certains ont ainsi voté plus de 15 fois à travers la ville de Brazzaville. D’autres cas de fraude manifestes ont été signalés à Madibou, Kellé, Ewo, Owando, Boko, etc.
6) Des menaces et même des expéditions punitives ont été organisées vis-à-vis de plusieurs candidats, lorsqu’ils n’avaient pas les faveurs du pouvoir. On a ainsi assisté à des scènes ubuesques et parfois tragiques où des candidats ont été farouchement menacés et parfois battus par les forces de l’ordre, lorsqu’ils maintenaient leur candidature dans une circonscription déjà attribuée à un autre candidat du pouvoir. Plusieurs candidats, dont plusieurs ont pourtant battu campagne au nom du président de la République, sont sortis de ces élections complètement groggys et écœurés. Certains n’ont pas hésité à dire haut et fort que, finalement, le Collectif des partis de l’opposition congolaise a raison, cela ne sert à rien de participer à une telle farce électorale.
Du fait de ce système électoral et des institutions godillots qui en découlent, la mal gouvernance est désormais un véritable style de gouvernement au Congo ; les détournements des fonds et des biens publics sont aujourd’hui érigés en mode de gestion des ressources de l’Etat ; le tribalisme le plus abject et le népotisme constituent aujourd’hui les valeurs autour desquelles sont choisis les hommes pour occuper les postes les plus importants au niveau politique, administratif et militaire ; la misère la plus profonde, cyniquement présentée comme une fatalité relevant du domaine de Dieu ou du diable, est le lot quotidien des populations qui meurent chaque jour par grappes du fait de l’absence ou du délabrement des structures sanitaires et de la pénurie des aliments de bonne qualité à travers tout le pays. Dans tout le pays, y compris dans les villages les plus reculés, les congolais ne se nourrissent plus que de produits alimentaires de qualité plus que douteuse, importés de différents pays qui s’enrichissent chaque jour sur la misère des congolais.
Comme toutes les élections antérieures organisées sur la base du système électoral mis en place depuis 2002, nous avons ainsi assisté non pas à des élections les 16 et 30 juillet 2017 derniers, mais à un vaste bluff, à une vaste escroquerie visant simplement à nommer des députés et des conseillers ayant pour unique mission d’œuvrer pour la perpétuation du système politique né au terme de la sanglante guerre civile de 1997 et qui n’a cessé de s’affiner depuis 2002.
Les élections des 16 et 30 juillet 2017 ont cependant un autre objectif. Il s’agit de préparer l’après Sassou-Nguesso et de garantir à son successeur, dont le nom est aujourd’hui murmuré dans tous les foyers des congolais, une majorité mécanique à l’Assemblée et au Sénat. Ceci explique pourquoi ces élections ont été organisées dans la précipitation et contre toute logique et pourquoi la fragile cohésion au sein PCT a fini par voler en éclats. En effet, à défaut de créer un nouveau parti pour le successeur désigné, il a été choisi de transformer le PCT en une machine politique à son service. L’éviction du secrétaire général et de plusieurs autres cadres du parti de la liste des candidats du PCT s’explique par cette stratégie. Tous les membres du PCT et de la mouvance présidentielle, qui ne manifestent pas clairement leur allégeance au futur successeur de Dénis l’Ancien, ont été purement et simplement écartés de la liste des candidats du pouvoir. Ceux qui, par bravade, se sont positionnés comme candidats indépendants, ont été priés de se retirer de la course. Ceux qui ont eu le courage de maintenir leur candidature, ont connu ce que les candidats de l’opposition réelle connaissent depuis longtemps. Leur victoire a été dans plusieurs cas transformée en échec, au profit du candidat ayant fait allégeance au dauphin.
Malgré les résultats pompeusement annoncés avec des taux inimaginables de 100% à Sibiti, Makabana, Les Bandas, Oyo, Ollombo, Mpouya, Owando, etc., ce qui est ridicule et même avilissant, l’abstention a constitué le trait dominant de ces élections. Il ne serait pas douteux d’avancer un taux d’abstention de plus de 90% et l’on comprend pourquoi le pouvoir s’est gardé d’indiquer le nombre d’inscrits, de votants, de bulletins nuls, etc.
Sans surprise, le pouvoir s’est octroyé une large majorité, au grand dam de ceux qui se sont donnés comme ligne directrice d’accompagner Denis Sassou Nguesso dans sa marche forcée vers la conservation à tout prix du pouvoir clanique et familial. Au premier tour, le PCT et ses alliés ont obtenu plus de 70 députés. Les élections locales ont obéi à la même logique, le PCT et ses affidés s’adjugeant la majorité de tous les conseils départementaux et municipaux. Au second tour, on a assisté à une répétition plus scabreuse de la mafia du premier tour, tant les désordres, violences et scandales notés déjà au premier tour se sont multipliés, étendus et aggravés. Comme on s’y attendait, le PCT et ses alliés se sont donnés une très large majorité mécanique à l’Assemblée nationale.
