Centrafricaines, Centrafricains,
Chers compatriotes,
Une année s´achève, une nouvelle commence. L´année 2018 vient de frapper à nos portes. Qu´annone-t-elle ? Que nous apportent-elle ? Ces questions sont dignes que nous nous les posions, au vu du contexte de troubles et de menaces diverses dans lesquels notre pays se trouve. Michel Amine@cld
La Parole de Dieu dit à la naissance du Christ, "Je vous annonce une bonne nouvelle qui sera pour vous un sujet de joie "(Luc 2, 10). Cette parole dit tout le contenu de mon message que je vous adresse en ce début d´année nouvelle, année de toutes les déterminations mais aussi une année de grâce de notre Dieu pour une nation en attente de sa libération.
Je suis conscient que la crise politique et socio-sécuritaire qui marque notre pays depuis ces dernières années est une crise de longue durée, et qui ne saurait s´achever par un simple tour de magie. Il faut y travailler. L´année nouvelle nous en donne l´opportunité et la détermination. Dans un pays émaillé de violences chroniques sur fond de faillite de l’Etat, d’économie de la débrouille et de profonds clivages entre groupes socio-ethniques, il est grand temps de se lever pour agir.
Je place, sur ce, l´année 2018 sous le signe de l´action, tout au moins, pour ce qui concerne notre parti l´UNDP et la nation centrafricaine dans son entier. Vous êtes sans ignorer que les groupes armés, quels que soient leurs noms et leurs origines, développent des intentions macabres pour notre pays, et se caractérisent par leur criminalisation, leur fragmentation et leur lutte pour le pouvoir. Ces derniers n´ont pas droit de cité dans notre pays. Il faut en finir.
Les tensions intercommunautaires qui mettent à mal l’unité nationale et le contrat social centrafricain doivent impérativement prendre fin. Ne l´oubliez pas, l´instabilité a atteint un degré de violence extrêmement élevé dans notre pays. C´est inacceptable. Le retour à la paix, la fin des actions des groupes armés, la sécurité dans l’ensemble du pays restent notre priorité en cette année nouvelle et sont autant de prérequis incontournables pour la reconstruction du pays.
Des décisions doivent être prises et des mesures rapides mises en place dans ce sens, puisque vous et moi sommes fatigués de cette situation et nous disons NON à cela, une fois pour toute.
La pacification de notre territoire national est donc aujourd’hui notre priorité numéro un. Je suis conscient du fait qu´il s´agit là d´un processus complexe, long et multifonctionnel, mais je sais qu´avec un peu de détermination des pouvoirs publiques et de la communauté internationale et avec le contour de tout Centrafricain et toute Centrafricaine, nous y arriverons, et le plus vite possible.
La complexité de cette situation qui implique non seulement l’arrêt des violences, mais aussi la reconstruction des infrastructures politiques, matérielles ainsi que l’apaisement des rapports sociaux sont des défis majeurs qui nous attendent au tournant de notre histoire.
Même si la solution relève d’une stratégie multidimensionnelle portant sur de nombreux chantiers, au moins deux objectifs majeurs doivent orienter nos actions et les actions du gouvernement, si jamais ce dernier prend conscience de l´urgence d´agir enfin :
- 1- L’arrêt des violences
- 2- La pacification du pays. Deux choses, qui au final, peuvent permettre notre décollage.
Pour ce qui est de l´arrêt des violences, l´année 2018 semble être propice à un travail de fond pour mettre fin à un conflit qui n´a que trop duré et qui continue de faire de nombreuses victimes. Il est, certes, vrai qu´une solution non violente devra être priorisée et devra être le choix des différentes parties en conflit pour assurer un maintien de la paix durable.
Un préalable est cependant nécessaire, et qui demande que toutes les parties tombent d’accord sur le principe de l’arrêt des combats sur l´ensemble du territoire pour permettre d´entrer dans une phase de dialogue constructif qui nous rassure. Pour nous, la nécessité de trouver un terrain de convergence d´intérêts est une nécessité incontournable qui nous aiderait à désamorcer la violence et mettre fin aux stades de conflits partout où ils se jouent.
Mais que les centrafricains le sachent : si la voie de la négociation échoue, il me semble de toute évidence que l’emploi de la force soit ce qui nous reste pour en finir avec des gens qui ne trouvent aucun intérêt que la paix revienne dans notre pays.
