MINUSCA : point presse hebdomadaire du 15 janvier 2020

Minusca
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Une semaine après les violences ayant occasionné 2 morts et 8  blessés, la situation est calme dans la ville d’Alindao malgré une tension persistante tandis que les casques bleus poursuivent les patrouilles. Quelques 400 déplacés se trouvent encore dans la base des casques bleus.
 
La MINUSCA réitère sa ferme condamnation de l’UPC, suite à l’assassinat d’un membre des FACA le 9 janvier 2020 et met en garde ce groupe armé contre les violations répétées de l’accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine -APPR-RCA-. Après cet incident grave, de violents échanges de tirs entre des FACA et des combattants de l’UPC ont éclaté dans la ville, provoquant également la fuite de plusieurs dizaines de déplacés internes ainsi que la destruction par le feu des maisons de déplacés situées entre la base des FACA et la position de l’UPC.
 
Dès le déclenchement des incidents, la MINUSCA, tout en assurant la protection de plusieurs dizaines de personnes réfugiées dans son camp, sous les tirs de l’UPC, a immédiatement dépêché des casques bleus des unités gabonaises et népalaises pour s’interposer entre les parties et protéger les personnes déplacées au niveau des camps de la ville. En même temps, des membres du mécanisme de coordination de sécurité, dont font notamment partie les autorités locales, ont rencontré les deux camps pour faire cesser les tirs.
 
La MINUSCA a également envoyé des troupes additionnelles depuis Bambari pour renforcer ses positions à Alindao. Elle a ainsi pris des mesures à l’endroit de l’UPC, notamment le cantonnement de ses éléments dans leur camp, l’interdiction de circuler avec des armes et la levée des barricades.
● Une délégation du bureau de la MINUSCA à Bangassou et les autorités locales est à Pombolo suite à la mort ce mardi d’un jeune pour s’enquérir de la situation. Le jeune homme a été tué par balles par l’UPC.
La MINUSCA, avec les autorités locales et préfectorales, ont immédiatement activé le comité technique de sécurité et appuyé son déploiement dans le cadre d’une mission d’enquête et de sensibilisation afin d’appeler les communautés au calme. La Mission a également pris contact avec le Commandant de l’UPC dans la zone qui n’était pas à Pombolo à ce moment, mais a cependant reconnu les faits et promis de faire la lumière sur cet acte commis par un ou plusieurs de ses hommes. Le contingent gabonais de la MINUSCA présent sur place a immédiatement multiplié les patrouilles tout au long de la nuit, et particulièrement sur l’axe Pombolo-Gambo afin de dissuader toute action de part ou d’autre.
● Le Représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en RCA était en début de semaine à Lisbonne où il a rencontré les ministres des affaires étrangères et de la défense du Portugal. Lors de ses différentes rencontres, notamment à l’Institut de défense nationale, le chef de la MINUSCA a plaidé pour l’engagement portugais en RCA et évoqué les nombreux défis dans le pays en 2020, entre autres le processus électoral.
● Pour sa part, la Représentant spéciale adjointe et le Chef de la composante Police ont accompagné le Premier ministre samedi lors d’une descente au PK5 à Bangui. Le Commandant adjoint de la Force et le directeur des opérations de la MINUSCA se sont rendus mardi à Birao où ils ont notamment rencontré le Sultan et les représentants des deux communautés de la préfecture.
● En sa qualité de facilitateur de l’Accord de paix, la MINUSCA participera aux travaux de la 7eme session du Comité exécutif de suivi -CES- de l’APPR-RCA, prévue le lundi 20 janvier à Bangui. La question des violations de l’Accord est un des points à l’ordre du jour de la rencontre. Le Comité exécutif de suivi est chargé de déterminer les orientations stratégiques de la mise en œuvre de l’Accord de paix et d’évaluer la mise en œuvre des engagements par les parties, entre autres tâches.
Par ailleurs, la MINUSCA rejette les accusations de partialité formulées par trois groupes armés signataires de l’APPR-RCA, à savoir le FPRC, l’UPC et le MPC, dans un mémorandum aux garants en date du 13 janvier, et leur rappelle toutes les dispositions prises par les garants, les facilitateurs ainsi que le Gouvernement pour connaître et discuter des questions qu’ils ont soulevées sur le territoire centrafricain.
● La résolution 2499 de 2019 du Conseil de sécurité des Nations unies prévoit dans son article 52 que la MINUSCA puisse être appuyée, si cela était nécessaire, par la France dans l’accomplissement de son mandat. A cet effet, une formation sera réalisée dans les prochains jours à Bangui afin d’appuyer les unités de la Force de la MINUSCA en matière de guidage aérien.
 
