Moushira Khattab pour l'UNESCO : Plus près des gens, plus près de notre mission
Moushira Khattab@sourcecandidat
L’UNESCO a été fondée à un moment déterminant de l’histoire, se voyant confier l’exaltante mission de "contribuer à la paix et à la sécurité en favorisant la collaboration entre les nations par l’éducation, la science et la culture". Au fil des ans, cette organisation a touché des milliards de vies et suscité des développements positifs dans le monde entier. Elle présente donc des opportunités prometteuses que nous pouvons mettre à profit pour œuvrer collectivement, avec un enthousiasme et une innovation renouvelés, au service de l’humanité.
Nous sommes, une fois encore, à un moment déterminant. Dans le monde actuel où règnent l’extrémisme, la pauvreté, l’inégalité, le réchauffement planétaire et les atteintes à la dignité humaine, des forces massives frappent au cœur même de la mission de l’UNESCO. Des gens ont désespérément besoin – plus que jamais – de notre intervention immédiate et percutante. En tant que directrice générale de l’UNESCO, je veillerai à ce que nous restions fidèles à notre mission intemporelle, et nous le ferons avec une détermination sans faille pour traiter les causes profondes en vue d’un impact durable.
Le mandat de l’UNESCO couvre tout ce qu’il faut faire pour répondre à ce besoin. Le véritable défi, cependant, réside moins dans le quoi que dans le comment, dans la façon dont nous mettons en œuvre ces choix, dont nous leur donnons vie et dont nous laissons une empreinte durable sur nos partenaires par de bons programmes et de bonnes initiatives.
C’est précisément là que se rejoignent mes antécédents personnels, mon expérience et ma passion. En mettant à profit les forces profondément enracinées de l’organisation tout en apportant une perspective totalement nouvelle, je me concentrerai sur ce qui fonctionne sur le terrain, plutôt que sur ce qui devrait fonctionner en théorie.
Inspirée par les personnes que j’ai rencontrées tout au long de la campagne, je suis parvenue à la conclusion qu’une réforme s’impose à travers une approche innovante, plus proche des gens et, donc, plus proche de la mission de l’UNESCO. C’est pourquoi j’envisage une organisation ciblée, transparente et efficace, dotée de ressources suffisantes, appuyée par ses États membres et acceptée par les gens.
Une approche différentiée de l'exécution
Le COMMENT
1- Une UNESCO au contact, les pieds solidement enracinés dans le sol :
J’ai fait ma carrière sur le terrain, proche des gens, luttant contre nombre des problèmes que l’UNESCO cherche à éradiquer. Je suis allée dans les villages les plus reculés de ma région et continue à entendre les préoccupations des segments marginalisés de la société. Il faut rester proches des gens que nous servons si nous voulons vraiment toucher leur vie.
Il est tout aussi important de rester proche des États membres et des organes directeurs. Il est essentiel de mobiliser leur soutien pour renforcer l’accent placé sur le mandat de l’UNESCO. Dans le même ordre d’idées, je développerai l’assistance, y compris l’assistance technique, que l’UNESCO apporte aux commissions nationales pour renforcer leurs capacités, car elles constituent un lien indispensable avec l’organisation.
Rester proches de nos partenaires est la meilleure façon de croître en nouant de nouveaux partenariats et en renforçant ceux qui existent avec des fondations philanthropiques, le secteur privé, la société civile, des entrepreneurs sociaux et des bailleurs de fonds internationaux, sans oublier les partenariats gouvernementaux et régionaux Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaires.
De solides partenariats aideront à réduire la vulnérabilité financière de l’UNESCO sur le long terme et à promouvoir le transfert de technologies et le renforcement des capacités des pays en développement, en particulier d’Afrique, ainsi que des pays les moins avancés. Nous collaborerons étroitement avec d’autres organes de l’ONU en vue d’une mise en œuvre collective des objectifs de développement durable. La synergie avec d’autres organisations intergouvernementales doit être mieux ancrée dans les processus de planification, de mise en œuvre et de suivi pour assurer un plus grand impact et une utilisation plus efficace des fonds.
Sur le plan interne, en ce qui concerne le secrétariat de l’organisation, j’accorderai une attention particulière à la sélection des candidats les plus compétents en vue d’améliorer la répartition géographique et l’équilibre des genres. J’adopterai une culture de gestion inclusive et hautement participative, qui créera un environnement plus proche des parties prenantes.
2- Une UNESCO responsable qui tient sa promesse :
L’UNESCO doit continuer d’exercer une gouvernance efficace, d’avoir une efficacité sans faille, de faire des choix clairs, d’adopter des priorités ciblées et d’assurer une intendance impeccable, le tout pour produire des résultats conformes aux principaux indicateurs de performance que sont, notamment, l’amélioration de l’alphabétisation, l’égalité d’accès à une éducation et à un savoir de qualité, la mise en place d’initiatives culturelles, la liberté d’expression et l’égalité des genres. La gouvernance ne tient pas tant au nombre d’activités que nous menons qu’à l’efficacité avec laquelle nous les menons.
