Faustin-Archange Touadera et la vice présidente de la commission européenne @ pe
Madame la Vice-présidente de la Commission européenne ;
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale ;
Honorables personnalités du monde des affaires,
Distingués Invités ;
Mesdames et Messieurs ;
C’est pour moi un insigne honneur et un réel plaisir de prendre la parole ce jour, au nom de la délégation de la République centrafricaine et à mon nom propre, à l’occasion de cette très importante rencontre.
Celle-ci est une véritable opportunité pour des partenariats favorisant le commerce, l’investissement et les financements tant recherchés par mon pays pour la mise en œuvre de nos programmes, nos plans d’actions et nos projets de reconstruction, de développement et de réduction de la pauvreté.
Je voudrais saisir cette opportunité pour exprimer toute ma gratitude à l’Union européenne qui nous donne l’opportunité de cet échange.
Profitant de cette heureuse circonstance, je voudrais rappeler aux yeux de tous, que mon pays revient de loin sur la scène internationale après une crise militaro-politique de 2012/2015 qui a produit sur le peuple centrafricain une véritable psychose.
Heureusement, l’Union africaine, la CEMAC et la CEEAC, l’Organisation des Nations Unies -ONU-, l’Union européenne -UE-, la francophonie, la Banque mondiale, la Banque Africaine de Développement -BAD-, la France, les Etats-Unis et les autres partenaires de la communauté internationale se sont mobilisés à travers des aides multiformes, pour atténuer les souffrances de ces populations meurtries et soutenir nos efforts de reconquête de la cohésion nationale.
Cependant, cette situation difficile n’a en aucun cas annihilé les capacités des centrafricains à se surpasser en vue de reprendre en main leur destinée.
Comme le monde entier a pu le constater, le peuple centrafricain a organisé des élections présidentielles et législatives libres, démocratiques et apaisées sur tout l’ensemble du territoire, sans contestation et a choisi son élu à plus de 62% en la personne de votre serviteur d’aujourd’hui.
A l’occasion de mon investiture, je me suis donc engagé pour les cinq prochaines années, à bâtir un pays ou règnent la paix, la sécurité, un pays habité par le souci constant de la recherche de la cohésion et la justice ; un pays économiquement fort où la corruption est l’ennemi n°1 de l’Etat ; un pays qui garantit un espace de liberté aux acteurs politiques et économiques. Bref, je me suis engagé à bâtir un Etat de droit en mettant en place toutes Institutions principales de la République.
Pour bien faire les choses dans le domaine de la sécurité, j’ai entamé la réorganisation et la restructuration de nos forces armées afin de disposer d’une armée nationale, professionnelle, républicaine et apolitique et engagé personnellement, en vue d’une paix durable, un dialogue permanent avec les groupes armés et initié une mise en œuvre efficace du processus de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement -DDRR- et de la réforme du secteur de la sécurité -RSS- avec de véritables chances de succès.
Le gouvernement a déployé des efforts pour assurer le fonctionnement régulier des cours et tribunaux sur toute l’étendue du territoire en vue de rendre la justice efficace et proche des justiciables, poursuivre le redéploiement de l’administration publique sur toute l’étendue du territoire avec le concours de la Communauté Internationale.
La relance économique a été pour nous un point de mire pour un relèvement de notre développement.
A cet effet, j’ai mis en seconde priorité l’assainissement des finances publiques où nous avons entrepris des réformes à savoir : la mise en place effective de l'agence centrale et comptable du Trésor, la lutte contre la fraude fiscale et douanière, le redéploiement des régies financières à l'intérieur du pays, la sécurisation et le renforcement des contrôles fiscaux des grandes entreprises.
J’ai lancé ensuite un vaste programme de reforme des secteurs productifs dont l’agriculture, les mines, la forêt, l’élevage, les technologies de l’information et de la communication, etc.
Pour soutenir ces reformes, j’ai entrepris la réhabilitation et la construction des infrastructures.
Il faut ajouter à notre agenda, l’important problème de l’amélioration du climat des affaires et qui me tient particulièrement à cœur.
Honorables personnalités du monde des affaires ;
Mesdames et Messieurs et istingués invités ;
La République centrafricaine, un pays sans littoral, est située au cœur de l’Afrique. Elle s’étend sur une superficie de 623 000 Km² avec une population estimée à 5 000 000 d’habitants, inégalement répartie sur le territoire. Elle partage des frontières avec six Etat : le Soudan, le Sud Soudan, le Cameroun, le Tchad, la République Démocratique du Congo (RDC) et la République du Congo.
Ce pays regorge d’importantes ressources naturelles, mais qui sont insuffisamment exploitées ou pas du tout pour certaines.
Notre potentiel minier est immense. Une étude financée par la banque mondiale en 1995 a recensé 470 indices minéraux et la levée partielle de la suspension au processus de Kimberley, ouvre une bonne perspective pour le secteur. Sans être exhaustif nous pouvons citer : le calcaire, le fer, le cuivre, l’uranium, l’or et le diamant. S’agissant des hydrocarbures, quatre sites pétroliers prometteurs ont été identifiés avec des réserves estimées entre 1 et 5 milliards de baril de pétrole main non exploités.
Dans le domaine de l’agriculture, le pays dispose de 15 millions d’hectares de terre arables, dont 1% seulement est exploité. Le cheptel bovin représente environ 2 millions de têtes et 16 millions d’hectares de pâturage sous exploités.
Dans le domaine de la forêt, il y a plus de 5 millions d’hectares de forêts dense dont 3,5 millions sont sous aménagés. A cela s’ajoute de réseaux hydrographiques denses qui représentent des opportunités pour la pêche, la chasse, l’écotourisme à grande échelle et surtout la production énergétique.
