- Madame la directrice,
- Mesdames et messieurs les officiers généraux,
- Mesdames et messieurs,
- Chers lauréats, chers amis,
Notre présence ici, ce sont d’abord des questions.
Des questions sur notre monde. Sur les menaces qui émergent. Sur le comportement de telle ou telle puissance. Sur les ruptures technologiques qui nous guettent, qui pourraient changer nos comportements, nos modes de conflits, notre défense.
Ces questions ont été au centre des travaux de la Revue stratégique l’année dernière mais elles exigent une veille permanente, une réflexion de long terme. Une réflexion qui allie toutes les disciplines. Une réflexion ambitieuse pour comprendre le monde, anticiper, réfléchir, chercher.
Nous avons besoin d’une recherche stratégique vive, dense, bouillonnante. Nous avons besoin de thèses, d’articles, d’idées. Nous avons besoin d’étudiants brillants, de chercheurs exigeants, d’équipes déterminées. Nous devons nous faire connaître à l’international, faire porter la voie de la pensée stratégique française.
Nous avons besoin de ce vivier de talents et de connaissances, prêts à débattre et penser les évolutions stratégiques qui s’ouvrent devant nous.
La recherche stratégique ne doit pas être l’apanage des anglo-saxons. La France doit tirer son épingle du jeu et aujourd’hui, nous montrons que la France va tirer son épingle du jeu.
Pour réussir, je compte sur vous, bien sûr. Je compte sur les universités, les écoles, les think tanks, les laboratoires de recherche. Mais vous pouvez compter, aussi, sur le ministère des Armées.
Depuis 3 ans, le ministère des Armées a considérablement renforcé son soutien à la filière stratégique française. Chaque année, nous investissons 10 millions d’euros pour la recherche stratégique, faisant du ministère le premier acteur institutionnel dans ce domaine. Ce renforcement, mis en œuvre par la DGRIS, a permis de donner plus de visibilité aux organismes de recherche privés et publics : par des contrats plus longs, mieux rémunérés, nous vous donnons les moyens de recruter et de conserver les meilleurs experts, pour préparer la "relève stratégique".
Une réforme de l’IRSEM a été menée avec talent et succès. Cher Jean-Baptiste Jeangène-Vilmer, je profite de cet instant pour vous remercier ainsi que vos équipes pour le souffle et la vitalité que vous avez su rendre à cette institution qui cultive cette double culture, académique et opérationnelle, si précieuse pour nos Armées.
Mais la recherche stratégique doit d’abord naître et se développer dans nos facs et nos écoles. Elle doit s’organiser, attirer étudiants et talents. Elle doit susciter des vocations et créer des carrières viables.
C’est précisément l’objet du Pacte Enseignement Supérieur. Grâce à l’engagement de tous, nous tissons des liens avec le monde universitaire. Nous avons mis en place un plan ambitieux, en plusieurs actes. Nous lui avons donné un budget, 2,5 millions d’euros par an à plein régime. A terme, ce sont 40 jeunes chercheurs qui seront financés par an, ce sont des projets, des équipes et des réseaux qui s’organiseront partout dans notre pays.
Aujourd’hui marque une nouvelle étape pour la recherche stratégique en France. C’est un point de départ vers l’émergence d’une filière forte, construite, dynamique. C’est le point de départ de travaux de recherches ambitieux, le fondement d’une notoriété internationale accrue, d’un engagement du ministère pour une jeunesse qui cherche et comprend les évolutions profondes de notre environnement stratégique.
Les labels "Centre d’excellence" permettront de faire émerger des pôles d’excellence. Ils lanceront des travaux de recherche et donneront l’envie de s’engager dans cette voie. Grâce à cette initiative et grâce à votre volonté, nous allons créer ce vivier de savoirs et d’anticipation dont la France a besoin.