Rien de tout cela ne peut être atteint sans un financement approprié et durable. Ma vision d’une UNESCO réformée est celle d’une Organisation possédant des capacités de mobilisation de fonds qui vont au-delà des contributions des États, s’ouvrant à des flux de revenus plus divers. Cela assurera la santé financière de l’Organisation sur le long terme pour ne plus avoir à combattre l’incendie à court terme.
L’UNESCO est, en fait, la proposition d’investissement la plus convaincante au monde. Plus l’Organisation sera proche de réaliser sa mission de paix, plus le monde sera prospère. C’est une équation très simple, mais pas assez exploitée. Une UNESCO efficace, ciblée et transparente conduisant des partenariats viables articulés autour d’une vision commune et audacieuse attirera les investissements, confiants dans la crédibilité que nous bâtissons.
De récents rapports d’audit externe ont émis, en ce qui concerne la gestion et la gouvernance, d’importantes recommandations que j’appliquerai en étroite coordination avec les États membres. Une mise en œuvre en prise et responsable l’UNESCO doit agir habilement face à tous les défis et ne pas se laisser submerger en essayant de réinventer la roue, mais se concentrer sur la meilleure façon de mettre en œuvre le programme. Je rechercherai largement le consensus, évitant les biais et les divisions.
En tant que directrice générale, j’apporterai à l’UNESCO un mélange d’expérience des pays en développement et de compétence diplomatique internationale aux niveaux multilatéral et bilatéral. C’est cette combinaison qui m’a permis d’identifier les problèmes de base et d’obtenir l’appui de décideurs, de donateurs et de la société civile autour de causes telles que l’éducation des filles, la participation des jeunes, l’égalité des genres et la lutte contre les mutilations génitales féminines.
Faire progresser la mise en oeuvre du mandat
Le QUOI
Priorités principales
Le mandat de l’UNESCO englobe de nombreux domaines interdépendants et également importants. J’honorerai pleinement le mandat, intégrant l’Afrique et l’égalité des genres, en plus de l’autonomisation des jeunes, dans tous les programmes, tout en privilégiant les interventions les plus efficaces dans tous les secteurs. L’Afrique est une priorité globale qui demande davantage d’attention. La coopération et la coordination avec l’Union africaine dans le cadre de l’Agenda 2063 jouent à cet égard un rôle déterminant. J’appliquerai une approche multidisciplinaire de manière globale et efficace par rapport au coût.
L’UNESCO est une institution clé qui devrait, grâce aux travaux qu’elle mène sur l’éducation, la culture, la science, la communication, les océans, l’eau et l’égalité des genres, conduire l’action menée dans le monde à l’appui des ODD dans le cadre d’une approche axée sur les droits.
Nous devons intensifier la lutte contre l’extrémisme et la radicalisation et entraver leur pénétration dans les sociétés, qui constitue la menace la plus dangereuse pour l’humanité avec la perte de vies, l’érosion culturelle et la destruction d’un patrimoine irremplaçable. C’est là un défi épique, mais un appel au devoir qu’a l’UNESCO d’intensifier et de réaffirmer son leadership en tant qu’organisation capable de bâtir une paix et un développement durables. L’éducation est le mandat central qui confère ses bienfaits à toutes les priorités.
1- Une éducation de qualité pour tous
L’UNESCO doit honorer son mandat principal et conduire les activités de l’ONU relatives à l’éducation. C’est une condition de l’autonomisation, de la citoyenneté mondiale, du bien-être socioéconomique, de la réduction de la pauvreté, du respect et de la protection de l’environnement, ainsi que de la lutte contre l’extrémisme, la violence et la radicalisation. L’éducation est un droit fondamental et un moyen de réaliser d’autres droits. En investissant dans l’éducation, en particulier pour les femmes, les enfants et les jeunes, on obtiendra un résultat maximal de tous les programmes de l’UNESCO.
Je crois que l’accès à lui seul ne suffit pas ; la qualité est cruciale. L’UNESCO s’emploiera à faire en sorte qu’il soit proposé à tous une éducation de qualité, équitable et inclusive qui soit un processus d’apprentissage tout au long de la vie, ainsi qu’un enseignement et une formation techniques et professionnels en sus de l’enseignement supérieur.
Je suis fière d’avoir lancé et coordonné avec succès, en Égypte, une initiative d’éducation des filles qui a créé 2 200 écoles accueillantes pour ces dernières et a été saluée par l’UNICEF comme étant un excellent modèle. Cette initiative a introduit, dans l’éducation, la culture et la réforme juridique, un changement de paradigme qui continue de fonctionner aujourd’hui.
