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Anicet Georges Dologuele a-t-il un avenir politique en RCA ?
Après 53 ans d’indépendance, l’Etat centrafricain se trouve dans un état de liquéfaction avancée et de désagrégation. Il est donc temps que les centrafricains tirent les leçons des errements du passé pour refonder la République centrafricaine. En observateur avisé de la vie politique centrafricaine depuis l’indépendance, il nous parait aujourd’hui nécessaire de passer au scanner et au laser chacun des candidats qui se présenteront à la future présidentielle centrafricaine, espérant ainsi éclairer le peuple centrafricain dans son choix le moment venu.
C’est dans ce contexte que nous souhaitons scruter ici le profil du seul candidat déclaré à ce jour, l’ancien Premier ministre Anicet Georges Dologuele.
Qui est vraiment Anicet Georges Dologuelé ?
L’intéressé serait titulaire d’une licence en économie, diplôme obtenu à l’Université de Bordeaux en France en 1982.
Il devient fonctionnaire à la Banque des Etats de l’Afrique Centrale -BEAC-. En 1995, Dologuélé est nommé représentant de cette institution financière sous régionale auprès de la France et de l’Union européenne.
En 1997, il est rappelé par le Président de la république Ange-Félix Patassé qui lui confie le poste de Ministre des finances, dans le gouvernement Michel Gbezera-Bria.
Du 4 janvier 1999 au 1er avril 2001, il fut Premier ministre, Chef du gouvernement de la République centrafricaine.
Il sera ensuite nommé Président de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale –BDEAC- à Brazzaville au Congo, mandat renouvelé en 2006. Après avoir quitté la BDEAC, il crée son association dénommée "Espoir et Avenir"; puis en juin 2013, il fonde son parti politique, l’Union pour le renouveau centrafricain –URCA-.
Ce bref aperçu de l’itinéraire d’Anicet Georges Dologuelé témoigne de son ambition et de son audace. Toutefois, cela suffit-il pour diriger la République centrafricaine ? La réponse à cette question germera à travers les développements ci-après.
Quand il fût ministre des finances et Premier ministre cumulativement avec le poste précité, Dologuélé était connu pour sa main mise sur les marchés publics. En effet, il s’octroyait systématiquement des rétro-commissions de 10 % sur tous les marchés publics attribués aux opérateurs économiques, tant et si bien que ces derniers l’ont d’ailleurs affublé du sinistre sobriquet "Monsieur 10 %".
Il a réussi à tromper le Président Ange-Félix Patassé sur le dossier de la cession gratuite au groupe Fotso de la banque : Union bancaire en Afrique centrale –UBAC-, aujourd’hui devenue CBCA. Ce bradage bancaire apparent, sous prétexte de maintien et de création d’emploi au profit des centrafricains, n’aura été qu’un subterfuge de Dologuélé pour rouler le Président Ange-Félix Patassé dans la farine; car en réalité l’UBAC sera vendue à sa vraie valeur à son grand ami camerounais Fotso, aujourd’hui sous les verrous au Cameroun, pour de détournements divers et autres malversations financières.
Non seulement Anicet Georges Dologuélé récupère discrètement pour son seul compte tout l’argent généré par la vente, pour ensuite acquérir les nouvelles actions dans la nouvelle Banque –CBCA-, mais il va aussi investir en Afrique de l’Ouest.
Affaires : "Zongo oil" "Petroca" " Centrafrican Airlines" "location de véhicules de fonction des ministres"
Anicet Georges Dologuélé est également cité dans la grosse affaire dite "Zongo oil", société fictive de vente de carburant créée par un groupe de mafieux dans un but d’enrichissement personnel. Cette société illégale a occasionné une évasion fiscale de 5 milliards de Fcfa. Avec d’autres mafieux tels que Sani Yalo, Dologuele est encore impliqué dans l’affaire "don libyen en carburant" soit 55 000 tonnes métriques.
Alors Premier ministre, Dologuélé monte infructueusement une opération de blanchiment d’argent d’un montant de 380 milliards de Fcfa.
D’autres affaires impliquent la participation de Dologuélé, notamment les affaires "Petroca", "Centrafrican Airlines" et l’affaire dite de "Location des véhicules de fonction des ministres".
