Par Guy José Kossa
Lorsque les blancs sont venus en Afrique, nous avions les terres et ils avaient la Bible. Ils nous ont appris à prier les yeux fermés : lorsque nous les avons ouverts, les blancs avaient la terre et nous la Bible… (Jomo Kenyatta ancien et premier Président du Kenya ).
Sans équivoque, qu’on se l’avoue : Lorsqu’elle demande aux centrafricains de consacrer toute une journée à prier, Samba-Panza et sa famille ne pensent pour leur part qu’à piller.
O Vade retro satana !
Ainsi donc, Sainte Catherine eut une vision. Un ange à douze cornes lui apporta l’annonce, et elle conçu une journée de pilleurs, oh pardon que dis-je, une journée de prière. Foutaise !
Et pourtant, il n’y a pas là de quoi surprendre le quinquagénaire centrafricano-centrafricain que je suis. Sainte Catherine Samba-Panza en une année, nous aura prouvé qu’elle est bien la somme de tous les vices et bouffonneries de tous ses devanciers. On le sait, ces derniers se sont naguère livrés tour à tour à la face du monde, à des démonstrations spectaculaires de leur foi "profonde". Bokassa eu le privilège de terminer sa vie comme 13ème apôtre du Christ, Kolingba du temps de son règne, eut régulièrement recours aux oracles de son gourou pasteur Kowada avant le meurtre de ce dernier, Patassé de retour de son dernier exil togolais, fit part publiquement aux journalistes de ses dialogues avec l’esprit-saint qui entre autres, lui inspira d’épouser la veuve de son défunt "frère" Bedaya-Ngaro ; l’illuminé Bozizé aimait à s’afficher les pieds nus, enveloppé de sa soutane blanche de l’église du christianisme céleste; enfin le criminel Djotodia, ne se séparait d’après lui-même, presque jamais de sa bible et de son coran, toujours en bonne place sur son bureau, au milieu de ses nombreuses amulettes de protection et autres fétiches qui encombraient sa résidence.
Ceci dit, Samba-Panza avait-elle vraiment besoin de cette journée d’hypnose collective destinée à mieux endormir les consciences pour mieux les violer et les piller ? Quand il s’était agi du don angolais, pourquoi la présidente de la transition n’avait-elle pas eu le réflexe de demander des séances de prière pour une meilleure utilisation de cet argent ? Osons tout de même espérer que les Centrafricains, ces "malléables et corvéables à volonté", seront conviés à prier pour le château de Samba-Panza en construction au Cameroun, le "petit palais" de son fils en chantier à Orléans, et surtout pour la prospérité de tous les comptes ouverts çà et là par sa fille.
Au final, comment ne pas plaindre Dieu pour toutes les souffrances que les Centrafricains lui imposent, et comprendre qu’Il puisse nous laisser tomber ? Tenez !
Pour une seule journée de prière imposée, au moins trois conceptions opposées :
1. Pour une certaine catégorie de centrafricains, cette fameuse journée n’est qu’un jour chômé de plus à passer dans les ngandas, ce qu’ils font presque chaque jour que Dieu fait, sans attendre la permission de Samba-Panza. Pour ces compatriotes, que demander de plus à Dieu, que de passer le temps à causer et à voir s’égrener les heures, avec toujours un verre de bière "tais-toi" bien rempli à portée de main et en permanence ; pour déjeuner et si possible dîner, déguster un plat classique de yabanda ou de ngoundja même sans viande ni poisson, accompagné de la sempiternelle boule chaude de gozo toujours au rendez-vous. Samba-Panza peut faire tout ce qu’elle veut, ils en ont vu passés avant, et en verront d’autres après.
2. Pour Samba-Panza et sa famille, vivement que les centrafricains s’occupent rien que de prier et eux de piller ; et s’ils peuvent encore avoir plusieurs mois devant eux, et pourquoi pas plusieurs années au pouvoir pour remplir leurs coffres sans fond, ils n’hésiteraient pas à le faire. Tout ce que Dieu fait est bon. C’est lui qui a créé les désirs insatiables de Samba-Panza et sa famille. Que le nom de Dieu trois fois saint soit béni et glorifié..
3. Pour des centrafricains plus lucides et plus avisés – parmi lesquels je me classe -, puisse les élections arriver, Samba-Panza et comparses dégager, la justice passer et que la RCA retrouve le chemin de la prospérité. Au tout puissant nom du Seigneur, que tous les pilleurs soient vaincus !
Décidément je me demande comment Dieu fait pour exaucer tous ces vœux contradictoires autour d’un même pays. A une telle question, mon guide spirituel au séminaire aurait répondu : Dieu est Dieu bon sang de Dieu !
Tous les comptes faits, pour ma part, j’incline à croire que si la RCA un état laïc, se retrouve à subir les délires spiritualistes des gloutons et margoulins avides qui la dirigent avec la pression occulte de leurs puissants gourous qui se croient invincibles, c’est parce que ce pays va de plus en plus très mal. Et s’il faut absolument des journées entières de jeûnes et de prières pour sauver la Centrafrique, je suggère très respectueusement que Samba-Panza, toute sa famille, ses amis proches ainsi que ses principaux conseillers, acceptent par pur esprit patriotique, de se soumettre eux-mêmes d’abord et très sérieusement, à de longues séances répétées d’un rituel d’exorcisme, de prière de délivrance et de libération. A mon avis, c’est là le seul moyen susceptible de combattre efficacement les anges aux douze cornes de Mammon, le démon de l’enrichissement personnel, de la soif de pouvoir, des richesses et autres biens mal acquis, qui règnent en maître dans les cœurs de nos dirigeants et de leur entourage, et finissent toujours par les perdre.
Prions
Que les démons et tous esprits mauvais, sortent immédiatement et sans condition du corps de tous dirigeants centrafricains et leur entourage !
Que tous les projets maléfiques de Satan et ses anges du mal soient sans effet sur la RCA et les prochaines élections ;
Que la bénédiction de Dieu descende sur Samba-Panza et tous ceux qui l’entourent et dispose leur cœur à quitter le pouvoir en paix et sans regret.
Que Dieu bénisse la Centrafrique.
Guy José Kossa, GJK – L’élève certifié de l’école primaire tropicale
Et Indigène du village Guitilitimô - Penseur social