J’adapterai ces expériences pour transformer l’action que l’UNESCO mène en matière d’éducation, commençant par accroître la part de cette dernière dans la responsabilité sociale des entreprises (y compris l’élaboration du programme intitulé Les entreprises soutiennent l’éducation). L’une des priorités sera de réduire la fracture éducative en veillant à ce qu’une éducation équitable transcende les préjugés sexistes et s’adresse aux segments vulnérables de la société.
L’éducation est la principale voie vers une culture de la paix, de la dignité humaine et du développement durable ; il faut du temps pour en récolter des fruits, mais cela ne devrait pas affaiblir notre volonté d’investir dans l’éducation en tant que priorité stratégique.
2- La science au service du développement durable
Il faut que l’UNESCO collabore avec les États pour combler les lacunes recensées dans le domaine des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques. Je travaillerai avec les États membres pour que les personnes qui en ont le plus besoin aient accès au savoir, à la science, à la recherche, à la technologie et à l’innovation.
À l’ère du numérique, il faudrait que l’UNESCO utilise les dernières technologies pour faire connaître l’efficacité de ses initiatives de développement. Les technologies de l’information et de la communication sont un outil indispensable pour appuyer des actions telles que l’enseignement à distance, la préservation du patrimoine et la protection de l’environnement.
Le rôle de l’UNESCO en tant que forum international d’expression pour les scientifiques, philosophes et enseignants est très précieux et doit être revigoré. L’UNESCO joue également un rôle de premier plan grâce à ses nombreux programmes spécialisés que sont, notamment, le Programme hydrologique international (PHI), le Programme sur l’Homme et la biosphère (MAB) et le Programme international de géosciences (PICG). En accroissant la coordination de ces programmes, on créera des synergies et l’on améliorera leurs résultats respectifs sur l’ensemble des activités.
Jamais les sciences naturelles n’ont été autant nécessaires pour jeter les bases solides d’un développement durable, permettre de mieux gérer les ressources partagées, y compris l’eau et les océans, et remédier aux effets néfastes du changement climatique. À cet égard, je prêterai une attention particulière aux petits États insulaires en développement, œuvrant non seulement dans le domaine scientifique, mais également dans tous les secteurs. Le domaine des sciences sociales et humaines devrait rester un pilier actif de l’UNESCO, ce qui lui permettra de jouer un rôle de premier plan dans la réponse apportée aux défis intellectuels d’aujourd’hui.
3- Une culture Inclusive qui façonne les esprits et les cœurs
La montée de l’extrémisme est une guerre contre la diversité culturelle et le patrimoine culturel dans laquelle l’UNESCO est idéalement placée pour aider à stopper sa progression par le dialogue, l’éducation, les médias et l’art. Je mettrai à profit mon expérience pour aider les États à intégrer le respect de la diversité culturelle dans les politiques nationales et à garantir à tous le respect de leurs droits culturels.
La promotion de la diversité culturelle et le "rapprochement des cultures" ainsi que la préservation et la protection du patrimoine, matériel et immatériel, sont autant de marques de l’UNESCO, et je m’engage à développer l’immense travail accompli dans ce domaine et à inviter les gens à se faire les gardiens de la diversité et du patrimoine.
Venant d’Égypte, pays qui a valu à l’UNESCO sa renommée dans le domaine de la protection du patrimoine, j’apprécie tous les résultats obtenus sur le terrain ; malgré ces efforts, cependant, un patrimoine précieux et irremplaçable est détruit ou fait l’objet de trafics chaque jour. Je m’emploierai à renforcer la capacité des États membres à promouvoir, gérer et protéger le patrimoine culturel, naturel et immatériel. En outre, je veillerai à ce que l’UNESCO étende son assistance aux pays qui ont besoin d’inscrire leur patrimoine culturel sur les listes correspondantes.
4- Une communication libre
Toute personne a le droit d’accéder à l’information et d’être informée. Je mettrai à profit le rôle central que joue l’UNESCO pour établir des normes guidées par le droit de promouvoir la "libre circulation des idées par le mot et l’image", la liberté d’expression et la sécurité des journalistes.
L’accès aux technologies de l’information et de la communication est devenu un droit indéniable et un outil d’autonomisation. Je veillerai à l’intégrer dans les programmes de l’UNESCO tout en combattant les aspects négatifs que sont la radicalisation des jeunes et le harcèlement en ligne.
Les médias jouant un rôle clé en tant que puissant outil d’information pour ce qui est d’aider l’UNESCO à atteindre ses objectifs, il faudra que l’organisation élabore une stratégie globale de communication pour sensibiliser le monde extérieur et accroître sa visibilité et celle de ses activités.