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Brazzaville : Rentrée politique du collectif des partis de l'opposition
Rencontre citoyenne
(…)le peuple congolais ne sera pas la victime expiatoire de la gestion calamiteuse de l’Etat par le pouvoir actuel. L’année 2017 ne sera pas pour le peuple congolais une année de résignation et d’acceptation passive de la politique d’austérité et d’extrêmes souffrances que le pouvoir veut lui imposer, pendant que ses dignitaires continuent de se construire des fortunes colossales, au moyen de la corruption, de la concussion, des détournements massifs des deniers publics et de l’appropriation personnelle des biens de l’Etat ( …)
photo Jean Itadi et Mathias Dzon @cpoc
La rentrée politique du Collectif des partis de l’opposition congolaise
Déclaration :
L’année 2016 a été pour les forces politiques et sociales œuvrant pour l’alternance démocratique et pacifique, ainsi que pour les couches populaires, une année funeste, marquée par une crise multidimensionnelle sans précédent : crise institutionnelle, crise électorale, crise politique, crise économique, crise financière, crise sociale, crise sécuritaire, crise morale.
Pour aider le peuple à comprendre les tenants et les aboutissants de cette crise globale, le Collectif se propose de développer dans les lignes qui suivent, les thématiques ci-après :
1.la réaction du Collectif des partis de l’opposition congolaise au message de vœux du chef de l’Etat du 31 décembre 2016 ;
2.la démocratie, l’Etat de droit et les droits fondamentaux ;
3. les aspects saillants de la crise économique et financière ;
4.l’appel au vivre-ensemble de tous les congolais : une nouvelle imposture du pouvoir ;
5. Quelles pistes de sortie de crise ?
I. Du message à la Nation du chef de l’Etat.
Dans son message de vœux à la Nation, décliné le 31 décembre 2016, le chef de l’Etat congolais n’a pas dit un seul mot sur les cinq préoccupations majeures des congolais aujourd’hui, à savoir, la crise du Pool, le déficit démocratique, la refondation de la gouvernance électorale à l’œuvre depuis 2002, la convocation du dialogue politique national inclusif, les conséquences sociales dramatiques pour les populations, de la politique néo-patrimoniale et gabégique qu’il a conduite tout au long des années fastes (2003-2014) de son dernier mandat constitutionnel, politique qui a généré la gravissime crise que le Congo connaît actuellement.
Alors que le peuple attendait qu’il annonce des pistes de sortie de crise, notamment, la levée du siège du Pool, la libération des prisonniers politiques, la convocation du dialogue inclusif, la promotion de mesures de solidarité nationale en faveur des couches populaires, le chef de l’Etat a invité les congolais à regarder la réalité en face et les a appelés à une union sacrée autour de sa personne, pour affronter dans la cohésion les difficultés et les peines à venir. En somme, il a demandé au peuple congolais d’accepter sans rechigner, les souffrances extrêmes que va entraîner pour lui, la politique de privation que le gouvernement se propose de promouvoir, tout en fermant les yeux sur les détournements des fonds publics et l’accumulation des comptes privés logés dans les paradis fiscaux, l’épargne budgétaire de près de 14 mille milliards de Fcfa de 2003 à 2014. En effet, le message du 31 décembre 2016, s’est articulé autour de deux mots clés : la rigueur et la vérité. Ecoutons à ce sujet, le chef de l’Etat.
(…) Sur le plan économique, nous avons affronté en 2016, une situation générale défavorable… La baisse continue des cours mondiaux du baril de pétrole a fortement dégradé les équilibres économiques et financiers de notre pays … Nos objectifs de développement, dans leur globalité, ont été revus à la baisse … La situation économique et financière de notre pays sera assurément plus rude en 2017 qu’elle ne l’a été en 2016. De ce fait, 2017 sera l’année de la rigueur et de la vérité. Rigueur et vérité pour l’adoption des mesures économiques plus fortes … Nous devons-nous mettre ensemble, dans la rigueur et la vérité, pour affronter dans la cohésion les difficultés et les peines à venir (…)
Comme on peut le constater, pour le président de la République, la rigueur et la vérité constituent la réponse nationale à la crise actuelle. Mais qu’est-ce que la rigueur ? Qu’est-ce la vérité ? La rigueur est pour lui, la politique d’austérité, pudiquement baptisée "mesures économiques plus fortes" que le pouvoir se propose de mettre en œuvre et dont les premières victimes seront inévitablement les couches populaires. Quant à la vérité, elle est selon lui, l’obligation pour le peuple congolais de comprendre que le pays est en crise et d’accepter aveuglement les difficultés et les peines occasionnées par la politique d’austérité du pouvoir.
L’appel émouvant à la rigueur, à la vérité et à l’union sacrée de tous les congolais devant l’adversité, lancé par le chef de l’Etat, inspire au Collectif des partis de l’opposition congolaise, plusieurs observations. Par économie de temps, nous en formulerons seulement neuf :
1. Quelle rigueur et quelle vérité peut-on attendre d’un pouvoir dont les tenants ont fait de la corruption, de la concussion, de l’enrichissement illicite, de l’appropriation personnelle des biens publics, de l’opacité, du népotisme, de la préférence ethno-régionale, du favoritisme, du clientélisme et de l’impunité, les principaux mécanismes de gestion de l’Etat ?
