MINUSCA : point presse hebdomadaire du 12 février 2020

Dimanche dernier, le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, s’est entretenu avec le président de la République centrafricaine, Faustin-Archange Touadéra. La rencontre a eu lieu à Addis Ababa, en marge du sommet de l’Union africaine.
 
Le Secrétaire général a salué les efforts en cours pour la mise en œuvre de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation - APPR-RCA-. Les deux responsables ont fait le point sur les progrès réalisés et les défis liés à la préparation des elections presidentielles et legislatives prévues en find’année 2020 et en début d’année 2021. Ils ont également évoqué les défis humanitaires dans le pays ainsi que les efforts visant à mettre en œuvre le plan national de développement.
 
● Le 6 février dernier, le secrétaire général des Nations-Unies avait félicité le peuple centrafricainet son gouvernement à l’occasion du premier anniversaire de l'APPR-RCA, en indiquant que l’Accord a permis des progrès réels.
 
Dans un message vidéo, le secrétaire général a également fait part de sa préoccupation par certainsretards dans la mise en œuvre et condamné fermement la poursuite des violences.
Dans son message, le secrétaire général a appelé tous les signataires à respecter leurs engagements et souhaité que tous les partenaires soient pleinement engagés et unis.
 
● Le président de la configuration de la République centrafricaine de la commission de consolidation de la paix des Nations-Unies -PBC-, l’ambassadeur du Royaume du Maroc auprès de l’ONU, arrive aujourd’hui à Bangui, pour une visite de trois jours. L’objectif est de s’informer sur la mise en œuvre de l’Accord de paix, d’explorer comment la commission peut soutenir la préparation et l'organisation des élections 2020-2021 et continuer à promouvoir la mise en œuvredu RCPCA.
 
Durant son séjour, l’ambassadeur Hilale sera reçu en audience par le chef de l’Etat, le premier ministre et des membres du gouvernement et aura des sessions de travail avec la MINUSCA, les Agences des Nations-Unies et les partenaires techniques et financiers. La visite s’achève jeudi 13 février en fin de journée avec une conférence de presse.
 
La commission de consolidation de la paix ainsi que le fonds pour la consolidation de la paix ont été créés en 2005 respectivement en tant qu’organes consultatif et instrument financier de l’ONU pour les pays en situation ou sortis de conflit. En 2019, la commission a contribué à attirer l'attention sur les besoins de la RCA en matière de paix et de sécurité après la signature de l'Accord de paix et à développer des mesures en soutien à la mise en œuvre de l'accord. Pour sa part, le Fonds a soutenu 53 projets en RCA entre 2008 et 2019, pour une valeur totale de 100, 3 millions de dollars soit 59,5 milliards de Fcfa.
 
● Conformément à la résolution 2499 du Conseil de Sécurité des Nations unies approuvée le 15 novembre 2019, la MINUSCA communique tous les jours pour aider la population centrafricaine à mieux comprendre son mandat et présenter ses activités. Elle communique également pour instaurer des relations de confiance avec les citoyens, les parties au conflit, les acteurs régionauxet d’autres acteurs internationaux et les partenaires sur le terrain.
 
Cette tâche quotidienne est menée à différents niveaux à savoir le leadership de la Mission, la Force, la Police, les sections, les bureaux de terrain et le département de communication. Différents canaux et supports sont utilisés à cet effet : réunions avec le gouvernement et les acteurs Centrafricains ; actions de la Force et de la Police pour protéger les populations centrafricaines, participation et appui aux initiatives de paix et de réconciliation, interaction avec la presse, rencontres avec les populations. Nos mandats de bons offices et facilitation politiques nous exigentdes engagements réguliers avec les institutions nationales, l’administration, les leaders et partispolitiques, mais aussi toutes autres entités et personnes susceptibles de contribuer aux diverses initiatives de promotion de la paix et de la cohésion dans le pays.
 
Ces activités nous permettent d’expliquer comment les quelques 15 000 personnels en poste à Bangui et dans les préfectures exécutent le mandat de la MINUSCA pour le retour de la paix, la stabilité et la sécurité en RCA, en faisant preuve de professionnalisme, d’impartialité dans notreengagement et en étroite coopération avec le gouvernement et ses démembrements dans le cadre d'un partenariat effectif avec tous les acteurs.
 
