Louis Aliot député de la République française alerte Edouard Philippe premier ministre de la République française sur la situation des opposants politiques au Congo-Brazzaville et les persécutions subies.
"J'alerte depuis déjà longtemps les dirigeants français -lorsque j’étais parlementaire européen- sur la situation catastrophique des libertés politiques et démocratiques ainsi que sur les atteintes aux droits de l'Homme dans ce pays pourtant ami de la France.
Après un référendum douteux et des élections présidentielles suspectes en ce qui concerne les résultats, le pouvoir en place à Brazzaville a multiplié les arrestations arbitraires de pratiquement tous les opposants politiques qui se sont présentés à ces élections. Assignations à résidence, surveillance généralisée et même détentions arbitraires avec à la clef un véritable procès de Moscou pour le Général Mokoko, ancien Saint-Cyrien, dont tout porte à croire qu'il a été le véritable vainqueur de l'élection présidentielle.
J'ai aussi alerté sur la situation dramatique dans la région du Pool où des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées et dont beaucoup ont été victimes d'exactions et de violences de la part de l'armée gouvernementale comme la presse l’a relaté non sans difficultés. Il semble que pour les occidentaux, les victimes n'aient pas la même valeur au Congo qu'en Libye ou en Syrie et que les réponses des gouvernements soient à géométrie variable en fonction des « amis » au pouvoir. Il faudra un jour chercher à savoir pourquoi.
Si la France ne pouvait s'immiscer dans le processus électoral d'une nation étrangère, elle se devait en revanche de rappeler les principes démocratiques élémentaires et user de son influence pour protéger les droits de l'opposition, les droits de l'Homme, comme elle sait si bien le faire dans d'autres endroits du globe et dans d'autres situations.
Il est urgent d’agir et urgent de demander des explications au gouvernement congolais. Il est même impératif, monsieur le premier ministre, d’intervenir énergiquement auprès de celui-ci afin de lui montrer que la France n’entend pas tolérer ces atteintes graves aux libertés humaines et aux principes démocratiques.
Après la suspicion de corruption qui pèse sur de grands groupes français en Afrique, nous nous honorerions à défendre les populations civiles qui souffrent toujours plus des violences d’État et des conséquences d’une politiques économique désastreuse qui conduira à la faillite, et peut-être au chaos. Nous nous honorerions à demander la libération immédiate des prisonniers politiques et la fin des persécutions.
C’est à ce prix que la France retrouvera une crédibilité auprès des amis africains qui nous regardent. L’Afrique de demain sera un continent très important pour notre propre sécurité et notre prospérité. Il est temps de changer nos priorités, de rompre de vieilles relations douteuses pour faire confiance à une jeunesse qui rêve de paix, de développement, de sécurité.
Monsieur le Premier ministre, vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas."
Le 9 mai 2018