En Afrique, les bureaux de poste peuvent jouer un rôle de premier plan dans les services d'envois de fonds et les services financiers dans les zones ruralesLes services postaux peuvent jouer un rôle central dans les services de transfert de fonds, en réduisant le coût des transferts et en fournissant un accès aux services financiers de base en Afrique: telle est la conclusion d'un rapport publié aujourd'hui par le fonds international de développement agricole -FIDA- et la commission européenne -CE- à l'occasion de la journée internationale des envois de fonds familiaux, qui sera célébrée demain.
Le rapport, Un exemple de réussite: les envois de fonds aux bureaux de poste en Afrique, analyse les résultats obtenus par l'Initiative relative aux services financiers postaux en Afrique -APFSI-, un programme conjoint dirigé par le FIDA et financé par l'Union européenne -UE-. Le programme a été mis en œuvre dans 11 pays africains, en coopération avec la Banque mondiale, le fonds d'équipement des Nations Unies, l'Union postale universelle et l'institut mondial des caisses d'épargne.
Le programme conjoint APFSI a aidé les bureaux de poste à mettre au point des modèles opérationnels plus efficaces, à moderniser leur informatique et leur connectivité, et à accroître leurs compétences afin de pouvoir traiter des paiements en temps réel et gérer des services financiers.
"Le marché des envois de fonds évolue rapidement," déclare Pedro De Vasconcelos, coordonnateur au FIDA du mécanisme de financement pour les envois de fonds. "La technologie est en train de transformer les systèmes de paiements, et les services financiers numérisés créent de nouvelles possibilités. Dans ce contexte, les opérateurs postaux jouent un rôle de premier plan dans les services de transferts de fonds aux familles des migrants ruraux en leur fournissant des services financiers auxquels elles ont rarement accès."
Selon De Vasconcelos, la forte présence des bureaux de poste dans les zones éloignées et rurales est extrêmement précieuse. Leur présence traditionnelle contribue à développer la confiance en la fourniture de services financiers ruraux.
Rien qu'en 2017, les travailleurs migrants africains ont fait parvenir à leurs familles plus de 70 milliards de dollars, ce qui représente une augmentation de plus de 10% par rapport à l'année précédente, et de plus de 36% par rapport à la décennie précédente.
C'est en Afrique subsaharienne que le coût des envois de fonds est le plus élevé au monde. En 2017, le coût moyen était de 9,3% du montant envoyé.
Grâce au programme conjoint AFPSI, dont la mise en œuvre s'est étendue sur les 5 dernières années, le coût de la réception des fonds par l'intermédiaires des bureaux de poste dans 4 pays pilotes - Bénin, Ghana, Madagascar et Sénégal - a diminué de 42%, et le coût moyen des services de transfert a été inférieur à 5%. Cela signifie qu'entre 2014 et 2016, les familles des migrants ont reçu 35 millions de dollars supplémentaires.
"L'UE est résolue à travailler avec ses partenaires pour réduire le coût des envois de fonds et promouvoir des transferts plus rapides, plus économiques et plus sûrs. Notre objectif collectif est de réduire à moins de 3% les coûts de transaction et d'éliminer les couloirs d'envois de fonds dont les coûts de transfert sont supérieurs à 5%, comme le prévoient le programme 2030 et le consensus européen pour le développement," a déclaré Stefano Signore, chef de l'Unité migration et emploi au sein de la direction générale pour la coopération internationale et développement de la commission européenne.
L'inclusion financière demeure un défi en Afrique. Selon des estimations récentes, 41% seulement de la population âgée de plus de 15 ans possède un compte et a accès à des services financiers formels. Dans ce contexte, les opérateurs postaux ont un rôle important à jouer, en particulier dans les zones rurales. Grâce au programme conjoint, au moins 100 000 adultes ont ouvert de nouveaux comptes postaux, leur donnant accès, pour la première fois, à des services financiers.
"Disposer d'un compte d'épargne et avoir accès au crédit est fondamental pour que les familles investissent dans des activités génératrices de revenus et bâtissent leur avenir," a déclaré Mauro Martini, l'un des spécialistes du FIDA en matière d'envois de fonds et d'investissements des migrants, et coauteur du rapport. "Les envois de fonds peuvent être l'un des moteurs du développement."
Les estimations montrent que, même si 75% des fonds envoyés sont consacrés à la satisfaction de besoins fondamentaux comme la nourriture, le logement, la santé et l'éducation, les 25% restants peuvent être investis dans le renforcement des actifs ou des activités créatrices de revenus et d'emplois, et transformer les économies, en particulier dans les zones rurales.
La commission européenne a commencé à collaborer avec le FIDA en 2004, avec pour intention d'accroître l'impact des envois de fonds en matière de développement, tout en donnant aux ménages pauvres des zones rurales la possibilité d'accéder à des services financiers. Depuis 2005, la CE a mobilisé 9,5 millions d'euros en faveur du mécanisme de financement du FIDA pour les envois de fonds, et notamment l'APFSI. Un nouveau programme d'un montant de 15 millions d'euros axé sur l'Afrique sera lancé prochainement pour réduire encore les coûts et améliorer l'inclusion financière et l'impact en matière de développement.
Le 15 juin 2018