2. De quelle rigueur et de quelle vérité, le président de la République parle-t-il, lorsque contrairement aux dispositions constitutionnelles qui stipulent que "tout citoyen, élu ou nommé à une haute fonction, est tenu de déclarer son patrimoine lors de sa prise de fonction et à la cessation de celle-ci", aucun acteur congolais, promu à un poste de responsabilité n’a, ni déclaré son patrimoine, ni n’est déchu de ses fonctions pour ce motif ?
3. De quelle rigueur et de quelle vérité, le président de la République parle-t-il, lorsque les conflits d’intérêt sont légion au Congo, alors que la Constitution dispose :"Durant leurs fonctions, le président de la République et les ministres ne peuvent par eux-mêmes ou par intermédiaires, ni rien acheter, ni rien prendre en bail qui appartienne au domaine de l’Etat. Ils ne peuvent prendre part aux marchés publics et aux adjudications pour les administrations ou les institutions dans lesquelles l’Etat a des intérêts". Or, aujourd’hui de nombreux détenteurs d’une position de pouvoir ont, soit acheté, soit pris en bail des pans entiers du patrimoine de l’Etat, soit conclu des marchés avec les administrations ou les entreprises dont ils ont la charge, et ce, en toute impunité.
4. De quelle rigueur et de quelle vérité, le président de la République parle-t-il, lorsque sous son règne, les crimes de corruption, de concussion, les détournements massifs des deniers et des biens publics sont opérés à grande échelle sans qu’un seul auteur de ces crimes ne soit inquiété ? Tenez par exemple : le secrétaire général du PCT qui n’occupe aucune fonction dans l’Etat, émarge au Trésor public et perçoit chaque mois, un salaire de ministre d’Etat, soit 17 millions de Fcfa. Il en va de même des autres membres du bureau politique du PCT qui perçoivent eux, un salaire de ministre, soit 15 millions de Fcfa. La rigueur proclamée exige que le ministre des Finances leur établisse un ordre de recettes pour qu’ils restituent au Trésor public, les sommes indûment perçues par ces responsables politiques qui ne servent pas l’Etat, mais se servent.
5. De quelle rigueur et de quelle vérité, le président de la République parle-t-il, lorsque tous les marchés publics relatifs aux "municipalisations accélérées" sont attribués de gré à gré aux membres de la famille régnante et aux entourages immédiats des hommes au pouvoir (épouses, maîtresses, enfants, frères, neveux, amis, prête-noms) qui, non seulement perçoivent des avances substantielles des coûts des marchés ou parfois même la totalité de ces coûts, mais ne réalisent pas les marchés obtenus ou laissent des éléphants blancs, le tout, en toute impunité ?
6. De quelle rigueur et de quelle vérité, le président de la République parle-t-il, lorsque les excédents budgétaires extériorisés depuis 2003 et qui se chiffrent à près de 12 mille milliards de Fcfa selon les estimations du FMI, ont pris la direction des paradis fiscaux et sont logés dans des comptes appartenant à certains hauts dignitaires du pouvoir ou à leurs prête-noms ? La rigueur proclamée commande que tous ceux qui ont dissimulé et logé l’argent public dans leurs comptes privés, ouverts dans des pays étrangers ou dans des paradis fiscaux, soient sommés de rapatrier immédiatement au Congo cet argent pour le compte du Trésor public. On ne badine pas avec l’utilisation de l’argent public.
De même, l’exercice de la vérité oblige le pouvoir à dire au peuple congolais, quel est aujourd’hui, le montant exact du compte de stabilisation des recettes budgétaires et celui du compte des réserves pour générations futures, comptes ouverts dans les écritures de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale -BEAC- à Brazzaville. Dans la même veine, la vérité proclamée oblige le pouvoir à dire au peuple, quels sont les 60 citoyens congolais dont les noms ont été cités dans le scandale des Panama papers et quel sort il entend leur réserver ?
7. De quelle rigueur et de quelle vérité, le président de la République parle-t-il, lorsque l’humiliation subie récemment par lui aux USA demeure inexpliquée. La vérité proclamée commande que le pouvoir dise au peuple ce qui s’est passé aux USA, quels sont les responsables de ce fiasco diplomatique sans équivalent dans l’histoire du Congo et quelles sanctions il envisage de leur infliger ?
8. De quelle rigueur et de quelle vérité, le président de la République parle-t-il, lorsque les institutions constitutionnelles (Parlement, Cour constitutionnelle, Cour suprême, Cour des comptes et de discipline budgétaire, Commission nationale des droits de l’homme, Conseil supérieur de la liberté de communication) ne remplissent pas leur office et se sont transformées en caisses de résonance du pouvoir exécutif qui se délecte de cette situation ?
