Entre 2006 et 2017, plus de 1 000 journalistes ont été tués dans le monde. En 2017, pour la première fois, une majorité de journalistes (55 %) a été tuée dans des pays qui ne sont pas en proie à des conflits armés. L’impunité de l’ensemble de ces crimes reste criante : seul un cas sur 10 a été porté devant la justice.
C’est ce qui ressort du dernier Rapport 2018 de la Directrice générale sur la sécurité des journalistes et la question de l'impunité publié à l'occasion de la journée internationale de la fin de l'impunité pour les crimes contre des journalistes, le 2 novembre 2018.
Depuis 2013, les Nations Unies commémorent cette Journée afin d’évaluer les efforts déployés pour répondre aux problèmes de sécurité auxquels font face les journalistes dans leur travail et à l’impunité des crimes dont ils font encore trop souvent l’objet. Si ces dernières années ont permis des avancées en termes de sensibilisation de l’opinion publique, ces chiffres rappellent la nécessité de poursuivre les efforts pour que la lumière soit faite sur ces crimes.
En 2016 et 2017, 182 journalistes ont perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions. Cette année, l'UNESCO recensait encore le meurtre de 86 journalistes entre le 1er janvier et la fin du mois octobre 2018.
"La lutte contre l’impunité fait partie intégrante de la liberté d’expression, de la liberté de la presse et de l’accès à l’information. Renforcer la sécurité des journalistes qui prennent des risques pour nous informer est non seulement un devoir indispensable, mais également un enjeu de démocratie", a déclaré la directrice générale de l'UNESCO, Audrey Azoulay, au sujet de cette journée.
Autre phénomène notable : le nombre de femmes journalistes tuées dans l'exercice de leurs fonctions a récemment augmenté au cours de cette dernière décennie. En 2017, l’UNESCO a recensé le plus grand nombre de femmes journalistes tuées depuis 2006 -11 femmes-. Le Rapport note également que les femmes journalistes sont plus vulnérables aux menaces liées au genre telles que le harcèlement sexuel et verbal ainsi que les abus en ligne
A cet égard, la directrice générale a déclaré : "Notre engagement dans la lutte contre les menaces spécifiques qui pèsent sur la sécurité des femmes journalistes doit être clairement renforcé".
Par ailleurs, ce sont les journalistes locaux enquêtant sur la corruption, la criminalité et la politique qui constituent de loin le plus grand nombre de victimes. Ils représentaient 90% des journalistes tués en 2017. Leur meurtre est cependant beaucoup moins relayé par les médias que celui des journalistes et correspondants étrangers.
A l'occasion de cette Journée, le gouvernement du Liban et l'UNESCO organisent à Beyrouth un séminaire régional intitulé Renforcer la coopération régionale pour mettre fin à l'impunité des crimes et attaques contre les journalistes dans le monde arabe. Il réunira des décideurs, des experts, des représentants du pouvoir judiciaire, des forces de sécurité, des commissions nationales des droits de l'homme, des médias et de la société civile pour explorer des pistes en vue de renforcer et coordonner la lutte contre l'impunité.
Les manifestations organisées à l'occasion de la journée internationale de la fin à l'impunité pour les crimes commis contre des journalistes auront également lieu dans de nombreuses villes, notamment Abidjan, Bruxelles, Harare, Islamabad, Kaboul, Madrid, aux Nations Unies à New York, Oslo, Paris, Quito, Rabat, Ramallah, Rio de Janeiro, Rome, Sao Paulo, Sheffield et La Haye.
Trois événements sont organisés en partenariat avec des organisations régionales, à Addis-Abeba avec l'Union africaine, à Arusha avec la Communauté d'Afrique de l'Est et la Cour africaine ainsi qu’à San Salvador avec le soutien de la fédération internationale des journalistes, Article 19, le ministère de la justice et de la sécurité publique du Salvador et de l’association de presse du Hondura.
A l’occasion de la journée, l'UNESCO lancera également une campagne mondiale, #TruthNeverDies [#LaVéritéNeMeurtJamais], produite bénévolement par l'agence de création DDB, en association avec les médias.
En 2013, l'assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution A/RES/68/163, qui proclame le 2 novembre journée internationale pour mettre fin à l'impunité des crimes contre les journalistes. La résolution exhorte les États membres à mettre en œuvre des mesures concrètes pour lutter contre la culture de l'impunité.
Cette date a été choisie en commémoration de l'assassinat de deux journalistes français, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, au Mali, le 2 novembre 2013.
Le 25 octobre 2018