L’impartialité dans nos actions et la transparence dans notre communication ont toujours été et restent à la base de la mise en œuvre du mandat de la MINUSCA, conformément aux principes et valeurs fondamentales des Nations unies. La MINUSCA a toujours agi en conformité avec son mandat pour que la RCA tourne à jamais le dos à la crise et à la violence et puisse avancer vers le relèvement et le développement.
 
C’est donc avec consternation que la MINUSCA a pris connaissance de la campagne de diffamation inacceptable contre certains fonctionnaires de la Mission dans certains medias en ligne, dans des journaux ainsi que dans une correspondance du Mouvement des patriotes pour la paix en Centrafrique adressée aux autorités centrafricaines.
 
La MINUSCA s’insurge contre cette campagne et estime qu’il s’agit d’actes d’intimidation, demenaces et de stigmatisation de nature à susciter la haine et la violence contre ces membres de son personnel. La Mission rappelle que la résolution 2499 du Conseil de sécurité condamne dans les termes les plus vifs toutes les attaques, provocations et incitations à la violence visant la MINUSCA.
 
La MINUSCA renouvelle son entière confiance aux fonctionnaires victimes de cette campagne et salue leur professionnalisme, leur impartialité et leur engagement quotidien pour la promotion de la paix et de la cohésion sociale entre le 3e et les 5e et 6e arrondissements de la ville de Bangui ainsi que la coopération entre la Mission et les institutions nationales.
 
La MINUSCA se réserve le droit de donner une suite appropriée à de telles menaces et intimidations de son personnel. La Mission rappelle également son mandat d’assurer la protectiondu personnel et des biens des Nations unies et qu’elle prendra toutes les dispositions pour remplirce mandat confié par le Conseil de sécurité. Elle rappelle par la même occasion son ouverture à recevoir toute communication sur des écarts de conduite de son personnel selon le canal approprié.
 
La MINUSCA estime que la campagne qui cible de manière délibérée des membres de son personnel sont de nature à jeter le discrédit sur la Mission au moment où son action aux côtés desautorités et d’autres partenaires a permis des progrès importants sur la voie de la paix et à la veille de défis importants pour le pays tels que l’organisation des élections fin 2020 et début 2021.
 
La MINUSCA appelle la population centrafricaine au service de laquelle elle œuvre au quotidienà se démarquer de cette campagne et à faire preuve de vigilance face aux tentatives de désinformation et de manipulation par des acteurs dont la persistance est de nature à compromettreles progrès difficilement acquis dans la mise en œuvre de l’Accord de paix, la protection des civiles, la restauration de l’autorité de l’Etat et la sécurisation de Bangui, processus auxquels la MINUSCA et la communauté internationale apportent leur soutien total en étroite collaboration avec le Gouvernent et le peuple centrafricain.
 
Elections
 
● La MINUSCA a accueilli 34 conseillers électoraux dans le cadre de son mandat d’assistance aux autorités centrafricaines en vue des élections présidentielles et législatives de 2020 et 2021. Ils seront déployés à Bangui et dans les 16 préfectures pour appuyer l'autorité nationale des Elections et ses structures locales dans les préparatifs des deux scrutins. D’autres déploiements suivront dansles prochains mois.
 
Droits de l'homme
 
● Durant la période du 5 au 11 février 2020, la MINUSCA a pu vérifier et documenter, aussi bienà Bangui qu’à l’intérieur du pays, 19 incidents d’abus et de violations des droits de l’homme et dudroit international humanitaire ayant affecté au moins 26 victimes soit 16 hommes, 7 femmes, 2 garçons et 1 fille - 17 incidents et 17 victimes la semaine précédente. Les préfectures les plus touchées sont le Mbomou, l’Ouham et la Ouaka.
 
Les auteurs présumés cette semaine sont : FPRC 3 incidents et 5 victimes, anti-Balaka 3 incidents avec 5 victimes, UPC 3 cas et 3 victimes, 3R  2 cas et 4 victimes, RJ/Sayo 2 cas et 2 victimes, MPC 1 incident avec 2 victimes, et un groupe ex-Seleka non identifié 1 cas et 1 victime. Les agents de l’Etat sont les responsables présumes de 4 incidents de violations ayant affecté 4 victimes.
 