Il sera alors impératif de mettre un terme aux actions des groupes armés, quels qu’ils soient, par la force organisée. Dans un pays unifié, les groupes armés n’ont aucune légitimité légale. Ils ne sont, dans ce cas, que des criminels armés sur le sol national qui répandent la terreur, les violences et les crimes, et ont vocation à être recherchés, arrêtés et remis à la justice.
D´où la nécessité pour notre pays de devenir un pays de droit, un pays où la force d´une justice équitable et libre permet de dire le droit et de défendre la personne humaine.
Chers Centrafricaines et Centrafricains,
Le retour à cette situation normalisée dans notre pays est un impératif. Mais il ne peut se faire que par l’entreprise de trois principaux chantiers que sont la reconstruction de l’Etat, le développement économique et la pacification des relations sociales.
La reconstruction de l´Etat est la première des priorités dans la phase de consolidation de la paix dans notre pays. En effet, dans un cas de guerre civile, réhabiliter un Etat fort et légitime permet de transformer les revendications de luttes armées en débats politiques. Un Etat faible n´aide pas dans un pays en guerre. L´Etat n’existe quasiment pas dans notre pays. Il faut absolument le reconstituer. Il est connu que ce dernier est le premier fournisseur de services de base, tel que l’éducation ou la santé. Sa défaillance nuit donc d’abord aux populations, c´est-à-dire à vous.
J´interpelle nos gouvernants à prendre conscience de cet état des faits et d´agir maintenant. S´ils ne le peuvent, nous le ferons à leur place et ils seront obligés de céder la place aux centrafricains qui en ont la capacité et l´intelligence. L´urgence de refaire un Etat unifié et fort est un impératif pour notre pays. Et l´année nouvelle 2018 s´y prête.
L´année 2018 s´y prête d´autant plus que des gens passent le clair de leur temps à rédiger des lettres de remerciements et des motions de soutien au "chef de l´Etat", chef d´un Etat fragile, un peu comme construit sur du sable, et qui n´écoute personne si ce n´est de se contenter de recevoir des « remerciements » pour ce qu´il ne fait pas et ne fera jamais. Pendant que des rebelles menacent de marcher sur la capitale et ils le feront si rien ne leur barre le chemin.
J´ai parlé de développement économique comme d´une urgence. En effet, La bonne gestion des finances, une bonne gouvernance, des actions déclinées en priorité doivent aboutir au développement économique.
Tous les secteurs de l’économie sont à prendre en compte sans exclusion. Notre concept de "la révolution verte" est un pan de notre salut entant que nation centrafricaine qui vit et s´élève par son travail agricole. Notre développement global passera par le développement de notre agriculture et la préservation de notre environnement. Les centrafricains meurent de faim et ceci n´est pas acceptable dans un pays aussi riche. Dieu nous fit tout ceci en grâce abondante lorsqu´il créa ciel et terre et tout ce qui est contenu (selon la Sainte Bible en Genèse chapitre 1) et le Coran n´en dit pas autrement : "Oh, vous les hommes, mangez ce qui est licite et bon sur terre… "(Sourate : la vache, 168). Ce qui est bon et licite, Dieu semble bien l´avoir concentré sous et sur le sol de notre pays. Il ne nous reste plus que de nous mettre au travail productif pour que notre bonheur soit parfait.
Mais pour mener une reconstruction complète de notre territoire, il nous faudra mettre en place une combinaison associant compétences civiles et militaires afin de pouvoir être opérationnels sur tous les chantiers. Les forces armées peuvent être impliquées dans des chantiers de reconstruction, d’aide à la population, d’appui logistique et humain dans des projets collectifs, une fois notre pays pacifié.
Chers compatriotes,
Comme vous le savez, nous n´en sommes pas encore là. La crise sécuritaire en République centrafricaine, qui s’est traduite par l’effondrement du système national de sécurité et de défense, a joué un rôle déterminant dans l’explication du chaos chez nous. En temps normal, la sécurité nationale renvoie à l’ensemble des stratégies et des moyens mis en œuvre par un État pour assurer l’intégrité de son territoire et la protection de sa population contre toutes formes de menaces éventuelles capables de déstabiliser l’Etat.