Malgré ces potentialités, de nombreux besoins en biens et services de qualité demeurent et le pays dépend en grande partie des produits importés.
A cet effet, des réformes ont été engagées depuis quelques années en vue de promouvoir les investissements et de favoriser le développement d’un secteur privé dynamique, compétitif, créateur d’emplois et contribuant à la réduction de la pauvreté.
Dans cette optique, je note la création de la commission nationale des investissements chargée entre autres, d’accorder des avantages fiscalo -douaniers sans discrimination aucune, d’un guichet unique de formalités des entreprises qui permet depuis de réduire le temps et le coût de création des entreprises, d’un cadre mixte de concertation pour l’amélioration des affaires et d’un cadre de concertation entre l’administration fiscale et le secteur privé. Je note également, l’adoption du code pétrolier et du code forestier accordant chacun des avantages aux investisseurs.
Je ne pourrai oublier, dans le cadre de la lutte contre la fraude sous toutes ses formes, la création d’un comité national de lutte contre la corruption.
Honorables personnalités du monde des affaires ;
Mesdames et Messieurs et distingués invités ;
En dépit de ces reformes, cette crise qui a fait d’énormes dégâts et un véritable préjudice aux administrations publiques et parabibliques, n’a pas épargné le secteur privé.
Face à cette situation, le gouvernement a rapidement organisé en 2015, un forum national sur la promotion du secteur privé, avec l’appui de l’ONUDI, de la Banque des Etats de l’Afrique centrale, de la Banque de Développement des Etats de l’Afrique centrale, de la Banque Mondiale, et bien d’autres Institutions partenaires régionales et internationales
Ce forum a permis aux pouvoirs publics, au secteur privé, à la société civile et aux partenaires techniques et financiers de la République Centrafricaine d’identifier ensemble les défis et enjeux de l’économie nationale, de définir les mesures correctives pour la croissance de l’économie de notre pays et d’importantes mesures pour l’amélioration du climat des affaires.
D’ores et déjà, grâce aux efforts conjugués du gouvernement centrafricain, des pays amis et de la communauté internationale que je tiens à remercier très sincèrement, d’ores et déjà la reprise des activités économiques et commerciales dans le pays sont visibles.
Je note, entre autres performances, que des avancées sont enregistrées sur le plan économique, notamment le taux de croissance du produit intérieur brut -PIB- est passé de moins 36,7% en 2013 au fort de la crise à 4,0% en 2016 et le taux d’inflation est passé de 6,6% en 2013 à 3,9% en 2016.
Honorables personnalités du monde des affaires ;
Mesdames et messieurs et distingués invités ;
En venant à cette table ronde, j’ai apporté un message d’espoir et d’amitié pour le renforcement du partenariat entre mon pays et les Investisseurs privés étrangers
Un message d’espoir parce que la République centrafricaine vient de tourner définitivement la page de ses sombres périodes de crises, avec le retour à l'ordre constitutionnel remarquable avec la mise en place des principales Institutions républicaines dont l’Assemblée nationale qui joue pleinement son rôle et le gouvernement compétent et équilibré, travaillant sans relâche sur les axes prioritaires de ma vision comprenant bien entendu l’amélioration du climat des affaires afin de stimuler les investissements et renforcer le rôle du secteur privé, moteur de la création d’emploi et des richesses.
En ce qui concerne l’amélioration du climat des affaires j’ai engagé les reformes les plus pertinentes en prenant soin de tenir compte des indicateurs du Doing Business.
De manière générale nous nous sommes engagés à poursuivre le renforcement du dialogue et du partenariat entre l’Etat et le secteur privé, à réviser la loi portant charte nationale des investissements pour qu’elle soit plus attractive, à faire adopter la loi portant Code de Commerce de la République centrafricaine et celle sur la Normalisation, à mettre en place une zone industrielle, un fonds national de garantie et d’investissements et un fonds national d’indemnisation des entreprises sinistrées lors de la dernière crise et enfin poursuivre la simplification des opérations de douanes et de transit sur les principaux corridors d’importation et d’exportation du pays.
De manière spécifique par rapport aux indicateurs du Doing busines, nous allons poursuivre la réduction du nombre des formalités et les coûts induits, procéder à une large diffusion de l’information sur les prêts, alléger la pression fiscale. Nous allons poursuivre également au renforcement des capacités des tribunaux et des juges commerciaux pour une meilleure application des textes de l’OHADA et une exécution rapide des contrats.
Honorables personnalités du monde des affaires ;
Mesdames et messieurs et distingués invités ;
C’est pour mener à bien toutes ces activités, que je me suis attaqué aux questions sécuritaires. A cet égard, je voudrais renouveler ma gratitude à la communauté internationale et certains pays amis pour l’aide qu’ils nous ont apportée pendant cette crise. Ces appuis multiformes ont permis le retour à la paix et à la légalité constitutionnelle.
Honorables personnalités du monde des affaires ;
Mesdames et messieurs et distingués invités ;
La République centrafricaine est sur la bonne voie. C’est pourquoi, je voudrais vous exhorter à venir investir dans ce pays.
La République centrafricaine a toujours besoin plus que par le passé, de vos appuis, de vos conseils et expériences à travers une coopération commerciale et un partenariat gagnant-gagnant bien renforcés.
Je vous invite donc, vous chefs d’entreprises, à venir investir en République centrafricaine dans divers domaines, car les opportunités sont immenses dans les secteurs de la sécurité, de l’agriculture et de l’élevage, des mines, de l’énergie, de la santé, de l’éducation, des eaux et forêts, des technologies de l’information et de la communication, des infrastructures, du tourisme et des services.
Il y a de la place pour tous en République centrafricaine.
Je vous remercie.
Le 17 novembre 2016