9. De quelle rigueur et de quelle vérité, le président de la République parle-t-il, lorsque l’on sait qu’un brouillard épais couvre la crise du Pool et que le pouvoir se refuse systématiquement à dire au peuple qui attaque qui dans cette partie du territoire de notre pays ? Le peuple congolais a le droit de savoir ce qui se passe réellement dans le Pool.
En tout état de cause, contrairement à ce qu’a souhaité le chef de l’Etat dans ses vœux à la Nation, le peuple congolais ne sera pas la victime expiatoire de la gestion calamiteuse de l’Etat par le pouvoir actuel. L’année 2017 ne sera pas pour le peuple congolais une année de résignation et d’acceptation passive de la politique d’austérité et d’extrêmes souffrances que le pouvoir veut lui imposer, pendant que ses dignitaires continuent de se construire des fortunes colossales, au moyen de la corruption, de la concussion, des détournements massifs des deniers publics et de l’appropriation personnelle des biens de l’Etat. L’appel à la rigueur et à la vérité lancé par le président de la République n’est qu’un paravent destiné à masquer la politique d’austérité et de souffrances que le pouvoir veut imposer au peuple, alors que ses tenants et ses obligés continuent de vivre dans le luxe et l’opulence. Deux poids, deux mesures.
Au lieu de soumettre le peuple à des souffrances atroces, le pouvoir a l’obligation ardente de prêcher par l’exemple, en renonçant à ses privilèges exorbitants, en supprimant les dépenses d’apparat, en réduisant au strict nécessaire les missions extérieures, en s’imposant une discipline budgétaire stricte, en promouvant la transparence financière et la transparence politique, en luttant effectivement contre la corruption, la concussion, l’enrichissement sans cause et l’impunité, en rapatriant au Congo l’argent public logé dans des comptes privés à l’étranger.
Pour le Collectif des partis de l’opposition congolaise, 2017 doit être placée sous le signe de la sortie de crise, de la sécurisation du pays à travers la restauration de la paix civile sur toute l’étendue du territoire national en général, sur toute l’étendue du territoire du Pool en particulier, du rétablissement des valeurs de la démocratie et de la République, de la construction des conditions permissives d’élections libres, transparentes et équitables, de la solidarité nationale à l’égard des couches défavorisées, de la réconciliation des congolais, du dialogue national inclusif.
II. De la démocratie, de l’Etat de droit et des droits fondamentaux
C’est enfoncer des portes ouvertes que de rappeler que la démocratie, c’est le pluralisme des courants de pensée et d’opinion, c’est la diversité, c’est-à-dire, la reconnaissance et l’acceptation des différences, l’expansion des libertés fondamentales, la garantie des droits civiques, politiques, économiques, sociaux et culturels des citoyens, l’égalité de tous devant la loi, l’éligibilité comme mode de désignation des dirigeants, la transparence des élections, l’alternance pacifique, la limitation des mandats qui implique que tout mandat à vie soit proscrit, la collégialité qui exige que les pouvoirs ne soient pas concentrés dans les mains d’un seul individu, mais répartis entre plusieurs acteurs, avec un système de contrôle, des contrepoids, des garde-fous, l’existence des contre-pouvoirs forts, la séparation réelle des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, l’indépendance effective de la justice, le contrôle institutionnel sur les acteurs chargés de l’autorité, etc. photo Christophe Moukoueke @cpoc
Dans son ouvrage intitulé : "qu’est-ce que la démocratie ?", Alain Touraine souligne que "la démocratie est le régime qui est capable de gérer, dans le cadre de la loi, le plus haut niveau possible de diversité. Elle offre aux hommes et aux femmes la possibilité d’épanouir leurs libertés au sein d’un système politique".
Dans le même esprit, Amartya Sen, prix Nobel d’économie en 1998 écrit : "la démocratie fait partie intégrante du développement envisagé comme un processus d’expansion des libertés réelles dont les personnes peuvent jouir. De cette façon, l’expansion des libertés constitue à la fois, la fin première et le moyen principal du développement".
En effet, la liberté est le bien le plus précieux d’un être humain.
Tout homme a besoin de liberté pour s’épanouir et agir. Supprimer la liberté d’un individu, c’est supprimer un bien qui lui est nécessaire. Les textes organiques du Congo reconnaissent à chaque congolais la liberté de penser, d’expression, d’association, de réunion, de cortège et de manifestation pacifique.
Le droit à la différence et la tolérance politique constituent deux autres piliers de la démocratie, car, les sociétés humaines sont par essence plurielles. La diversité est leur première caractéristique. Chaque individu est particulier, c’est-à-dire différent d’un autre. Aussi, l’acceptation, le respect et l’écoute de l’autre tel qu’il est, sont-ils des marqueurs d’un Etat démocratique. La libre expression de la différence est un droit inaliénable de l’homme et un facteur de dynamisme. Pour un pays, les différences sont une formidable richesse.
Au Congo, la conférence nationale souveraine de 1991 avait aboli le régime monopartiste et la pensée unique. Elle avait restauré le pluralisme politique et consacré l’existence dans notre pays de plusieurs partis politiques concurrents, la garantie des libertés fondamentales et des droits de l’homme et du citoyen, le pluralisme et la liberté de la presse, la tolérance politique, la compréhension et le respect mutuel.