Florence Parly@cld
Mesdames et messieurs,
Votre présence ici témoigne de l’ambition de cette initiative et de l’écho qu’elle reçoit auprès de la communauté académique. Le Label "Centre d’excellence" est une chance. La communauté académique l’a bien compris et vous avez répondu nombreux à l’appel à candidature. 14 projets fédérant 26 établissements et 200 chercheurs ont été présentés.
Au terme d’un premier processus de sélection, cinq projets ont été présélectionnés. 5 projets qui expriment toute la diversité de la recherche stratégique, qui montrent l’étendue de cette discipline, les questions qu’elle charrie, les défis qu’elle affronte.
A Bordeaux ou à la Sorbonne, ce sont les défis sécuritaires, la question de la paix et de la guerre dont chercheurs et étudiants pourront s’emparer. A l’heure où nos quotidiens sont connectés et où, d’un clic, on peut bloquer un pays, l’université de Grenoble Alpes choisit la cybersécurité et de la sécurité internationale et l’Institut français de géopolitique de Paris 8 se penche sur la géopolitique de notre datasphère. Quand, enfin, les conflits et les théâtres d’opération changent, c’est sur l’interconnexion des fonctions stratégiques hautes que choisit d’étudier l’université Jean Moulin de Lyon III.
Ces projets vous les présenterez dans quelques instants bien mieux que moi. Mais je veux d’ores et déjà vous dire une chose : bravo.
Bravo d’avoir su construire ces projets ambitieux, d’avoir eu le courage de vous emparer de ces thèmes, d’aborder ces questions, si vastes, sans vous encombrer du cloisonnement des disciplines préexistantes.
Car ma conviction est là : la recherche stratégique ne rentre dans aucune case, c’est sa force. Elle se fonde parfois sur la science et les statistiques, se nourrit de l’histoire, connaît les batailles et les stratégies militaires, s’enrichit de la sociologie, guette chaque mouvement du monde et des relations qui régissent nos pays.
Le monde est numérique, adversaires comme alliés connaissent l’étendue des champs de l’intelligence artificielle ou de la collecte des données. La recherche stratégique aussi. Certains schémas trouvent leurs racines dans des siècles de coutumes, de conventions et d’échanges. La recherche stratégique s’en empare.
Vous êtes cette science et ces projets qui font le pont entre les enseignements de notre passé, les soubresauts de notre avenir et notre envie de comprendre le présent.
Grâce à vous, je suis confiante. La recherche stratégique en France a des ambassadeurs et des acteurs de la plus haute tenue. Grâce à vous, je vois les fondements d’une filière pérenne, dynamique, passionnante. Je vois la relève stratégique qui se forme dès aujourd’hui, parmi notre jeunesse.
C’est avec cette jeunesse, soutenue toujours par le ministère des Armées que nous pourrons, ensemble, anticiper et comprendre les menaces et les défis devant nous.
Beaucoup d’autres étapes nous attendent dans les prochains mois pour la recherche stratégique.
Je pense à la mise en place d’un groupement d’intérêt scientifique "Défense et Stratégie" dès le prochain trimestre.
Je pense à la mobilisation de nos industriels autour du "Club Phoenix" qui sera créé dans quelques semaines. Cette initiative est une étape forte aussi puisque près de 60 partenaires ont répondu à l’appel et qu’ils seront parmi les employeurs de demain pour nos jeunes chercheurs.
Et au-delà, j’ai le plaisir de vous annoncer aujourd’hui que je mettrai en place un rendez-vous annuel de la pensée stratégique, ici à Paris. La France a une empreinte militaire globale ; elle a une diplomatie globale, mais elle a aussi une pensée globale, et nous sommes ici pour la faire rayonner ensemble.
J’aurai besoin de vous, de chacun d’entre vous dans notre administration comme dans nos centres de recherche, nos universités et notre industrie.
Bientôt ce salon de l’hôtel de Brienne ne suffira plus et partout, la voix de la pensée stratégique française sera connue et entendue.
Merci à tous !
Florence Parly ministre des Armées de la République française
Retrouvez en version PDF les fiches en cliquant sur 20181126 label centre d excellence
Le 26 novembre 2018