Centrafrique : la tentative de coup d’Etat en Guinée équatoriale

Bernard selemby 4 Risque - t - il d’éclabousser la sous-région,

quelles sont les réactions, conséquences et dispositions préventives des autorités de Bangui ?

Les autorités équato-guinéennes affirment avoir déjoué un coup d’état dans la nuit du 27 au 28 décembre 2017. Le coup d’état communément appelé putsch est par définition la prise de pouvoir dans un État par une minorité grâce à des moyens non conventionnels. Les coups d’état ont généralement une tête pensante appelée communément commanditaire -concepteur ou planificateur- et des agents d’exécution.

Ce coup de force aurait été préparé depuis la capitale française avec l’appui des mercenaires de multiples nationalités dont des tchadiens, centrafricains, équato-guinéens et autres. Il apparaît clairement qu’il ne manque que quelques nationalités pour reconstituer la zone CEMAC -communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale-.                                                                Bernard Selemby-Doudou@bsd

Ce putsch contre un régime jadis dictatorial est devenu par la force des choses démocratique à cause de son pétrole. Il embarrasse la diplomatie de la sous région et risque d’éclabousser les autres États. La présence des mercenaires tchadiens et centrafricains surtout pas des moindres suppose ou présume l’implication des pouvoirs tchadiens et centrafricains. Il est important de rappeler que le général commandant les opérations militaires sur le terrain est bien connu du pouvoir tchadien et appartient à l’armée tchadienne. Tandis qu’un mercenaire centrafricain jouit d’un patronyme qui chagrine, il est le frère cadet c’est-à-dire le benjamin d’un personnage influant qui gravite autour du président centrafricain.

Face à la montée de colère et de menace de représailles du pouvoir équato-guinéen, le pouvoir tchadien a dépêcher son ministre des affaires étrangères pour dissiper tous malentendus, à condamner avec vigueur cette tentative de putsch, et à nier l’implication du pouvoir tchadien dans ce complot. Après un long silence synonyme d’hésitation, d’éternuement, le président de la République a pris son courage pour se rendre personnellement à Malabo pour témoigner sa solidarité. Mais  nonobstant ce balai diplomatique le citoyen lambda entrevoit en filigrane la malhonnêteté et l’hypocrisie politique qui risque de nuire à l’efficacité de la sous région dans une proportion importante :

  • Quelles sont les conséquences d’un tel quiproquo sur le processus de paix en Centrafrique ?
  • Quelles sont les mesures préventives prises par les autorités de Bangui en cas de contagion ?
  • Les supposés mercenaires centrafricains possèdent-ils de vrais ou faux passeports centrafricains ?
  • Ces mercenaires dits centrafricains ont-ils vraiment la nationalité centrafricaine ?
  • Dans l’affirmative, appartiennent-ils aux forces armées centrafricaines ?
  • Si les passeports sont vrais, sont-ils délivrés par quelle autorité ?
  • Étant donné qu’un mercenaire jouit d’un patronyme bien connu du pouvoir centrafricain, quel rôle ce dernier a-t-il joué dans cette tentative de coup d’état ?
  • Si un rôle nuisible est avéré, comment comprendre de tels agissements quand on sait que quelques mois avant le pouvoir équato-guinéen a formé à ses frais une centaine de nos soldats ?
  • Même si le pouvoir centrafricain n’a joué aucun rôle, était-il au courant de ce complot ?
  • Pourquoi le pouvoir centrafricain a observé un long silence avant de s’exécuter ?
  • Ne perdant pas de vue que le pouvoir équato-guinéen a beaucoup soutenu le pouvoir centrafricain et a trop œuvré en coulisse pour que la Centrafrique garde le bénéfice du siège de la CEMAC à Bangui malgré l’insécurité galopante ?
  • Pourquoi l’Etat centrafricain ne s’attèle pas à demander l’extradition de ses ressortissants composant le commando d’exécution ?
  • N’existe-t-il pas de convention de justice entre les états de la sous région ?
  • La justice centrafricaine n’est-elle pas apte pour offrir un traitement humain et équitable aux extradés ?
  • Pourquoi le parlement centrafricain n’interpelle pas le gouvernement sur le sujet ? 

 

Sous d’autres cieux, ce genre d’affaire déclencherait le processus de destitution du président si son implication est avérée. L’accord de libre circulation dans la zone CEMAC semble favoriser cette tentative de coup d’Etat. 

  • Après ce forfait, quel sera le sort de l’accord de libre circulation ?
  • Et si les autorités équato-guinéennes dénoncent cet accord après ratification, quel sera le sort des autres lois supra-nationales ?
  • Cette imbroglio sonnera t-il le glas de l’efficacité de la zone CEMAC ?

 

Au final nous craignons l’embrasement de la sous région instrumentalisé  par une main invisible car à chaque États de la sous région son fossoyeur : en Centrafrique nous avons les groupes armés incarnés par Nourredine Adam, au Cameroun nous avons les mouvements sécessionnistes anglophones, au Congo-Brazzaville nous avons le pasteur Ntoumi, au Gabon nous avons l’opposant charismatique Jean Ping etc…

Nous ne pouvons occulter le courage du président de la République et nous le félicitons au passage car contrairement aux autorités tchadiennes, il s’est déplacé personnellement pour peser de tout son poids et témoigner sa solidarité au pouvoir équato-guinéen.

Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.

Bernard Selemby-Doudou - juriste, administrateur des élections

pParis le 13 janvier 2018