Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a examiné, aujourd’hui, le rapport présenté par l’Éthiopie sur les mesures prises par le pays pour mettre en œuvre les dispositions de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
À l’ouverture de la séance, la présidente du Comité, Mme Hilary Gbedemah, a indiqué que, pour des raisons financières, la délégation éthiopienne n’avait pu se déplacer jusqu’à Genève et participerait donc à ce dialogue par vidéoconférence. La présidente a remercié la Commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique d’avoir pris les dispositions nécessaires pour faciliter cet échange avec les experts du Comité.
M. Yoseph Kassaye, Représentant permanent adjoint de l'Éthiopie auprès de l'Office des Nations-Unies à Genève - et seul membre de la délégation présent en personne devant le Comité - a expliqué qu’en maintenant ce dialogue par vidéoconférence depuis Addis-Abeba, l’Éthiopie montrait qu'elle était déterminée et disposée à collaborer de manière constructive et en temps voulu avec le Comité et à partager l'énorme travail accompli et les efforts déployés par le pays pour s'acquitter de ses obligations en matière de droits de l'homme.
S'exprimant au nom de Mme Semegn Wube, ministre d'État au ministère de la femme, de l'enfant et de la jeunesse de l'Éthiopie, un membre de la délégation a ensuite présenté le rapport du pays en faisant observer que le dialogue se déroulait dans un contexte de réformes et de progrès remarquables - dont les femmes bénéficient - en termes d’ouverture des droits humains et des espaces démocratiques dans le pays. L’Éthiopie, a-t-il ajouté, est l’un des rares pays au monde à avoir atteint la parité entre les sexes au sein de son cabinet, alors que des femmes occupent les postes de premier ministre et de présidente de la Cour suprême.
Tous les prisonniers et détenus politiques ont été libérés et, pour la première fois depuis longtemps, il n'y a plus de journalistes détenus et les restrictions au droit à la liberté d'expression ont été levées, a poursuivi l’intervenant. Par ailleurs, a-t-il ajouté, d’importantes réformes sont en cours dans le secteur de la justice. Quant à la loi sur la société civile, elle a été abrogée.
L'Éthiopie étant un pays en transition, il y a beaucoup de défis à relever, en particulier concernant l'impact du conflit et le déplacement d'un grand nombre de personnes à travers le pays, a également indiqué le membre de la délégation, assurant que Gouvernement prenait toutes les mesures à sa disposition pour aider les personnes déplacées à l'intérieur du pays, en mettant l'accent sur les besoins particuliers des femmes et des enfants. La stratégie de l’Éthiopie en matière de promotion de la femme et de changement est axée sur le renforcement de la participation des femmes à la vie politique, économique, culturelle et sociale.
Le gouvernement éthiopien est conscient de l’importance du phénomène de la traite des personnes et a adopté des recommandations en vue d’introduire des peines plus sévères pour les trafiquants et d’assurer une meilleure protection des victimes. Afin d’accroître la protection contre les violations des droits de l’homme et l’exploitation d’un grand nombre de travailleurs domestiques migrants éthiopiens, le gouvernement a en outre signé des accords bilatéraux avec plusieurs pays du Moyen-Orient.
L’intervenant a ensuite fait valoir l’augmentation de la scolarisation des filles, l’amélioration de la santé maternelle et procréative, l’allongement du congé de maternité, ainsi que les stratégies adoptées par son pays afin de permettre une meilleure intégration des femmes rurales dans le développement socioéconomique national.
Malgré tous les efforts et les investissements consentis par le gouvernement, des valeurs et des traditions culturelles profondément enracinées perpétuant les stéréotypes sexistes continuent de prévaloir et de freiner les femmes. Les données ventilées par sexe font défaut et le mécanisme national de promotion de l'égalité des sexes ne dispose pas de ressources et de capacités suffisantes. Néanmoins, l'Éthiopie reste attachée aux objectifs de l'égalité des sexes et de la promotion de la femme, et se félicite de ce dialogue avec le Comité, a conclu l’intervenant.
La délégation éthiopienne (s’exprimant depuis Addis-Abeba) était également composée, entre autres, de représentants des ministères des femmes, des enfants et des jeunes; du travail et des affaires sociales; de la santé; des affaires étrangères; et de l’éducation. Elle comprenait également des représentants du bureau du Procureur général fédéral et de la Commission des droits de l'homme.
La délégation a répondu aux questions des membres du Comité s’agissant, notamment, de la Commission nationale des droits de l'homme; des tribunaux coutumiers et religieux; de la lutte contre les violences sexistes et contre les pratiques traditionnelles néfastes; de la lutte contre la traite de personnes; de la participation des femmes; ainsi que des questions d’éducation et de santé, y compris les grossesses adolescentes.
Le Comité était saisi du rapport périodique de l’Éthiopie -CEDAW/C/ETH/8) ainsi que des réponses du pays à la liste de points à traiter qui lui avait été préalablement adressée (CEDAW/C/ETH/Q/8 et CEDAW/C/ETH/Q/8/Add.1-
Le Comité adoptera ultérieurement, à huis clos, ses observations finales sur le rapport de l’Éthiopie et les rendra publiques à l’issue de la session, qui s’achèvera le 8 mars prochain.
Demain matin, vendredi 22 février 2019 à 10 heures, le Comité tiendra un débat général sur la traite des femmes et des filles dans le contexte des migrations mondiales. Demain après-midi, à 15h, elle examinera le rapport exceptionnel du Myanmar sur la situation des femmes et des filles Rohingya dans le nord de l’État Rakhine.
Le 21 février 2019