Les abus/violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire enregistrés au cours de cette semaine sont des meurtres 4 cas impliquant 8 victimes, menace de mort 1 incident et 1 victime, des traitements cruels, inhumains et dégradants 5 incidents affectant 7 victimes, des viols 3 incidents avec 3 victimes, arrestation arbitraire 2 cas et 2 victimes, des confiscations de biens 1 cas et 2 victimes, des privations arbitraires de liberté 2 incidents et 2 victimes et taxation illégale 1 cas et 1 victime.
 
Bureaux régionaux
 
● Le Préfet de la Vakaga a appelé la population de Birao à promouvoir le vivre ensemble et à la cohésion quelque soit leur appartenance éthnique et appelé les leaders à sensibiliser les jeunes pour prévenir les violences sur la base de rumeurs. Lors d’une réunion avec la MINUSCA, le sous-préfet, le sultan/maire de Birao et d’autres responsables locaux, le préfet a salué les efforts de la Mission pour restaurer la paix et la stabilité dans la Vakaga ainsi que les mesures de sécuritérenforcées pour prévenir l’escalade à Birao.
 
● Le pacte de non-agression entre les habitants de Boeing et PK5 a fêté son 4ème anniversaire le lundi 10 février devant quelques 200 habitants des deux quartiers de Bangui ainsi quel’Ambassadrice des Etats-Unis, l’UE, le sous-préfet de Bimbo et les autorités locales. L’activité aété organisée par le comité de pilotage de Boeing avec l’appui de la MINUSCA et a égalementpermis de sensibiliser les participants sur le contenu et la mise en œuvre de l’Accord de paix.
 
Porte-parole de la force
 
La situation sécuritaire sur l’ensemble du territoire centrafricain reste relativement calme maisimprévisible.
 
A l’Est, hier le 11 février 2020, des éléments armés du FPRC ont perpétré une attaque sur les positions du MLCJ-Kara dans le village de Boura situé à 26 km à l’Ouest de Birao, brûlant ainsi des maisons. La Force a aussitôt dépêché une reconnaissance aérienne afin d’identifier les zones de l’incident et a également renforcé ses points d’observations et ses patrouilles tout en surveillantde près la situation.
 
Par ailleurs, la situation sécuritaire dans la ville de Birao est relativement calme. La Force continue de sécuriser les camps des personnes déplacées se trouvant à Birao et au niveau de son aéroport. Les casques bleus mauritaniens, zambiens et les FACA intensifient des patrouilles conjointes, pédestres et motorisées à Birao et ses environs afin de protéger la population civile. Ainsi 1 497 patrouilles ont été conduites dans cette région.
 
Au Centre, à Alindao, la situation est calme mais imprévisible. La Force poursuit l’opération Mo Kiri dont l’objectif est d’éviter toute nouvelle confrontation UPC-FACA en poussant les éléments de ce groupe armé à abandonner leurs positions au centre de Alindao, mettre fin à la circulation des hommes armés et rétablir la libre circulation des biens et des personnes. Ainsi les deux check- points érigés par les éléments de l’UPC à l’entrée et à la sortie de la ville ont été abandonnés et sont sous contrôle de la Force ainsi qu’une position près de la base des FACA. De robustes patrouilles sont menées de jour comme de nuit, pour prévenir toute menace et protéger la population civile. On a compté 1297 patrouilles conduites la semaine dernière dans la région centre.
 
A l’Ouest, l’opération Anvil se poursuit avec des patrouilles de reconnaissance offensive de Benamkor à Begouladjie et de Paoua à Beboura .
 
D’autres patrouilles sont également menées conjointement avec les FACA dans les localités de Berbéré, Bedaka et leurs environs. Ainsi 887 patrouilles ont été effectuées dans la région la semaine passée. La situation reste calme mais imprévisible.
 