Dès lors, les violations massives des droits civiques et politiques opérées par la pouvoir, particulièrement depuis l’élection présidentielle anticipée du 20 mars 2016, violations marquées entre autres, par les arrestations et les emprisonnements pour délit d’opinion de plusieurs responsables et militants de l’opposition, les enlèvements, la torture, les procès fabriqués, le harcèlement des forces politiques et sociales œuvrant pour l’alternance démocratique, l’empêchement des activités des partis de l’opposition, les restrictions à la liberté d’aller et de venir, la censure et l’interdiction des journaux indépendants, la caporalisation des médias publics à des fins de propagande, l’instrumentalisation des institutions constitutionnelles, l’inféodation de la justice au pouvoir exécutif, le maintien sur toute l’étendue du territoire national de l’état de siège institué avant le référendum constitutionnel du 25 octobre 2015, les destructions de villages et les razzias dans le département du Pool, l’érection de barricades policières le long des routes nationales 1 et 2, tout cela constitue une grave régression dans la marche de notre pays vers la civilisation de la démocratie.
Le Collectif des partis de l’opposition congolaise rappelle que dans une démocratie, il y a un pouvoir qui gouverne et une opposition qui remplit une fonction tribunitienne qui consiste à critiquer les aspects négatifs de la politique du pouvoir et à proposer des politiques alternatives. Le dialogue entre ces deux composantes de la classe politique est au cœur de toute société démocratique. Les conflits naissent presque toujours de l’absence ou de la rupture du dialogue entre le pouvoir et l’opposition et ils ne finissent par se régler que par le dialogue et la réalisation d’un compromis acceptable par les deux parties. L’exemple récent de la RDC devrait inspirer le pouvoir congolais.
Notre pays, meurtri hier par des guerres civiles à répétition a besoin aujourd’hui d’apaisement et non pas d’une nouvelle guerre fratricide. Notre peuple aspire ardemment à la paix véritable, à la sécurité et à l’exercice d’une vraie démocratie. Cela passe par un compromis politique dynamique entre le pouvoir et l’opposition, compromis à construire au cours d’un vrai dialogue national inclusif. La grave crise institutionnelle, politique, électorale, sécuritaire et morale que connait le Congo et sur laquelle se greffe actuellement une crise économique et financière sévère aux effets dramatiques pour le peuple, oblige tous les acteurs politiques à privilégier l’intérêt général, à placer le Congo au-dessus de tout et à se départir de toute démocratie de façade qui n’a pour seul but que le gouvernement éternel et partant, la confiscation à vie du pouvoir du peuple par des minorités qui parviennent à s’octroyer, par des élections truquées et par la force brutale, un pouvoir illégal et illégitime.
III. Aspects saillants de la crise économique et financière
Le Congo traverse aujourd’hui une crise économique et financière profonde avec bien sûr de graves conséquences sociales. Ce constat sans appel a été validé par la dernière mission du FMI de novembre 2016 qui dans son rapport a indiqué : "il est urgent de remédier aux graves déséquilibres macroéconomiques en recalibrant la politique budgétaire pour réduire la demande d’importations et freiner ainsi l’hémorragie des réserves internationales."
A contre-courant du semblant d’optimisme qu’affiche le gouvernement congolais qui feint d’ignorer la réalité de la grave crise qui traverse notre pays, le FMI a mis à nu les principaux indicateurs de cette crise, à savoir :
- un essoufflement des activités en 2016 sur fond d’incertitudes avec une faible croissance de 2,3% ;
- une forte inflation de 4% en glissement annuel, mais atteignant 12,1% pour les prix des produits non exportés, c’est-à-dire ceux qui concernent particulièrement le panier de la ménagère, disons de l’écrasante majorité des congolais ;
- un déficit budgétaire global qui s’est considérablement creusé en 2015(18,8% du PIB), qui a persisté en 2016 et qui subsistera en s’aggravant en 2017 ;
- une forte détérioration des termes de l’échange expliquant à la fois le repli du PIB nominal et l’envolée de la dette publique totale à 74,8 % du PIB en 2015 et à 80% en 2016 contre 20,5% en 2010, année d’atteinte du point d’achèvement de l’IPPTE.
Nous l’avons dit et écrit : avec la baisse drastique des cours du baril de pétrole, les entreprises des secteurs pétroliers et des BTP ferment en chaîne, jetant à la rue de nombreux travailleurs qui viennent ainsi gonfler l’armée déjà impressionnante des chômeurs. La liquidité générale de l’économie s’est fortement rétrécie, entraînant celle des banques dans son sillage, ce qui est une menace directe de la vie de ces banques.
Si le pétrole est malade par ses bas prix, l’économie congolaise est quant à elle, malade du fait de la mal-gouvernance et parce qu’elle ne repose que sur ce seul produit, les autres secteurs ayant été abandonnés depuis belle lurette, notamment, l’agriculture, avec le café, l’huile de palme, le cacao et le bois qui ont constitué les majeurs de l’économie congolaise pendant des années.
