Le premier convoi de rapatriement volontaire de réfugiés centrafricains désireux de rentrer chez eux est parti du Cameroun ce mercredi 23 octobre 2019, composé de 410 personnes.
Ces retours volontaires facilités par voie routière sont coordonnés par les gouvernements du Cameroun et de la République centrafricaine -RCA-, l'agence des Nations-Unies pour les Réfugiés -HCR-, tous parties prenantes de l'Accord Tripartite signé le 29 juin 2019 pour le rapatriement volontaire des réfugiés centrafricains dans la dignité et la sécurité.
Ce premier groupe comprenait 223 réfugiés représentant 65 ménages qui sont partis du site de Gado pour Bouar en passant par Beloko et 187 réfugiés représentant 93 ménages qui sont partis de Lolo pour Berberati en RCA. Au 31 août 2019 ce sont 6 350 réfugiés qui avaient déjà exprimé le souhait de rentrer chez eux.
"Avec la mise en œuvre progressive du processus de paix engagé en Centrafrique à travers l’Accord de Paix de Khartoum signé le 6 février 2019 entre le gouvernement centrafricain et quatorze groupes armés centrafricains, les Préfectures de Nana Mambere et de Mambere Kadey offrent aujourd’hui une certaine stabilité qui encourage certaines familles de réfugiés à opter pour la solution durable qu’est le rapatriement volontaire librement consenti" a indiqué le représentant du HCR au Cameroun, Kouassi Lazare Etien.
Le ministre camerounais de l'administration Territoriale, Paul Atanga Nji, a officiellement lancé le départ à partir de Gado pour 223 personnes, tandis que l’Inspecteur Général aux Services du Gouverneur de la région de l’Est, Jacques Woulsoum a accompagné les 187 autres partant du site de Lolo.
"Fin 2013, le Chef de l’Etat xamerounais avait donné des instructions claires pour ouvrir les frontières et accueillir les réfugiés centrafricains (…) Aujourd’hui nous allons les aider à rentrer quand ils en exprimeront le souhait", a commenté Paul Atanga Nji, insistant sur le caractère volontaire de ces retours.
La directrice régionale du HCR Millicent Mutuli - qui a fait le déplacement pour l’occasion - a quant à elle réaffirmé l’engagement du HCR à soutenir le retour volontaire des réfugiés Centrafricains dans la sécurité et la dignité. "Le fait que les gens rentrent volontairement chez eux est un signe positif que la situation s’améliore et le HCR continuera à soutenir la RCA et les pays d’asile en vue de faciliter le retour durable des réfugiés centrafricains qui en expriment le besoin" a-t-elle déclaré.
Prenant la parole au nom du gouvernement centrafricain, le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, Augustin Yanghana-Hote, a rassuré les rapatriés que le gouvernement, avec l’appui du HCR et d’autres partenaires, a pris toutes les dispositions pour leur assurer un retour digne. Pour Buti Kale, le Représentant du HCR en République centrafricain, ces retours "signalent un moment charnière dans la vie des réfugiés, prêts à recommencer leurs vies et à contribuer à la paix et à la réconciliation dans leur propre pays" a-t-il affirmé.
Pour 2019, le HCR prévoit de faciliter le retour de quelque 4 000 réfugiés, l'objectif étant de dépasser le cap de 25 000 pour 2020. Les retours en 2019 concernent "uniquement les réfugiés installés dans les sites aménagés de Borgop et Ngam dans la région de l’Adamaoua et de Gado, de Timangolo, Mbile et LoLo dans la région de l’Est" a ajouté Kouassi Lazare Etien.
Dans les deux camps des réfugiés, l’émotion était palpable chez les premiers candidats au retour. "Lorsque j’ai quitté la Centrafrique en 2013, j’étais au lycée en classe de 1ère. A Gado, j’ai appris plusieurs métiers en travaillant avec des ONG, et je suis fier aujourd’hui parce qu’avec ce que j’ai appris, je pense que je suis prêt pour rentrer : je suis encore jeune et j’ai des ambitions professionnelles", explique Baptiste, 26 ans, entouré de son épouse Prisca et de sa fille Jennifer, âgée de 8 ans. C’est avec émotion qu’il quitte le site qu’il a contribué à bâtir.
Alidou, est certes pressé de rejoindre son pays avec sa famille, cependant il ne peut s’empêcher de penser aux dernières années qu’il a passées dans le camp de Lolo. "Je n’imaginais plus vivre ce jour, mais une nouvelle opportunité s’ouvre pour ma famille et moi". Son épouse Amina, tenant la main de son ex-voisine venue lui dire au revoir, nettoie furtivement son visage. "Mes larmes expriment autant ma joie que ma tristesse car je laisse derrière moi une famille" avouerat-elle après un long silence.
Le Cameroun accueille plus de 280 000 réfugiés centrafricains qui sont installés dans les régions de l’Est, l'Adamaoua et du Nord et aussi dans les grandes villes comme Yaoundé et Douala. La plupart d'entre eux ont été forcés de fuir leur pays à cause des violences qui avaient embrasé la République centrafricaine.
Le 23 octobre 2019