Discours de Faustin-Archange Touadera, président de la République du Centrafrique
Faustin-Archange Touadera @présidenceCentrafrique
Mes chers Compatriotes,
Le 13 août 1960, notre peuple a vécu un rêve, celui de devenir libre et indépendant.
Demain, le 13 août 2016, nous allons célébrer le 56e anniversaire de ce rêve qui représente l’aboutissement de la lutte de tout un peuple uni et digne, animé par la seule volonté de ne plus être exploité mais surtout de prendre sa destinée en main.
Les oubanguiens dans leur diversité étaient tous unis pour un seul objectif celui d’accéder à l’indépendance.
Parmi les illustres personnages qui ont écrit par le sang l’histoire de notre indépendance figure feu Président Barthélémy Boganda, Fondateur de la République centrafricaine, personnalité emblématique de ce jour inoubliable de l’histoire de notre pays.
Feu Président David Dacko n’avait que 29 ans quand la France lui a transmis l’ensemble des pouvoirs régaliens de l’Etat, ce qui va lui permettre de réaliser le rêve de Barthélemy Boganda qui est de procéder à la proclamation de l’indépendance nationale de la jeune République centrafricaine.
Feu Président David Dacko s’est employé à poursuivre le rêve de nos illustres combattants en pratiquant une politique de rassemblement de tous les centrafricains sans distinction d’appartenance ethnique et religieux.
C’est probablement à ce prix que notre pays a connu dans son histoire la paix et la prospérité au cours des années 1960 et 1980.
En marge de ce parcours élogieux au plan politique et économique, il faut cependant reconnaitre que tout n’a pas été reluisant. En effet, notre pays a connu des moments sombres de son histoire par la faute des uns et des autres. Ainsi, le rêve que nous avons reçu en héritage pour mieux gérer nos propres affaires s’est transformé en cauchemar.
Nous avons passé notre temps à faire la course au pouvoir sans ambition réelle pour le développement du pays. Aujourd’hui, les résultats de ces ambitions personnelles aux conséquences désastreuses sont là. Un pays en net recul par rapport aux autres Etats de la sous région.
Un pays économiquement réduit malgré l’immensité de ses ressources naturelles
Un pays menacé de division sur base d’instrumentalisation des communautés.
D’autres ont préféré carrément désarmer nos propres militaires pour garantir leur sécurité individuellement personnelle. D’où, l’anéantissement de l’ensemble des pouvoirs régaliens de notre État. L’absence de notre armée nationale explique en grande partie la situation dans laquelle se trouve notre pays.
Un pays sans force publique et sans économie est livré aux difficultés de tous ordres. Et c’est ce que nous avons vécu.
Mes chers Compatriotes,
Maintenant, il faut tourner la page du passé.
Notre pays est revenu à un ordre constitutionnel normal.
Donc, nous sommes tenus de respecter la volonté du peuple.
Je ne ferai rien qui puisse entraver cette volonté, de même que je ne ferai rien qui soit contraire aux dispositions de la Constitution.
Toutefois, je reste ouvert à tout échange portant sur des sujets, objets de préoccupations de certaines composantes de notre société car nous avons intégré dans nos pratiques une culture politique orientée vers la recherche de solution.
La République centrafricaine étant une et indivisible, nous devons toujours chercher un terrain d’entente en montrant notre disponibilité à la concordance, en cherchant le compromis car en démocratie directe le compromis est un signe de force et non de faiblesse.
Mais, je l’ai déjà dit, ces échanges qui ne sont en rien une nouvelle forme de dialogue politique, ne pourront intervenir qu’après le DDRR.
Il s’agira de discuter et de trouver de solutions raisonnables aux soucis de quelques groupes armés.
Ensemble, unis et dans la paix nous trouverons des solutions aux problèmes qui se posent à nous.
Mes chers Compatriotes,
Je voudrais, aussi, vous dire combien je suis fier de vous aujourd’hui lorsque je me rends à l’étranger.
J’observe plus que jamais que les regards portés sur notre délégation ont changé.
Ils sont approbateurs et donnent le signe que la République Centrafricaine est de retour dans le concert des nations.
Ce nouveau regard est la conséquence de votre maturité que je félicite et salue au passage.
En effet, malgré les problèmes que nous avions connus en termes d’insécurité vous vous êtes rendu à 75 % pour voter aux élections présidentielles.
Vous m’avez désigné à 63 % pour être votre président de la République, chef de l’État.
Mes chers Compatriotes,
Il y a quelques trois mois, je m’étais engagé à faire de la sécurité de notre pays, une priorité.
Aujourd’hui je continue à travailler avec le gouvernement pour que la République centrafricaine redevienne un îlot de paix.
Avec la mise en œuvre du DDRR et le renforcement des capacités matérielles, humaines et financières de nos valeureuses Forces de Défense et de Sécurité, notre armée sera remise sur pied pour assurer la sécurité du pays sur l’ensemble du territoire nationale.
Cette nouvelle armée que je veux pluriethnique, apolitique et professionnelle n’aura pas vocation à faire la guerre contre d’autres centrafricains. Sa mission sera d’assurer la sécurité de tous.
Je voudrais aussi saluer le programme EUTM qui vient d’être lancé avec l’appui de l’Union européenne, qui permettrait de remettre nos forces de défense et de sécurité aux normes.
Je continuerai à tout mettre en œuvre pour renforcer notre armée, afin de lui permettre d’assumer le rôle qui lui incombe.
Mes chers Compatriotes,
S’agissant de la justice, elle doit être rendue au nom du peuple centrafricain.
Je prends à nouveau l’engagement que la justice restera indépendante et qu’aucune entorse ne sera faite aux procédures judiciaires ou à l’exécution des décisions de justice.
Ce ne sera que de cette manière que nous donnerons à nos juges la possibilité de rendre justice en toute indépendance, et aux justiciables de faire valoir leurs droits.
C’est sur cet appel au respect de la justice que je souhaite à tous une bonne fête de l’indépendance.
Vive la République unie et indépendante !
Le 12 août 2016