Pendant que la crise s’approfondit, le gouvernement ne prend aucune mesure salvatrice devant la détresse financière, l’accumulation des arriérés de paiements courants dont les salaires, les pensions des retraités et les bourses des étudiants, sans parler du blocage des services sociaux de base. Il se réfugie dans des fuites en avant et se complait dans des slogans creux et démagogiques comme : "l’émergence en 2025" ; "la marche vers le développement". Dans cette tourmente, le budget de l’Etat exercice 2017 vient ajouter sa part de flou et d’incertitudes.
En effet, ce budget qui a été élaboré dans la pleine tempête de la crise, semble avoir été établi sans que les leçons nécessaires aient été tirées de l’exécution des budgets antérieurs et des évolutions inquiétantes des principaux paramètres économiques. Son adoption par le parlement n’a pas tenu compte des observations et recommandations judicieuses du FMI. Ainsi donc, il a été arrêté en dépenses et en ressources à la somme de 2 779,3 milliards de Fcfa, en contraction de 24,37% par rapport à celui de 2016, arrêté à 3 608,73 Mds Fcfa, ceci donc avec un déficit de 426,58 Mds Fcfa, contre un déficit de 298,25 Mds Fcfa en 2016, sans aucune indication sur son financement.
L’on sait qu’en 2015, année où la crise n’avait pas encore atteint le pic d’aujourd’hui, les ressources totales reçues par le Trésor public n’ont été que de 1 490,8 Mds Fcfa (note DG du trésor numéro 872, octobre 2016). A l’époque, les recettes pétrolières ressortaient à 552 Mds Fcfa, les impôts directs, indirects, mixtes, à 776 Mds Fcfa et les droits et taxes de douane, à 148,4 Mds Fcfa.
Alors, par quel miracle, au cours de l’année 2017, année déclarée plus difficile par le chef de l’Etat lui-même dans son allocution de fin d’année, le pouvoir entend-t-il enregistrer quelques progrès en dehors des recettes pétrolières estimées en repli à 475,9 Mds Fcfa ? Les recettes des impôts et de la douane estimées respectivement à 804,6 MdsFcfa et 210 Mds Fcfa paraissent vraiment irréalistes, car d’où viendraient ces nouveaux contribuables au moment où les entreprises ferment, où le chômage s’accroit et où le commerce extérieur du Congo s’est contracté déjà d’au moins 45% ? La montée en puissance de certains champs pétroliers comme Moho-bilondo, phase 1 bis et Lianzi, ainsi que l’entrée en production de Moho-Nord, ne permettent pas d’expliquer ces augmentations, les recettes pétrolières elles-mêmes étant prévues en fort repli.
Aucune mesure d’ajustement et d’assainissement mais aussi de relance ne ressort de ce budget. Comment avec des charges de personnel qui atteignent la rondelette somme de 37,59 Mds Fcfa par mois, le pouvoir entend-il redresser la barre lorsque l’on sait qu’il entretient par ailleurs un état de guerre dans le Pool, un état de siège sur l’ensemble du territoire national, et recrute massivement, mercenaires et miliciens.
En fait, le pilotage à vue qui a permis et permet encore tous les coulages et toutes les dissimulations se poursuit. La famille régnante a fait main basse sur les ressources pétrolières à travers une gestion chaotique et opaque de la SNPC et de ses filiales, sans oublier les multiples dérives du ministère dit des grands travaux, un vrai tonneau des danaïdes.
Contrairement à ce que prétend le pouvoir, la crise économique et financière qui plombe le Congo n’est pas simplement la conséquence de la baisse des prix pétroliers. Elle est surtout le résultat d’une gouvernance clanique chaotique et désastreuse, comme en témoignent les observations du FMI et les projections du budget 2017.
Mais une question se pose toujours. Où sont passés les excédents budgétaires extériorisés de 14 000 Mds Fcfa de 2003 à 2014 ? Si l’énorme ardoise chinoise a englouti par compensation partielle les 3 900 Mds Fcfa qui étaient en dépôt en Chine, il y a ce solde de près de 11 000 Mds Fcfa dont il faut retrouver la trace.
Par ailleurs, tel qu’il est composé et tel qu’il fonctionne, le gouvernement actuel n’est pas capable de conduire le redressement économique et financier du pays, surtout en ce moment où, parallèlement à la crise économique et financière, le Congo traverse d’autres crises aussi graves, particulièrement la crise politique, née du coup d’Etat constitutionnel des 25 octobre et 6 novembre 2015 et du coup de force électoral du 20 mars 2016, la crise sécuritaire avec la guerre ravageuse du Pool et l’état de siège institué sur l’ensemble du territoire national.
Au total, la crise économique et financière qui traverse le Congo est gravissime. Pour en sortir et retrouver les équilibres nécessaires, il faut un changement de cap qui postule une politique résolument novatrice, fondée sur la diversification réelle des secteurs et la bonne gouvernance. Là est le sens du combat que mène aujourd’hui le Collectif des partis de l’opposition congolaise, combat auquel il convie tous les congolais épris de justice et de paix, d’une part, pour arrêter les ravages de la politique actuelle et la paupérisation continue des populations, et d’autre part, pour jeter les bases d’une économie plus forte et diversifiée, en vue de la prospérité, du bien-être pour chaque congolais et pour tous les congolais.
