Le Conseil des droits de l’homme a été saisi, mercredi 4 juillet 2018 à Genève en Suisse, d’un compte-rendu oral de Keita Bocoum experte indépendante sur la situation des droits de l’homme en République centrafricaine -RCA-
Keita Bocoum@nato
Mme Keita Bocoum a indiqué que la situation humanitaire connaît la même détérioration, avec un nombre croissant d’attaques contre les travailleurs humanitaires et leurs équipements et contre les Casques bleus. Certes, l'Etat a essayé de faire des efforts pour protéger la population, en déployant l’administration et les forces de sécurité nationales dans quelques régions, mais il reste très fragilisé par les abus continus des groupes armés.
Keita Bocoum a déclaré "Toutes les victimes que j’ai rencontrées m’ont partagé leur traumatisme renouvelé depuis les événements à Bangui en avril et mai 2018" ajoutant "la régression de la situation à Bambari et les témoignages des victimes à Bangassou qui réclament des activités économiques et sociales de base, la sécurité et la liberté de mouvement".
L’experte indépendante de l'ONU a fait part de sa vive inquiétude par les "nombreux discours de haine et d’incitation à la violence visant à manipuler la population. "Sur ce point, j’exprime ma satisfaction au gouvernement assisté par la MINUSCA pour l’adoption du plan national de prévention de l’incitation à la haine et à la violence", a insisté Keita Bocoum.
Mme Keita Bocoum a rappelé le rôle d’une communication appropriée dans ce contexte de crise qui est "fondamentale pour présenter en toute transparence les efforts du gouvernement du Centrafrique et de ses partenaires en faveur de la population". Dans ce contexte, Keita Bocoum demande aux autorités centrafricaines et la MINUSCA à protéger efficacement la population et à lutter contre les discours de haine.
Concernant l'harmonisation de la lutte contre la circulation illicite des armes en Afrique centrale devant le Conseil des droits de l’homme, Keita Bocoum a insisté sur les aspects régionaux du conflit en Centrafrique et la nécessité d’engager l’ensemble des Etats d’Afrique centrale et les organisations régionales pour la stabilisation du Centrafrique et le développement régional.
L'experte Bocoum a précisé "Au cours de ma visite à Libreville au Gabon en avril 2018, j’ai évoqué le rôle crucial que la CEEAC soutenue par UNOCA pourrait jouer dans l’harmonisation des stratégies de lutte contre la circulation illicite des armes et des ressources naturelles, des groupes armés et des mercenaires, de la régulation de la transhumance et de la protection des réfugiés tout en se réjouissant que des commissions bilatérales et tripartites soient envisagées avec les pays voisins."
Mme Bocoum a rappelé que la communauté internationale doit aussi aider la Cour pénale spéciale, car à ce jour celle-ci est pratiquement opérationnelle, mais faute de financement sur le long terme son personnel ne pourra pas se concentrer sur le travail judiciaire.
L'ambassadeur de la République centrafricaine évoque les enjeux économiques du conflit en Centrafrique et a expliqué "que la crise sans précédent qui l’affecte avait affaibli l’autorité de l’État, brisé la chaîne pénale et ébranlé le pouvoir judiciaire, ce qui a laissé libre cours à la justice privée des bandes armées, aux abus et aux exactions."
La persistance des groupes armés dans la belligérance repose sur des enjeux économiques liés aux énormes ressources dont dispose le pays, a déclaré le Représentant permanent du Centrafrique auprès de l’office des Nations-Unies à Genève.
Le 4 juillet 2018