U.A:discours du président du Centrafrique lors de la 32e session

  • Excellence Monsieur le Président Paul Kagame, président en exercice de l’UA,
  • Excellences Messieurs les présidents, et chefs de gouvernement,
  • Monsieur le président de la commission de l’Union africaine,
  • Distinguées personnalités,
  • Mesdames et Messieurs,

 

Il y a deux ans, ici même dans les enceintes de notre famille, l’Union africaine, vous décidiez de manifester la solidarité africaine à mon pays, la République centrafricaine. En effet, c’est lors du sommet du 30 au 31 janvier 2017 que vous avez pris l’heureuse décision de placer le processus de dialogue inter-centrafricain dans le cadre de l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine, conduite par l’Union africaine, la Communauté des Etats de l’Afrique centrale, la conférence internationale sur la Région des Grands Lacs avec l’appui de l’Angola, du Cameroun, du Congo, du Gabon, de la République Démocratique du Congo, du Soudan et du Tchad.

Aujourd’hui, c’est un réel honneur pour moi de prendre la parole pour vous présenter le résultat de vos efforts inlassables au chevet de mon pays. Je suis particulièrement heureux de vous annoncer que grâce à vos conseils, à votre fraternelle solidarité, les centrafricaines et centrafricains se réjouissent de l’accord politique pour la paix et la réconciliation. Cet accord est un compromis véritablement historique, fruit de deux ans de discussions à différents niveaux et de dix jours de dialogue direct entre le gouvernement et les responsables des 14 groupes armés.

L’accord est également le fruit de la philosophie bien pensée des solutions africaines aux problèmes africains que nous partageons dans notre famille et à laquelle nous venons de donner un réel contenu avec le Dialogue tenu à Khartoum grâce à la généreuse hospitalité du peuple frère de Soudan et à l’engagement de son leader, Son Excellence Omar El-Beshir.

Le peuple centrafricain se joint à moi pour vous exprimer sa profonde reconnaissance et exprimer le souhait de continuer à bénéficier de votre bienveillante attention dans la mise en œuvre de cet accord paraphé à Khartoum le 5 février 2019 et signé à Bangui, le 6 février 2019.

  • Excellences, Mesdames, Messieurs,

 

Je me présente à vous pour vous affirmer sans ambages que le meilleur hommage que nous rendrons à votre engagement à nos côtés sera de mettre en œuvre de manière sincère, concertée et complète cet Accord dont certaines dispositions ont commencé à être concrétisées. En effet, sans attendre, et conformément aux dispositions de l’Accord en rapport avec la question de la justice et de la réconciliation, j’ai pris par décret la décision de créer la commission inclusive qui aura pour mission essentielle d’examiner tous les aspects liés à la crise, de qualifier et de proposer toute action susceptible d’être prise en matière de justice.

Le sens de cette disposition est de faire en sorte que la justice ne soit pas comprise comme un outil de vengeance ou de disqualification de l’un ou l’autre acteur. Nous allons œuvrer pour une justice qui restaure, réhabilite les victimes. Nous allons investir dans une justice qui réconcilie et que soutiendra la commission vérité, justice, réparation et réconciliation dont la mise en place interviendra avant la fin de ce semestre.

Le renforcement de la cohésion sociale appellera aussi une réflexion sur les sujets de citoyenneté, de laïcité et de protection des minorités pour que convenir les actions et autres mesures à mettre en œuvre pour améliorer le cadre légal et réglementaire en s’assurant que les lois régissant le fonctionnement des institutions en République centrafricaine sont expurgées de toute disposition pouvant sembler consacrer une quelconque pratique discriminatoire.

Sur le plan politique, la priorité sera celle de poser les bases solides d’une gouvernance encore plus inclusive à tous les niveaux, en améliorant les efforts déjà faits. Pour assurer de manière efficace et efficiente la présence de l’Etat et restaurer son autorité, nous nous allons investir dans le renforcement des capacités des acteurs afin de garantir des niveaux élevés de compétences, d’intégrité mais aussi de redevabilité., c’est une condition. En outre, je veillerai à la conduite diligente du processus d’adoption du code sur les collectivités locales dont la mise en œuvre permettra d’élargir la base de participation aux affaires publiques de toutes les parties prenantes à l’accord et contribuera à corriger les disparités entre les régions du pays, sans porter atteinte à l’intégrité du territoire national.

La sécurité reste le nœud gordien de la réussite de cet Accord. C’est un sujet qui reste de très grande préoccupation. L’accord ne pourra donner de l’espoir que s’il donne lieu à une réelle accalmie. A ce sujet, et avec l’appui des partenaires, nous allons à la cessation effective des violence en nous assurant de l’effectivité du programme national de DDRR dont nous allons revisiter les organes de gestion et de mise en œuvre. De la même manière, nous accélérons le programme de RSS qui constitue la base de la refondation des forces de défense et de sécurité centrafricaines.

Pour soutenir le succès de l’accord et la confiance du peuple dans les compromis obtenus, je me rendrai bientôt à l’intérieur du pays pour poursuivre le dialogue avec mes compatriotes et travailler avec eux à l’accélération des projets concrets de développement social et économique inscrits au titre du Plan de relèvement et de consolidation de la paix.

De la même manière, je saisis cette opportunité pour exprimer le vif souhait de la RCA de poursuivre un dialogue actif avec tous ses partenaires, au premier rang desquels figurent les pays voisins. La réactivation des commissions mixtes entre nos pays offre un cadre approprié de soutien à cet accord en approfondissant des questions d’intérêt mutuel pour nos peuples. Et dans cette optique, j’en appelle à une action sous-régionale et d’envergure pour se pencher sur les conditions d’une transhumance apaisée dans les pays de la sous-région.

Excellences, Mesdames, Messieurs,

En offrant à l’accord politique pour la paix et la réconciliation en RCA des bases respectant la légalité et la légitimité ainsi que des réponses concrètes aux questions les plus épineuses, il n’y a guère de doute que nous avons franchi un pas important sur la voie de la paix durable en RCA.

L’Accord que nous avons signé n’est pas une fin en soi. Sa mise en œuvre requerra un dialogue permanent et les conseils constants des amis vigilants de la RCA que vous êtes. A vous qui nous avez offert autant de soutien, je viens réaffirmer tout mon engagement et toute ma détermination à mettre en œuvre l’Accord pour lequel je demande solennellement, votre soutien ferme et entier ! Nous avons encore besoin de vous !

Je vous remercie

Le 10 février 2019

Addis-Abeba  capitale de l'Ethiopie