Or, depuis son indépendance, l’Etat centrafricain n’a jamais été en mesure d’assurer la protection de son territoire et de sa population. Les forces de sécurité et de défense nationale sont paradoxalement source d’instabilité politique et de violence sociale.
La plupart des chefs rebelles et les rébellions sont issus des forces armées nationales. Elles sont également coupables d’extorsions, de corruption et de pillages contre la population afin "d’arrondir leurs fins de mois" d’autant plus que leurs salaires n’ont pas toujours été versés de façon régulière. Et lorsqu´on se retrouve dans une situation sans Etat réel, on comprend la gravité et l´urgence de travailler à le remettre debout.
Ainsi, l’armée centrafricaine, "armée fortement ethnicisée" a donc été plus souvent une composition hétéroclite de plusieurs entités dont la loyauté et les allégeances diffèrent en fonction du détenteur du pouvoir d’Etat qu’une armée nationale. Et le récent don des russes ne servira qu´au renforcement de cette même "ethnicisation" de notre armée plutôt qu´à la défense territoriale, la politique régissant notre armée n´ayant en rien changée. Les autres forces de sécurité telles que la police ou la gendarmerie n’ont guère échappé au sort que connaît l’armée nationale. La déconfiture des forces de sécurité et de défense a transformé la Centrafrique en un territoire sans maître, ou, du moins, avec plusieurs maîtres qui ont tenté de contrôler chacun une portion du territoire national. Il s´agit maintenant de mettre fin à cette cacophonie et travailler à fond pour la reconstitution d´une armée nationale forte et unie derrière les objectifs nobles de la défense territoriale, de la protection de nos populations et de la reconstruction.
Chers compatriotes,
Toutes ces grandes idées ne sont possibles que si nous créons des conditions de leur mise en œuvre. Vous le savez, notre pays vit des blocages liés à la patrimonialisation du pouvoir, à une "ethnicisation" à outrance des postes de décision et au règne du clientélisme.
Le délitement du tissu économique et la corruption au sein des cercles de pouvoir ont favorisé le glissement d’une économie de production vers une économie de prédation où les autorités politiques et les groupes armés jouent le même rôle. C´est une trahison, surtout lorsque cela vient des personnes sensées protéger notre économie.
Le constat amer suivant vaut la peine d´être redit ici : le fait que nous soyons envahis par des rebellions, le fait de l’échec des politiques publiques, du dysfonctionnement des administrations, de l’incapacité à verser régulièrement les salaires, de l’inexistence d’une politique sociale, de l’écroulement du système judiciaire, constituent autant de facteurs qui témoignent de l’impuissance du pouvoir en place et de la perte de sa légitimité et de son autorité. Il est temps d´en prendre conscience et d´agir.
Quant à l’action de la communauté internationale, elle n’aura aucun effet durable sans un réel écho donné par le gouvernement en place, par une bonne gouvernance et la mise en place d’une réelle politique de sortie de crise. Un adage de chez nous dit qu´on ne peut pas laver l´enfant sans que celui-ci ne se frotte.
Au demeurant, pour faire taire les armes en Centrafrique, et normaliser les relations intercommunautaires, il ne faut donc pas seulement déployer des milliers de casques bleus mais il conviendrait aussi et surtout de donner du travail, lutter contre la pauvreté et rebâtir un Etat de droit. Si les acteurs internationaux et les autorités centrafricaines n’activent pas ces leviers de stabilisation et ne s’entendent pas pour remettre au cœur de la résolution de la crise la relance de l’économie productive, la lutte contre les trafics et une meilleure gouvernance publique, ils se condamneront à répéter le passé; ce que nous n´accepterons pas, le centrafricain d´aujourd´hui n´étant plus dupe.
Sur ce, je vous souhaite mes vœux les meilleurs pour une bonne année 2018, année au cours de laquelle nous voulons voir le mal céder la place au bien, pour le plus grand bien de la paix retrouvée et saluée dans notre pays.
Vive la République centrafricaine, Et que Dieu nous soit en aide
Michel Amine
Président-fondateur de l´UNDP – Union nationale pour la démocratie et le progrès en République centrafricaine
An de grâce 2018, en Janvier