IV. L’appel au vivre-ensemble de tous les congolais : une nouvelle imposture du pouvoir
Dans sa volonté obstinée de contourner coûte que coûte le dialogue politique national inclusif qu’il assimile à une conférence nationale bis et qu’il redoute comme la peste, le pouvoir congolais a lancé sur le marché politique, le 10 août 2016, à l’hôtel Radisson Blu, un nouveau produit : le vivre-ensemble. Depuis, ses appareils idéologiques bruissent à longueur de journée de ce concept et appellent de façon ininterrompue les congolais (toutes tendances politiques confondues) à se ranger derrière le président de la République, pour "l’accompagner dans l’œuvre de construction d’une Nouvelle République, en rupture totale avec les conceptions, les mentalités, les pratiques politiques et sociales d’hier et d’aujourd’hui".
Mais qu’est-ce que le vivre-ensemble ?
Comme chacun le sait, le concept de "vivre-ensemble" a une longue histoire. Avant d’en débattre, la logique veut que l’on précise sa définition, les conditions de sa traduction en actes concrets et ce qu’il faut faire aujourd’hui, pour que le "vivre-ensemble" devienne une réalité palpable, toutes choses non encore explicitées par les initiateurs de l’idée du vivre-ensemble.
4.2. Le vivre-ensemble : essai de définition
Il sied d’abord de rappeler que le concept de vivre-ensemble est inséparable de l’idée de nation et ne peut se comprendre qu’une fois mis en relation avec cette idée. Il se pose dès lors la question : qu’est qu’une nation ?
Au cours de son histoire, le mot nation n’a pas eu de tout temps la même signification ; son sens a varié avec les époques et selon les situations. A l’origine, ce mot a désigné l’ensemble des habitants d’un même territoire. Puis, le mot nation a pris des sens différents suivant les époques et les situations spécifiques. De nos jours, une nation désigne un groupe humain, caractérisé par une communauté de territoire, de langue, de culture, de valeurs, de normes, de croyances, de coutumes, de manières de vivre, mais surtout, par le désir conscient et partagé de tous les citoyens de vivre en parfaite cohésion, malgré leurs différences. Le fondement d’une nation réside dans la volonté de l’ensemble de ses citoyens de s’accepter mutuellement et de cohabiter pacifiquement par-delà leurs différences. Renan, un des théoriciens majeurs de l’idée de nation, définissait la nation comme étant le "plébiscite de tous les jours", c’est-à-dire, le consensus ou le consentement quotidien des citoyens.
Le concept de vivre-ensemble désigne le vouloir-vivre collectif d’une communauté nationale, c’est-à-dire, le désir conscient et partagé des citoyens d’un pays de fonder une communauté politique et de participer à la vie de la cité. Une nation présuppose une volonté et un but commun : là où les hommes ne reconnaissent pas un principe commun, en l’acceptant dans toutes ses conséquences, là où il n’existe pas d’identité de vues sur les fins à poursuivre, il ne peut y avoir de "vivre-ensemble". Le vouloir-vivre collectif sans lequel il n’y a pas de nation, repose sur certaines réalités objectives et sur certaines facilités matérielles.
4.2. Les conditions sans lesquelles il ne peut pas y avoir le vivre-ensemble
L’idée de nation est étroitement liée aux idéaux de démocratie et d’équité sociale. Elle s’épanouit au sein d’un Etat démocratique. Il y a une étroite relation entre la construction de la nation et celle de la démocratie. En fait, il n’y a de vivre-ensemble réel que là où il y a véritablement démocratie. Le pacte républicain lui-même repose sur les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, de tolérance politique, d’équité sociale et de protection des droits humains. Là où il y a des bourreaux qui règnent sur leurs victimes et où l’oppression est la règle, il n’y a point de vivre-ensemble. Il en va de même dans une société inégalitaire où la plus grande fortune côtoie la plus grande misère, où le palais de marbre côtoie le taudis et où une minorité de possédants se vautre dans l’opulence, pendant que la grande majorité de la population survit en dessous du seuil de pauvreté.
Le vivre-ensemble postule donc l’existence d’un Etat de droit et d’une croissance économique qui profite à tous les citoyens et favorise le bien-être politique, économique, social, culturel et environnemental de chaque congolais et de tous les congolais. Les injustices et les inégalités sociales divisent les congolais, les dressent les uns contre les autres, minent le pacte social et mènent à l’exclusion sociale et au conflit.
Le vivre-ensemble exige l’expansion des libertés fondamentales, l’égalité de tous les citoyens devant la loi, la protection réelle des droits de l’homme et du citoyen, la justice sociale, la paix civile, le respect de la dignité humaine, la sécurité et l’intégrité physique des citoyens, le rejet du népotisme, de la préférence ethno-régionale, du noyautage partisan des postes de responsabilité au sommet de l’Etat, du favoritisme, etc. Sans ces fondamentaux, il n’y a pas de vivre-ensemble possible. C’est à l’aune de ces principes que se mesure le vivre-ensemble réel.