À Bangui, la MINUSCA poursuit ses actions de sécurisation en coordination avec les Forces de Sécurité Intérieure, en patrouillant dans les 2e, 3e, 5e, 6e et 8e arrondissement pour faire face à la criminalité et au banditisme. Ainsi 396 patrouilles ont été menées la semaine dernière à l’intérieur de la capitale et ses alentours.
 
Dans le cadre de son mandat, la Force a mené un total de 4 077 patrouilles dont 1 303 nocturnes et a fourni 490 escortes sur le territoire centrafricain durant la semaine écoulée.
 
Par ailleurs, compte tenu de la détérioration des routes à Bangassou, la compagnie pakistanaise d'ingénieurs a entrepris des travaux de réparation qui devraient être achevés le vendredi 14 février, et ainsi contribuer à rendre plus fluide la circulation dans la ville de Bangassou et surtout permettre un accès plus rapide des troupes en réponse à toute crise nécessitant la protection de la population civile.
CIMIC
 
Dans le cadre des activités civilo-militaires, à Bangui, les casques bleus mauritaniens, indonésiens, rwandais et sénégalais continuent de distribuer de l’eau potable dans les camps des personnes déplacées à savoir Delacour, Maison des jeunes, Micheline, Kolongo ainsi que dans les écoles de police et de gendarmerie.
 
A l’Est, l’officier CIMIC du contingent marocain a rendu visite a l’école maternelle de Zemio où il a fait un don de fournitures scolaires et échangé avec le directeur de l’école pour s’enquérir deleurs préoccupations afin de mieux les appuyer dans le secteur éducatif.
 
Au Centre, à l’occasion de la journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilationsgénitales féminines, les contingents mauritaniens et népalais ont mené des campagnes de sensibilisation au PK17 et au PK3 respectivement. L’objectif était de sensibiliser les femmes aux dangers de ces pratiques et leur prodiguer des conseils. Les médecins des différents contingents ont également saisi l’occasion pour s’appesantir sur les mesures d’hygiène et d’assainissement à observer au quotidien.
 
A l’Ouest, le contingent bangladais a mené une campagne médicale dans les localités de Bouar, Bocaranga, Beleko, Bang et Baboua. Au total, 81 patients ont été consultés et bénéficié de traitements gratuits.
 
Porte-parole de la police
 
Pour ce qui concerne la Police de la MINUSCA, la semaine écoulée a été marquée par les affrontements inter-ethniques à Ngoundja, dans la Haute Kotto, et à Nzako, dans le Mboumou,causant des victimes tandis que plusieurs maisons ont été incendiées. Des mesures ont été prises pour assurer la protection des civils dans ces localités.
 
A Kaga-Bandoro, le 5 février, la Police et la section justice et affaires pénitentiaires de la MINUSCA ont procédé au transfèrement d’un présumé auteur de viol sur une mineure de 14 ans. Il a été conduit à Bangui et mis à la disposition de la SRI pour enquête.
 
Toujours à Kaga-Bandoro, le 6 février, l’intervention rapide de la Police de la MINUSCA et dela Force ont mis en déroute 2 délinquants armés de fusils d’assaut qui s’étaient introduits dans labase d’une ONG. Au cours des échanges de coups de feu entre les malfrats et la MINUSCA, unhomme a été blessé par balle et transporté à l’hôpital. UNPOL a ouvert une enquête, conformémentaux mesures temporaires d’urgence.
 
Sur le plan opérationnel, le 6 février s’est déroulé à Bangui un exercice grandeur natureconjointement entre les FSI et la Police de la MINUSCA. L’exercice a pour objectif de renforceret d’harmoniser le mode opératoire et surtout la cohésion des interventions dans le cadre des patrouilles conjointes pour mieux protéger la population.
 
Dans le cadre de la protection des civils, UNPOL continue d’effectuer avec les FSI, des patrouilles conjointes et mixtes, diurnes et nocturnes, pour faciliter la circulation des personnes et des biens dans le 3e arrondissement.
 
La MINUSCA salue le déploiement de 5 gendarmes dans la ville de Nangha Boguila, dans la préfecture de Ouham, ce qui va contribuer à renforcer la sécurité des populations. La Police de la MINUSCA soutient les efforts des autorités dans la formation et le déploiement des FSI sur le territoire national.
 
Le 12 février 2020