Cette formation prévoit notamment un exercice d’entraînement conjoint entre la Force de la MINUSCA et des avions de chasse français, qui aura lieu à proximité de Bangui. Un survol identique avait été réalisé en avril 2016 au-dessus de Damara, lors d’un exercice de la Force de la MINUSCA, avec le passage de deux Mirage 2000 D de l’armée de l’air française en provenance de N’Djaména. Cet exercice est un moyen pour la MINUSCA d’être mieux préparée pour d’éventuelles opérations en s’assurant que les avions puissent intervenir dans de bonnes conditions.
 
DDR
 
● A Bangui, les formations professionnelles pour les bénéficiaires du CVR ont repris le 6 janvier après une pause de 2 semaines. Par ailleurs, après les récents événements du PK5 qui ont eu lieu du 24 au 26 décembre 2019, sur un total de 808 bénéficiaires, 38 ont été victimes, blessés et décédés. A la reprise le 6 janvier, le taux de participation à la formation était de 74%, le 10 janvier, il est passé à 94%.
 
A Kaga-Bandoro, l'équipe DDR de la MINUSCA a sensibilisé les 503 bénéficiaires à la cohésion sociale et au respect mutuel. A Bria, en collaboration avec le comité local pour la paix et la réconciliation -CLPR-, la MINUSCA a organisé un atelier de formation ciblant 15 membres - dont 5 femmes- du comité local CVR dans le village de Boungou 1- à 29 km au nord de Bria, axe Ouadda-
La 3e phase du CVR dans les régions se poursuit aussi dans les localités de Bangassou, Bouar et Bossangoa.
 
Droits de l'homme
 
● Le FPRC - 6 incidents et 7 victimes-, l’UPC - 2 incidents et 5 victimes-, le 3R - 2 cas et 3 victimes- et le MLCJ - un incident avec une victime- sont les auteurs présumés des abus et violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire documentés entre le 9 et le 15 janvier 2020. De même, des agents de l’Etat sont responsables présumés de deux incidents impliquant deux victimes.
 
Au cours de cette période la MINUSCA a pu vérifier et documenter, 13 incidents ayant affecté au moins 18 victimes - 11 hommes, 5 femmes et 2 filles - 9 incidents et 12 victimes la semaine précédente-. Ces abus et violations ont été documentés aussi bien à Bangui qu’à l’intérieur du pays et les préfectures les plus touchées sont la Haute-Kotto et la Ouaka.
 
Ces abus et violations sont constitués de meurtres -2 cas impliquant 2 victimes, des traitements cruels, inhumains et dégradants - 3 incidents affectant 3 victimes-, des viols - 3 incidents et 4 victimes-, des confiscations de biens - 1 cas et 4 victimes- , des privations arbitraires de liberté - 3 incidents et 4 victimes- et des enlèvements - 1 incident et 1 victime - .
 
Affaires civiles
 
● Dans le cadre de l’appui au Gouvernement, la MINUSCA va faciliter la demande de transport de plus de 80 fonctionnaires et agents de l’Etat vers leurs lieux d’affectation dans les préfectures afin de prendre leurs fonctions et servir les populations. Cette activité s’inscrit dans le cadre de la cartographie des redéploiements qui avait été organisée de septembre 2018 à janvier 2019, avecl’appui de la MINUSCA et de l'équipe pays des Nations Unies. La cartographie avait démontré que 3.418 fonctionnaires étaient présents à leurs postes, soit un taux de présence de 53%, ce qui est modérément satisfaisant par rapport aux attentes de la Stratégie nationale pour la restauration de l'autorité de l'État -RESA-.
 
La présence relativement large de préfets et de sous-préfets constitue le principal ancrage pour le déploiement des autres services de sécurité, administratifs, sociaux et économiques compte tenu des spécificités de chaque sous-préfecture de sécurité et du contexte social. A ce jour, seul un préfet sur 16 est absent de son lieu d'affectation et travaille à partir de Bangui tandis que 65 sous-préfets sur 71 remplissent leurs fonctions depuis leur lieu d’affectation.
 
