"Médias comme 4ème pouvoir en République Démocratique du Congo : Quel type de journalisme?", a été le thème d’un forum d’échanges sur la situation de la liberté de la presse en RDC organisé par la division de la communication stratégique et de l’Information publique de la MONUSCO à l’occasion de la commémoration de la journée mondiale de la liberté de la presse.
Ce forum a été organisé en partenariat "avec l’UNESCO et le bureau conjoint des Nations-Unies aux droits de l’homme -BCNUDH-, ainsi que l’Union nationale de la presse du Congo -UNPC- et journaliste en danger -JED-.
150 personnes œuvrant dans la presse, dont près d’une cinquantaine de femmes ont pris part à ces échanges. Ce thème a été inspiré par le discours d’investiture de l’actuel Chef de l’Etat, qui a affirmé son engagement en faveur de la promotion d’une presse libre, indépendante et plurielle.
Le président Tshisekedi voudrait voir la presse jouer véritablement son rôle de 4e pouvoir au service de la nation, reconnaissant ainsi le rôle important dans la société congolaise des moyens de communication et d’information.
Le premier intervenant, professeur Jean-Lucien Kitima, a au cours de son exposé sur le sous-thème -Presse, 4e pouvoir, quel type de journalisme en RDC- , expliqué que l’article 24 de la Constitution de la RDC garantit le droit d’accès à l’information. Et le type de journalisme qui convient pour une presse quatrième pouvoir en RDC est le journalisme d’investigation.
En citant plusieurs auteurs, il a défini ce journalisme comme : -Une enquête par hypothèse. C’est un travail de fourmi qui s’inscrit dans la durée. Sa mise en œuvre implique une interdépendance de diverses ressources-. Pour lui, le journaliste d’investigation est celui qui dévoile les scandales et couvre de honte ceux qui sont dénoncés. Il rend les coupables responsables de leurs actes.
Il a pour qualités la curiosité, la discrétion, la patience, la passion et la flexibilité et ses sphères de travail sont : politique, militaire, judiciaire, économique, sociale, santé et loisirs. Le journalisme d’investigation est possible en RDC, à condition que chacun fasse sa part, a conclu l’orateur ; car dira le 2e orateur, professeur Kodjo Ndukuma : "L’environnement contribue au déclin ou au déclic de ce pouvoir."
Quant aux perspectives d’avenir, Me Godefroid Kabongo de JED, le troisième orateur, propose l’adoption et la promulgation de la loi sur l’accès à l’information, ainsi que la mise en mouvement de la proposition de loi sur la dépénalisation et la signature d’un moratum.
Parce que, selon le 4e intervenant, ROMBA Salifou, du BCNUDH, les médias sont le canal de protection, de promotion et de publication des droits de l’homme. La promotion des droits de l’homme exige une circulation plus large de l’information.
Mais les médias peuvent également être un canal de violation des droits de l’homme, affirme-t-il, par la diffamation et l’injure. D’où la nécessité de mettre sur pied des mécanismes de contrôle a priori par l’organe d’autorégulation et a posteriori par les sanctions judiciaires.
Cette même préoccupation a motivé les déclarations de la Ministre intérimaire des médias et communication, Marie-Ange Mushobekwa, dans son mot d’ouverture des travaux de ce forum en dressant un état des lieux de la presse en RDC : "70 chaines de télévision, 300 radios et 200 titres de journaux, témoignent que la presse est véritablement un 4e pouvoir en RDC, mais qui peut aussi détruire, dans un pays ravagé par des conflits intercommunautaires. Le micro ne doit pas servir à attiser des conflits ou la haine, ou s’immiscer dans la vie privée des gens. Le rôle des médias va permettre de renforcer l’unité".
L’UNESCO par la bouche de son représentant à ce forum, a stigmatisé le fait que le nombre de journalistes agissant en toute liberté continue de se réduire à travers le monde, la RDC occupant la 154e place, et a appelé à l’avènement de la presse comme 4e pouvoir dans le pays, auquel cette agence onusienne apportera toute son expertise.
Ce vœu a été également partagé par JED, qui a souhaité qu’à l’issue de ce forum, on puisse inventer un nouveau type de journalisme en RDC. "C’est à ce prix", a déclaré Tshivis Tshivuadi, son Secrétaire général, "que le combat mené pour la liberté de la presse en RDC aura son sens".
S’inscrivant dans le même ordre d’idées, Charles Bambara, directeur de la division de la communication stratégique et de l’Information publique de la MONUSCO, a informé au cours de son mot de circonstance que : "Garantir la liberté des médias dans le monde entier est une priorité pour les Nations-Unies. Car, des médias libres sont des garants de la transparence, de la responsabilisation et de l’Etat de droit. Ils favorisent la participation au débat public et politique, ils contribuent à lutter contre la pauvreté".
Le 10 mai 2019