Qu’est-ce que le "vivre-ensemble" quand 20 ans après la guerre du 5 juin 1997, il n’y a pas de véritable réconciliation nationale, pas de vérité, pas de justice et pas de réparation pour les victimes de ces tristes événements ? Avons-nous conscience qu’il y a encore des exilés liés à la guerre de 1997 ? Avons-nous conscience que les victimes de la guerre de 1997 n’ont tous connu, ni justice véritable, ni réparation d’aucune sorte ? Avons-nous conscience que ni le Beach, ni les couloirs humanitaires n’ont à ce jour révélé toute leur vérité ?
Avons-nous conscience que de nombreux citoyens ont vu leurs biens être détruits ou spoliés et ne sont toujours pas indemnisés ? Avons-nous conscience que les frustrations, le mépris, les injustices et les inégalités sont d’importantes sources de conflit ? Avons-nous conscience que la paix et la vérité ne sont pas des slogans, mais des actions et des pratiques quotidiennes ? Comment parler de vivre ensemble lorsque la guerre du Pool brûle à nos portes ? Où est le "vivre-ensemble" quand de nombreux congolais croupissent aujourd’hui dans les prisons du pouvoir pour leurs opinions politiques ?
Le "vivre-ensemble" n’est possible que dans le cadre d’une nation et d’une République dans lesquelles les citoyens ont les mêmes droits devant la loi, les mêmes devoirs, les mêmes chances d’émancipation et de progrès social. Qui peut croire qu’il y a "vivre-ensemble" dans un pays où l’argent public est accaparé par un seul clan politique ou une seule famille biologique ? Qui peut croire qu’il y a "vivre-ensemble", quand le pétrole, source principale de nos ressources financières, est le monopole d’un homme, de sa famille et de son clan ? Qui peut croire qu’il y a un "vivre-ensemble" entre ceux qui ont tout et contrôlent tout, et ceux qui n’ont rien et qui sont réduits en simples spectateurs de la gabegie ?
Peut-il y avoir de vivre-ensemble quand le népotisme, la préférence ethno-régionale sont érigés en critères de gestion de l’Etat et que les nominations aux postes stratégiques de l’Etat, touchant notamment à la sécurité nationale et aux finances publiques se font essentiellement sur la base de l’appartenance familiale ou ethno-régionale ? Tenez ! Les ministres de la Défense, de l’Intérieur, des Finances, des Grands travaux, des mines, le chef d’état-major général des Forces armées, le Directeur des opérations militaires, le secrétaire général du Conseil national de sécurité, le Directeur général de la police nationale, le commandant de la gendarmerie nationale, le commandant de la garde républicaine, le Directeur général de la sécurité présidentielle, le président du Conseil d’administration, le Directeur général, le Directeur général-adjoint, chargé de l’aval pétrolier, le Directeur général-adjoint chargé de la comptabilité et des Finances de la SNPC, le Directeur général des marchés publics, le Directeur général des Impôts, le Directeur général de la Douane, le Directeur général du Trésor, le Directeur du port autonome de Pointe-Noire, le Directeur général de la radio-télévision nationale, etc, appartiennent tous à la famille ou à l’ethnie du président de la République !!
Ne nous mentons pas à nous-mêmes et puisqu’on parle de vérité, parlons-en. A qui ferait-on croire que la compétence est devenue l’apanage des seuls originaires d’un département ou des seuls membres d’une famille ou d’une ethnie donnée ? Qui peut croire que ceux qui dirigent n’ont pas conscience que leurs pratiques népotiques et ethno-régionalistes exacerbées sont une source importante d’exclusion sociale des autres congolais et que l’exclusion ne peut féconder ni la paix, ni le vivre-ensemble, ni la nation dans la rigueur et la vérité. Les coups d’Etat constitutionnels, les coups de force électoraux, le recours à la violence sous quelque forme que ce soit, l’oppression et la répression ne sont pas des solutions aux crises qui traversent actuellement le Congo.
Pour aller vers un "vivre-ensemble" réel, il faut mettre en place un pacte pour la démocratie, l’Etat de droit et les droits fondamentaux des citoyens. Cela ne peut résulter que d’un consensus national et n’est possible que dans le cadre d’un véritable dialogue national inclusif qui traitera de tous les maux qui minent actuellement le Congo. C’est à ces conditions et à ces conditions seulement, que seront ouvertes les portes d’un vrai « vivre-ensemble » des Congolais.