Pour rappel, le gouvernement a adopté une stratégie nationale pour la restauration de l'autorité de l'État en septembre 2017 qui a trois objectifs principaux:
  • déployer progressivement des services de sécurité à travers le pays,
  • redéfinir la prestation des services publics, y compris la modernisation des fonctions publiques locales, la réhabilitation et la construction des bâtiments administratifs et le redéploiement des institutions bancaires,
  • améliorer la gouvernance locale par la décentralisation et la mise en place de mesures de développement local intégrées. La MINUSCA et l'équipe pays des Nations Unies soutiennent le gouvernement dans sa mise en œuvre.
● Le bureau de la MINUSCA à Ndélé a procédé vendredi dernier, à la remise de deux infrastructures construites dans le cadre des projets à impact rapide pour un coût total d’environ 58 millions de Fcfa. Il s’agit du centre de jeunes de la Bambingui-Bangoran du centre d’écoute des femmes de Ndélé.
 
Le centre de jeunes bénéficiera plus de 5 000 jeunes et contribuera au relèvement de la jeunesse à travers des activités de cohésion sociale autogérées. Le centre de femmes fonctionnera comme un lieu d’écoute et de conseil et permettra le renforcement des capacités, d’appuis et d’aide à un plus grand nombre de femmes, surtout les victimes basées sur le genre -VBG- ainsi que la conduite d’activités génératrices de revenus.
Porte-parole de la force 
 
La situation sécuritaire a connu quelques sobresauts notamment à Alindao mais reste relativement calme sur l’ensemble du territoire Centrafricain.
 
A l’Est, à Birao et Am-Dafock, la Force a renforcé son dispositif et reste proactive en continuant de mener des patrouilles pédestres, motorisées et aériennes dans ces localités et leurs environs afin de protéger la population civile. Ainsi 1446 patrouilles ont été conduites dans cette région.
 
Au centre, des incidents ont éclaté le 9 janvier 2020 à Alindao mais la situation reste calme mais imprévisible. Des casques bleus additionnels ont été dépêchés depuis Bambari pour renforcer les casques bleus népalais et gabonais dans la localité. Les éléments de l’UPC sont confinés dans leur camp avec l’interdiction stricte de circuler en ville en arme et les barrières ont été levées. La Force poursuit ses patrouilles, de jour comme de nuit pour prévenir toute menace et protéger la population civile. Ainsi 1 195 patrouilles ont été conduites la semaine dernière dans la région centre.
 
A l’Ouest, toujours dans le cadre de l’opération Anvil, des patrouilles de reconnaissance offensive ont été menées sur l’axe Pendé–Koundjili-Lemouna-Souri, dans les localités de Bagari, Nguia-Bouar, Bocaranga, Ndim, Létélé et les environs de Dilapoko. La situation reste calme mais imprévisible. 747 patrouilles y ont été menées.
 
À Bangui, la MINUSCA poursuit ses actions de sécurisation en coordination avec les Forces de Sécurité Intérieure, en patrouillant dans les 2e, 3e, 5e, 6e et 8e arrondissements pour faire face à la criminalité et au banditisme.
 
Dans le cadre de la sécurisation du PK5, l’ensemble des bases des groupes criminels - au nombre de 13 -, ont été contrôlées et sont vides. Les patrouilles de sécurisation ont lieu de jour comme de nuit en véhicule et à pied. Le stockage et la sécurisation de l’armement devrait commencer rapidement.
 
CIMIC
 
Dans le cadre des activités civilo-militaires, à Bangui, les casques bleus continuent d’approvisionner en eau potable les camps des personnes déplacées à Delacour, Maison des jeunes et Micheline ainsi que les écoles de police et de gendarmerie.
 
Dans la partie Est, le responsable des activités CIMIC du bataillon marocain a visité l'école Beer-Sheba dans le district de Niakari à Bangassou en compagnie des adjoints du maire de Bangassou et du Directeur des affaires sociales pour distribuer des tee- shirts ainsi que des fournitures scolaires aux élèves. Cette action a également été l'occasion d'échanger avec les enfants et d'encourager surtout le corps enseignant.
 
Au centre, les casques bleus bangladais ont mené une campagne médicale à Kaga Bandoro et animé une conférence sur la sensibilisation des soins aux femmes enceintes. Les casques bleus du bataillon burundais quant à eux, ont distribué de l’eau potable dans les villages de Wondoro, Be Ala et Kéné. D’autre part la population de Bambari a salué la réhabilitation de l’axe Bambari-Lioto qui était totalement dégradé par les eaux de pluies.
 