3. Leçons à tirer des élections des 16 et 30 juillet 2017 pour sortir le Congo du chaos politique actuel
Les élections des 16 et 30 juillet 2017 ont été une parfaite illustration de la dégénérescence morale et de l’absence d’éthique du pouvoir congolais. Tout est permis, tout est toléré pour gagner et pour aller ensuite applaudir un gouvernement qui a totalement tourné le dos aux souffrances du peuple congolais. Tout a été observé au cours de ces élections, sans doute les plus calamiteuses de toute l’histoire du Congo : les achats des consciences, la tricherie à ciel ouvert, le bourrage des urnes, les votes multiples, les menaces musclées pour obliger des candidats à se retirer au profit d’autres candidats bénéficiant de la préférence du pouvoir, les violences, avec parfois mort d’hommes.
A la lumière de tout cela, la position prise par le Collectif des partis de l’opposition congolaise de ne pas participer à cette farce électorale et d’appeler les congolais à ne pas s’y mêler a constitué et constitue la seule position juste et patriotique.
Le Collectif des partis de l’opposition congolaise, épris de justice, de démocratie, de paix, interpelle l’opinion nationale et internationale afin que des mesures appropriées soient prises pour sortir le Congo du chaos politique actuel, chaos qui se répercute aussi bien au niveau économique et financier, qu’au niveau social et moral. Parmi ces mesures, les plus urgentes sont :
1. Annuler les élections des 16 et 30 juillet 2017
L’annulation des élections des 16 et 30 juillet 2017 est nécessaire pour redonner à notre pays toute sa crédibilité mise à mal par un système électoral mafieux mis en place non pas pour organiser des élections libres et transparentes en vue de constituer une assemblée nationale et un sénat qui soient l’expression de la volonté populaire, mais simplement pour nommer des hommes et des femmes totalement soumis à un pouvoir qui n’a pour unique préoccupation que de se maintenir en place et ceci au mépris des intérêts du peuple, en toute illégitimité.
2. Sortir le Congo du chaos politique actuel à travers un dialogue national inclusif
La solution pour sortir le Congo de sa situation actuelle, réclamée par le Collectif des partis de l’opposition actuelle depuis 5 ans et par un nombre de plus en plus important de congolais et d’amis du Congo, est l’organisation d’un véritable dialogue politique national inclusif, placé de préférence sous l’égide de la communauté internationale.
Pour être productif, ce dialogue doit réunir sans exclusive toute la classe politique congolaise et la société civile et se donner les 5 objectifs suivants :
1) Apaiser les climats de tension permanente et de guerre larvée qui prévalent dans le pays depuis 20 ans, les conséquences politiques, matérielles et psychologiques de la guerre de 1997 n’ayant jamais été examinées de façon profonde pour trouver des solutions réelles et durables ;
2) Apporter une solution politique et psychologique durable à la crise du Pool, avec toutes ses répercussions dans les régions environnantes ;
3) Revoir fondamentalement la gouvernance électorale mise en place depuis 2002 afin d’aller vers des élections justes, transparentes et véritablement démocratiques et restaurer la démocratie profondément mise à mal au cours des 20 dernières années ;
4) Rétablir la République détruite par une gestion clanique de l’Etat et minée par le favoritisme, le clientélisme, la corruption généralisée, etc. ;
5) Réparer les injustices et les frustrations qui divisent les congolais depuis plusieurs décennies et réconcilier les Congolais entre eux.
Ce dialogue doit aboutir à l’établissement d’un compromis politique entre le pouvoir et l’opposition, compromis permettant d’aboutir à :
1) L’ouverture d’une période de transition ;
2) La formation d’un gouvernement et d’un parlement de transition ;
3) La construction des conditions permissives d’élections libres, transparentes et équitables ;
4) Le rétablissement de la paix civile sur toute l’étendue du territoire national et la libération sans conditions de tous les prisonniers politiques.
Ce dialogue serait une occasion pour les congolais de se parler enfin et de taire les rancœurs accumulées pendant de trop longues décennies. Il serait une occasion pour les congolais de réaliser enfin qu’ils ont un même destin sur cette terre que leur ont léguée leurs ancêtres. Il serait une occasion d’ouverture d’une nouvelle ère de paix et de concorde et de développement durable de ce pays qui n’a jamais su profiter de ses richesses à cause des querelles intestines liées à la veulerie d’un pouvoir politique totalement incompétent, irresponsable et sans idéal.
Comme nous l’avons déjà dit à maintes reprises, nous en appelons au Chef de l’Etat, afin qu’il fasse preuve d’un sens élevé de patriotisme et qu’il convoque sans délai, ce nouveau rendez-vous du Congo avec son histoire. Nous devons pour cela tourner le dos aux manipulations habituelles lorsqu’on parle de dialogue et créer un véritable espace d’échanges, d’écoute et de responsabilité.
Le peuple congolais a droit au respect, nous le félicitons pour le comportement qu’il a affiché face à la mascarade électorale organisée juste pour assurer la succession familiale. Mais il doit savoir que toutes les institutions qui sortiront de ces élections ne participeront que de cette vision manichéenne ; aussi nous l’appelons une fois de plus à demeurer vigilant et à rester mobilisé parce que la victoire finale pour l’instauration d’une réelle démocratie l’exige.
Le Collectif des partis de l’opposition congolaise se félicite de l’attention portée par la Communauté internationale à la situation du Congo et qui se refuse d’être complice d’un régime politique d’un autre âge. Nous l’invitons à mobiliser toutes ses énergies afin d’aider à trouver à travers un compromis politique la solution à la grave crise qui plombe le Congo.
Fait à Brazzaville, le 5 août 2017
Pour le Collectif des partis de l’opposition congolaise
Le Collège des présidents
@md