C’est dans une salle comble que les acteurs humanitaires se sont réunis, ce lundi 3 septembre 2018 à Bangui, pour la signature du protocole de partage d’informations et de signalement des allégations d’exploitations et abus sexuels commis par des humanitaires et des membres du personnel de la MINUSCA. @minusca
"L’exploitation et l’abus sexuel est devenu un monstre contre lequel la MINUSCA se débat depuis plusieurs années, malgré les efforts colossaux que nous faisons dans ce pays et aux cotés des autorités centrafricaines", a souligné le Représentant spécial du Secrétaire général, Parfait Onanga-Anyanga. C’était devant des membres du gouvernement dont la Ministre de la promotion de la Femme, de la Famille et de la Protection de l’Enfant, Aline Gisèle Pana, venu représenter le ministre de l’action humanitaire, ainsi que des représentants de missions diplomatiques et organisations internationales.
"L’évènement de ce jour est un pas important dans l’engagement de chacun et chacune à traiter l’ensemble de l’exploitation et des abus sexuels comme un vrai fléau qu’il nous faut terrasser", a poursuivi le chef de la MINUSCA avant de rappeler l’importance du partage de l’information. Il fait valoir par ailleurs que "personne n’ignore le pouvoir de l’information. Or, pendant trop longtemps, notre incapacité à bien gérer et partager l’information a desservi notre action, renforcé les bourreaux et affaibli les victimes".
Parfait Onanga-Anyanga indique en outre que « Cette cérémonie est un signal fort et clair que les Nations Unies, les ONGs humanitaires, internationales et nationales et le gouvernement centrafricain, doivent être unis dans leurs efforts pour éradiquer ce fléau ».
A son tour, la Représentante spéciale adjointe du secrétaire général et coordinatrice humanitaire en Centrafrique, Najat Rochdi, a, non sans émotions, plaidé pour le respect des règles que "nul n’est censé ignorer". Elle a ensuite rappelé à l’assistance qu’"en tant qu’humanitaires, nous sommes en Centrafrique pour une raison très claire, et avec un objectif très clair. A savoir, alléger les souffrances des populations les plus vulnérables et, surtout, les protéger et sauver des vies".
"Bien que l’exploitation et les abus sexuels se produisent dans tous les contextes, ceux qui seraient commis par des acteurs intervenant dans la réponse humanitaire demeurent inacceptables et constituent sans aucun doute un acte abject", a souligné la Coordinatrice humanitaire, tout en insistant sur le fait que ces actes sont contraires aux valeurs et principes véhiculés par les humanitaires et qu’ils portent atteintes à la crédibilité de acteurs de la réponse humanitaires et à la confiance que les populations affectées leur portent.
Se félicitant de l’aboutissement de ce processus qui a duré 18 mois, Najat Rochdi a indiqué que cet engagement commun pris par la MINUSCA et les acteurs humanitaires est l’expression collective du renforcement de la communication afin de prévenir et de lutter contre ce mal et s’assurer, d’abord et avant tout, que les victimes aient accès à la justice mais également à l’assistance dont elles ont besoin. "A travers la signature de ce protocole, nous disons d’une seule voix Non à l’exploitation, Non aux abus sexuels, Non à l’humiliation sous toutes ses formes", conclura la coordinatrice humanitaire.
Au nom du gouvernement centrafricain, la ministre de la promotion de la femme, de la famille et de la Protection de l’enfant, Aline Gisèle Pana, s’est réjouie de la signature du Protocole de partage de l’information et de signalement des exploitations et abus sexuels, lequel est en parfaite adéquation avec la politique du gouvernement, à savoir "combattre toute forme de violence basée sur le genre". Elle a assuré que "le gouvernement est résolument engagé à combattre ces pratiques avec l’appui de tous ses partenaires" , avant d’inviter les parties signataires à "respecter les clauses de ce protocole et à veiller à sa stricte application. Ainsi nous parviendrons à réduire les cas d’exploitations et d’abus sexuels".
Rappelons que l’objectif de ce document est de clarifier le processus de signalement des allégations d’exploitation et abus sexuels contre le personnel des Nations-Unies, le personnel des organisations non-gouvernementales -ONG- internationales et des partenaires nationaux. Ce protocole vient compléter le code de conduite signé par 101 organisations internationales et nationales œuvrant dans l’humanitaire en Centrafrique.
Le 4 septembre 2018