Publication du 13 mars 2020 "Réflexion N°634" d'Isaac Benguemalet
Un Etat ne meurt pas. Il dépérit, mute et change de statut spirituel, politique, culturel, social et économique. Mais une société statique d’hommes et de femmes continuellement tournés vers des pratiques d’un autre âge, peut effectivement disparaître et remplacée par une autre plus dynamique et évolutive.
Des Etats embryonnaires, des Etats fortement constitués, les premiers sont appelés à se renforcer; les seconds à devenir encore plus forts même si c’est pour prendre d’autres directions dans la reconstitution ou plus faibles en tombant carrément dans la dégénérescence et le dépérissement.
C’est exactement comme tout être humain. Quand il dépérit il perd ses qualités de vigueur en lui, mais peut végéter pendant longtemps, s’il ne choisit pas le suicide volontaire ou décidé par les siens propres.
Quand l’élite du pays choisit non pas la ligne réformatrice voire révolutionnaire pour aider l’Etat à éviter le dépérissement, s’installe dans des attitudes ringardes et non progressistes, cela devient inévitable que l’état ne se renforce pas dans le sens du maintien de ses qualités créatrices des valeurs supérieures pour l’humanité.
Ainsi au lieu de s’aligner derrière un leader charismatique, de faire le chantre d’un homme, véritable relique momifiée qu’on s’efforce de dépoussiérer dans l’espoir d’en extraire la pierre philosophale, même si la vision d’un tel homme est loin très loin de réunir l’assentiment de de tout le monde. Rester toujours coller à l’idée que seule la direction prise par la totalité ou la minorité vaut son peson d’or. Toutes ces dérives de la pensée et du comportement de l’élite peuvent avoir des influences très préjudiciables à la santé d’un état. Le choix à faire ne réside pas dans le parti pris pour le totalitarisme privilégiant le nombre sur l’individu ou l’inverse.
L’idéal consiste à faire de sorte que les intérêts de l’individu ne soient pas toujours lésés par rapport aux intérêts de la totalité et vice-versa. Privilégier les uns par rapport aux autres conduira sans nul doute à rogner de ce qui fait, la force d’un état qui est celle d’entretenir la régulation et l’autorégulation des entités, groupes d’entités à l’intérieur de l’état en question.
Un Etat ne meurt pas. Il y avait des sociétés sans Etat ensemble de conglomérats de familles, clans, tribus et ethnies sur un espace ouvert. Puis une autorité quelconque va donner la forme à l’existence d’un état en levant les impôts, en organisant de grands travaux, en formant son armé et enfin en livrant des guerres pour la conquête d’autres terres et d’autres hommes. Tant que cette structure continue d’œuvrer dans ce sens, savoir réguler auto réguler, elle peut traverser toutes les difficultés de la terre.
Mais dès qu’une faillite est constatée à un niveau, elle commence aussi à entamer le processus de dépérissement, en mutant d’abord vers d’autres formes en changeant de statut spirituel, politique, culturel, social et économique. Les raisons résident dans la forme de la société. Car, une société statique formée d’hommes et de femmes continuellement tournés vers des pratiques d’un autre âge, peut effectivement disparaître et remplacée par une autre plus dynamique et évolutive. L’état lui survit avec d’autres hommes d’autres femmes d’autres sociétés plus dynamiques et plus évolutives et cette pensée profonde de l’écrivain français m’inspire lui qui disait; "nous autres civilisations nous savons maintenant que nous sommes aussi mortelles".
La civilisation gréco-romaine est morte mais Rome, la Grèce, l’Espagne, et la Gaule sont des Etats bien sur leurs pieds, malgré de grandes mutations historiques. Les civilisations africaines tout comme les Etats africains sont toujours à construire. Mais les frontières consacrées par la conférence de Berlin confirmées par la charte de l’OUA après l’accès honteux de ces pays à la souveraineté sous tutelle des états forts du nord, doivent rester et servir de base à toute redéfinition de choses plus rationnelles et plus justes.
Ces Etats peuvent muter vers une fédération, confédération ou rester tels qu’ils sont surtout compte tenu de leur dimension et situation stratégique. Cela ne change rien à rien. Au contraire cela ajouterait une plus-value à la forme du développement de ces états. Un jour un roi idiot parmi les rois cons que la terre ait créés reçoit la visite des émissaires d’un autre roi plus con mais plus futé pourtant virulent ennemi du premier, sous le prétexte de visite de grande courtoisie et de réconciliation. Celui-ci dans un élan de grande satisfaction se met à conduire ses hôtes dans les méandres et dédales de son palais royal. Il leur fit visiter ses chambres, ses coépouses et maîtresses mais surtout ses réserves d’or et de pierres précieuses dans les chambres spéciales. Les émissaires n’en revenaient vraiment pas tellement ils étaient étonnés. Aussitôt rentrés chez eux et rapport circonstancié à leur roi, celui-ci dépêcha le même jour ses fantassins venir livrer la pire et détestable guerre contre le roi con. Les richesses et tous les biens de ce roi furent enlevés y compris le roi et ses multiples épouses en déportation. C’est le lieu de se demander jusqu’à quand va-t-on arrêter d’exhiber les richesses du quadrilatère central le plus gâté du monde dont les populations sont les plus démunis de la terre, aux nombreux prédateurs de la planète jusqu’à convoquer une rencontre sur la question ?
Jusqu’à ce que tout le monde comprenne qu’il y’a plusieurs manières de vendre les produits de son pays tout comme il y’a vente et vente. On n’a pas besoin d’hameçonner les fourmis autour d’un pot de confiture ou les mouches bleues autour d’un gibier en putréfaction. Le flair de ces bestioles et la direction du vent suffisent largement.