A l’Ouest, le contingent bangladais a mené une campagne médicale à Bouar au cours de laquelle 112 patients avaient été reçus en consultation et ont bénéficié de traitements gratuits.
 
Porte-parole de la police   
 
Notre présentation portera essentiellement sur deux zones récemment frappées par des violences et les réponses que la MINUSCA tente d’apporter aux côtés des autorités, à travers sa composante Police.
1. Dispositions au PK5
 
Dès le lendemain des affrontements de la Noel, la Police de la MINUSCA a dépêché une équipe de police technique et scientifique pour procéder aux premières constatations. Cette équipe a été renforcée quelques jours après, par une équipe conjointe FSI/UNPOL d’enquête, dans le cadre du volet judiciaire des actions entreprises au PK5. Au cours de leur travail, trois véhicules braqués ont été récupérés par UNPOL PROX et remis à la SRI. Les procédures sont engagées pour la restitution de ces véhicules.
 
En même temps, les patrouilles robustes mixtes et pédestres ont été multipliées dans le 3e arrondissement pour prévenir toute résurgence de la violence. Au cours de ces patrouilles, des armes et munitions ont été saisies dans l’ une des bases abandonnées par les groupes criminels. Par ailleurs, un comité de gestion de cette crise comprenant les commerçants, les leaders religieux et les sages du PK5 a été mis en place.
 
En ce qui concerne le commissariat du 3e arrondissement, entièrement réhabilité et équipé pour un côut d’un peu plus de 26 millions de FCFA financés par la MINUSCA, il se prépare à accueillir des FSI. En ce moment, les autorités nationales travaillent à la sélection et la formation de ces policiers qui y seront déployés.
 
En attendant, l’équipe UNPOL déployée dans le PK5, commence ce mercredi une campagne de sensibilisation près de la mairie du 3e arrondissement. Pour ce premier jour, ce sont les leaders religieux et les leaders des jeunes qui sont particulièrement visées mais d’autres sessions de sensibilisation seront conduites à l’endroit des diverses autres couches de la population. L’objectif de la campagne est d’expliquer aux populations le travail de proximité y compris les patrouilles qui seront conduites dans le quartier afin d’obtenir leur pleine adhésion. L’équipe UNPOL développe une stratégie de police de proximité dont l’enjeu est de recréer la confiance des populations du PK5 pour un retour progressif des services publics.
 
Comme vous avez pu le noter, plusieurs visites et réunions ont été conduites ces derniers jours dans le PK5, parmi lesquelles la visite du Premier ministre Firmin Ngrebada, de la DSRSG Denise Brown, ainsi que le lancement officiel de l’équipe de patrouille mixte et conjointe par le Ministre chargé de la sécurité publique. Il faut souligner que c’est à la demande de la population du PK5 que cette équipe de patrouille a été installée.
 
Hier mardi 14 janvier 2020, les ministres de la sécurité publique et de l’Education nationale ont présidé une réunion sur la situation sécuritaire dans le PK5 avec des chefs de quartier et chefs de groupements, du Maire central de la ville de Bangui, du maire du 3e arrondissement et leurs conseillers, des membres du comité de suivi de la gestion de la crise ainsi que du chef de police de la MINUSCA.
 
2. Dispositions à Alindao
 
Suite aux incidents graves du 9 janvier 2020, UNPOL se prépare à envoyer une équipe de police technique et scientifique et d’enquêteurs à Alindao. Cette équipe sera accompagnée par les collègues de la section justice et affaires pénitentiaires et Droits de l’homme de la MINUSCA pour la prise en charge du volet judiciaire.
 
Jusqu’en décembre 2019, UNPOL déployait une équipe avancée à Alindao. Grâce aux efforts de cette équipe et des autorités locales, les populations d’Alindao pouvaient circuler un peu plus librement. Plusieurs plaidoyers et sensibilisations sur la cohésion sociale et la réconciliation avaient été initiées et avaient permis la levée de toutes les barrières dans la ville. Les communautés musulmanes et chrétiennes qui ne se fréquentaient plus, avaient recommencer à se parler.
 
Certaines personnes qui avaient trouvé refuge dans des camps de déplacés avaient commencé à regagner progressivement leur domicile. Des signes qui, avant cet incident, donnaient des raisons d’espérer le retour d’une paix durable à Alindao. En raison d’un manque d’effectif UNPOL a suspendu ses déploiements.
Le 15 janvier 2020