V. Quelles pistes de sortie de crise ?
Comme nous l’avons dit et écrit à maintes reprises, pour sortir le Congo de la grave crise multidimensionnelle actuelle, il n’y a qu’une seule solution viable : l’organisation d’un véritable dialogue politique national, placé sous l’égide de la communauté internationale. Pour être productif, ce dialogue doit réunir sans exclusive toute la classe politique congolaise et se donner comme objectifs de :
- apaiser le climat d’extrême tension qui prévaut dans le pays ;
- apporter une solution politique à la crise du Pool
- revoir fondamentalement la gouvernance électorale à l’œuvre depuis 2002 avant d’organiser une quelconque autre élection au Congo ;
- restaurer la démocratie profondément mise à mal au cours des dernières années ;
- rétablir la République compromise par une gestion clanique de l’Etat, le favoritisme, le clientélisme, la corruption généralisée, etc ;
- réparer les injustices et les frustrations ;
- réconcilier les Congolais entre eux ;
- construire un compromis politique entre le pouvoir et l’opposition, compromis visant à promouvoir l’ouverture d’une période de transition, la formation d’un gouvernement et d’un parlement de transition, la construction des conditions permissives d’élections libres, transparentes et équitables au Congo, le rétablissement de la paix civile sur toute l’étendue du territoire national en général, sur toute l’étendue du territoire du Pool en particulier, la libération de tous les prisonniers politiques.
Ainsi conçu, le dialogue national inclusif sera préparé par un Comité composé de façon paritaire de représentants de toutes les parties prenantes. Ce Comité aura pour missions de :
1- définir l’objectif général et les objectifs spécifiques ;
2- élaborer :
- le projet d’ordre du jour ;
- le projet de calendrier du déroulement des travaux ;
- le projet de règlement intérieur du dialogue ;
- l’avant-projet d’accord politique ;
- le projet du budget du dialogue ;
- le projet de Charte de la transition ;
- le projet d’engagement solennel à respecter les engagements pris et la parole donnée ;
3- proposer :
- le nombre, le statut et la liste des participants ;
- la composition du présidium, du secrétariat et de la police des travaux ;
- la structure et la répartition des membres du gouvernement de transition ;
- le nombre et la répartition des membres du Conseil national de transition.
Dans le climat d’extrême tension qui prévaut actuellement au Congo, le dialogue national inclusif constitue assurément un passage obligé qui permettra à notre pays de sortir de façon pacifique et durable de la crise qui le plombe aujourd’hui et d’éviter au peuple congolais, de nouvelles guerres fratricides, comme ce fut le cas en 1958-1959 ; en 1993-1994 ; en 1997, 1998 et 1999.
Le dialogue national inclusif est aujourd’hui un impératif catégorique. Les congolais, divisés par plusieurs années de querelles et d’affrontements sanglants, ont besoin de se parler. Au nom des milliers de morts que la barbarie politicienne a ôté de l’affection de leurs proches, au nom des milliers d’orphelins innocents, au nom des milliers de veufs et de veuves désemparés, au nom des milliers de personnes qui ont tout perdu et qui vivent oubliées dans la maladie et le dénuement le plus total, les congolais ont besoin de se parler. Ils ont besoin de se rappeler qu’ils sont fils d’un même pays et qu’ils ont un même destin sur la terre sacrée de leurs ancêtres. Dans cette perspective, le dialogue national inclusif est un acte fondateur pour l’avenir du Congo.
Il incombe alors au président de la République, de faire preuve d’un sens élevé de patriotisme et de convoquer sans délai, ce nouveau rendez-vous du Congo avec son histoire, qu’est le dialogue national inclusif. En vue d’une tenue apaisée de ce dialogue, il est impératif que tous les détenus politiques soient libérés, que l’état de siège de fait instauré sur toute l’étendue du territoire national en général, du département du Pool en particulier, soit levé, que les libertés fondamentales et les droits humains soient rétablis. Le dialogue national inclusif doit être un forum d’échanges, d’écoute et de responsabilité et non pas une arène où les gouvernants écrasent les gouvernés et où de nouvelles rancœurs viennent s’ajouter aux anciennes. Il constitue le meilleur espace politique de construction des conditions permissives de la réconciliation et d’un vrai vivre-ensemble des congolais.
En définitive, nous devons tous savoir que le Congo est un bien commun et un patrimoine de tous les congolais. Nous lui voulons tous du bien. Le Congo a forcément besoin de toutes ses filles et de tous ses fils, de l’intelligence, du savoir, du savoir-faire et du savoir-être de tous. Dans cet esprit, le chef de l’Etat a le devoir d’écouter tous les congolais sans distinction d’origine, de sexe, de religion ou d’idéologie ; son devoir est de donner la priorité au Congo et à l’intérêt général, de garantir l’unité et la concorde nationales, la paix civile, la sécurité des citoyens, le bien-être politique, économique, social, culturel et environnemental du peuple. Dans une démocratie, le point de vue du contre-pouvoir qu’est l’opposition, doit être pris en compte. Il faut que le pouvoir comprenne et accepte la nécessité du dialogue. Cela permettra de décrisper le climat politique dans le pays et ouvrira les portes au vrai "vivre-ensemble" des congolais.
C’est ici le moment pour le président de la République de prendre en compte les bons conseils du Cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat de Vatican, dans son homélie du vendredi 3 février 2017, qui recommandait la nécessité de la réconciliation nationale, de l’unité, de la justice, de la tolérance, de la paix et de l’Amour entre les congolais à travers un dialogue national inclusif.
Fait à Brazzaville, le 13 février 2017
Pour le Collectif des partis de l’opposition congolaise --- Le Collège des présidents