Vendredi 7 juin 2018 la Cour pénale internationale -CPI- doit se prononcer sur le verdict et la peine en appel contre Jean-Pierre Bemba l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo condamné en première instance à 18 années de prison pour crimes de guerre.
Né le 4 novembre 1962 dans la province de Bokada dans la province de l'Equateur en RDCongo, Jean-Pierre Bemba riche homme d’affaires devenu chef de guerre a interjeté appel en juin 2016 du jugement de la CPI le reconnaissant responsable de la vague de meurtres et de viols commis par sa milice, le mouvement de libération du Congo -MLC-, dans la République centrafricaine entre octobre 2002 et mars 2003.
En l'espace d'une durée de 5 mois, environ 1 500 hommes du MLC ont tué, pillé et violé en Centrafrique, où ils s’étaient rendus pour soutenir le président Ange-Félix Patassé face à une tentative de coup d’Etat menée par le général François Bozizé.
Selon les juges, l’accusé Jean-Pierre Bemba "a dirigé une ample attaque contre la population civile durant laquelle des familles entières ont été prises pour cibles".
Pour mémoire la chambre avait souligné la "cruauté particulière" de ces crimes contre des victimes "particulièrement vulnérables". Certaines ont été violées de manière répétée par 20 soldats. D’autres tuées à bout portant pour avoir refusé de céder une moto ou un mouton.
De plus la cour n'avait trouvé aucune circonstance atténuante et "Bemba qui en avait connaissance a échoué à prendre toutes les mesures nécessaires et responsables pour éviter que ces crimes ne soient commis par ses subordonnés ou les réprimer".
C'est en novembre 2010 que le procès s’est ouvert à La Haye. Le premier procès de la CPI touchant les viols et violences sexuelles comme crimes de guerre et mettant en avant la responsabilité d’un commandant militaire quant à la conduite des troupes sous son contrôle.
La CPI a été fondée en 2002 et la peine de 18 ans d'emprisonnement est la plus lourde jamais infligée. Fatou Bensouda procureur à la CPI a déclaré avoir vu "un signe très fort aux commandants: ils seront tenus responsables pour les crimes que leurs troupes ont commis sur le terrain, particulièrement quand ils avaient la capacité et le contrôle d’y mettre fin et ne l’ont pas fait".
Peter Haynes avoir de Jean-Pierre Bemba a qualifié le procès de "déséquilibré et d'injuste"et accusé les juges d’avoir volontairement négligé un nombre important de preuves présentées, aussi il a fait appel de ce jugement. Selon l'avocat Peter Haynes "les conclusions des juges sur un contrôle effectif sont éloignées de la doctrine et pratique militaire"....pour qui la chambre "a inventé une théorie de responsabilité du commandant qui est une impossibilité militaire".
J.P Bemba@icc Dans une autre affaire Jean-Pierre Bemba a été condamné en mars 2017 à un an de prison et 300 000 euros d’amende pour subornation de témoins dans le cadre de son principal procès pour crimes de guerre. Par le biais de son avocat il avait constesté cette décision. La CPI a en mars 2018 rejeté les 12 motifs de son appel et ordonné la révision des peines prononcées dans cette seconde affaire.
Fils d’un riche homme d’affaires proche de feu Mobutu Sese-Seko, Jean-Pierre Bemba débute son aventure militaire en 1998 il y a 20 ans, après avoir quitté du jour au lendemain Kinshasa à la suite de la prise du pouvoir par Laurent-Désiré Kabila chef rebelle et l’emprisonnement de Jeannot Bemba Saolona, son père.
Jean-Pierre Bemba a été soutenu par l'Ouganda et fonde le MLC mouvement rebelle qui sèmera "la terreur dans la région de l'Equateur et une partir du nord est de la RDCongo. Il était alors surnommé "Mobutu miniature".
De 1998 à 2003 à la fin de la deuxième guerre du Congo, il décroche un des 4 postes de vice-président dans le cadre d’une transition politique dirigée par Joseph Kabila, qui a accédé à la tête de l’État à la mort de son père en 2001.
En 2006 Jean-Pierre Bemba candidat à l'élection présidentielle est battu par Joseph Kabila et nous assistons à des scènes de terreur entre le 1er et 2e tour.
Néanmoins il est élu sénateur avect 70 % des voix et arrêté en mai 2008 à Bruxelles suite à un mandat d’arrêt émis par la CPI.
A l'âge de 55 ans Jean-Pierre Bemba sera fixé sur son sort le vendredi 7 juin 2018. Pour mémoire il est marié et père de 5 enfants.
Pour de plus amples informations rendez-vous sur https://www.icc-cpi.int/
Le 6 juin 2018