Dologuélé, cet économiste et banquier, est trempé dans bien d’autres affaires internes à la République centrafricaine.
Sur le point d'être destitué, Dologuélé fait un malaise dans l'hémicycle !
Sur toutes ces affaires et scandales financiers, Dologuélé sera interpellé à l’assemblée nationale du 19 au 21 avril 2000, au point que l’intéressé avait fait un malaise dans l’hémicycle, avant d’être secouru et transporté immédiatement dans une clinique privée de la capitale. Il faut souligner qu’à cette occasion, Dologuélé avait déclaré publiquement à l’endroit des députés de la majorité parlementaire MLPC : "Je ne suis pas membre du MLPC, je suis un technocrate". ( Note de la rédaction : l'Assemblée nationale avait convoqué Dologué pour le vote d'une motion de censure pour mauvaise gestion dans ses fonctions de Premier ministre )
C’est vrai que Dologuélé n’a jamais eu une carte de militant du MLPC. Mais, paradoxalement à cette démarcation du MLPC, on sait que Dologuelé tentera plusieurs fois sans succès et même à distance, enveloppes à l’appui, et par l’intermédiaire d’Apollinaire Dondon et Cie, de prendre la direction du MLPC. On sait aussi que paradoxalement à sa revendication de son statut de "technocrate", Dologuélé, partout où il été responsabilisé, n’a donné que l’image d’un homme véreux, prompt à confondre les caisses de l’Etat et de la BDEAC avec les siennes.
Durant son passage à la Primature, au lieu de privilégier le paiement des salaires, bourses et pensions, Anicet Georges Dologuélé a préféré rembourser par anticipation les dettes des instituions de Breton Woods dans le but de percevoir des quotes-parts. Ce qui créera des crises sociales dans le pays.
Dologuélé limogé, Prosper Ndouba l'annonce à la radio nationale !
En raison de toutes ces affaires, Anicet Georges Dologuélé sera limogé brutalement par le Président Ange-Félix Patassé. L’on se souvient des termes du décret de son limogeage lus avec un ton autoritaire sur les antennes de la Radio nationale par Prosper Ndouba, alors porte-parole du Président Patassé : "A compter de ce jour, Monsieur Anicet Georges Dologuélé n’assumera plus ses fonctions de Premier ministre…"
A la tête de la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale –BDEAC-, Anicet Georges Dologuélé renouera avec ses vieux démons. Il multipliera abusivement des missions afin de se procurer les frais de mission et autres indemnités financières qui étaient assez importantes.
De façon systématique, les promoteurs de projets de la sous-région d’Afrique Centrale étaient officieusement astreints à verser à Dologuélé en personne une rétro-commission de 10 %, condition sine qua non pour la conclusion des accords de prêt.
Lorsque ses collaborateurs entreprirent de le rappeler à l’ordre ou de faire valoir leurs droits en interne, ceux-ci étaient menacés et marginalisés au sein de leurs différents services, à l’instar du centrafricain Gabriel Guerezebanga, valeureux cadre de cette Banque et plus calé en économie que Dologuélé lui-même.
Tous les chefs-d'Etat de la sous-région mettent un terme au mandat de directeur général de Dologuélé, à la BDEAC
Comme certains cadres de la Banque avaient eu le courage de dénoncer ces malversations, Dologuélé a procédé purement et simplement à leur licenciement. Ce fut les cas des camerounais Serge Nzepa et Paul Gilles Nanda. Suite aux détournements d’un montant de 16 milliards de Fcfa appartenant à cette Banque sous régionale, et dénoncés par l’observatoire Congolais des Droits de l’Homme –OCDH-, tous les chefs d’Etat de la sous-région réunis du 16 au 17 janvier 2010 à Bangui, ont unanimement mis fin de façon prématurée à sa fonction de Président de la BDEAC, soit 19 mois avant la fin de son mandat. Cela se passe de tout commentaire, tant ça saute aux yeux !
Rentré au bercail, Anicet-Georges Dologuélé s’hiberne politiquement mais flirte avec le régime en place ; mais Bozizé le connaissant parfaitement le tient à l’écart. Dans un premier temps, il met en place en 2012 une Association dénommée "Espoir et Avenir".
Cependant, celle-ci demeure invisible sur le terrain. Jusqu’au coup d’Etat du 24 mars 2013, Dologuélé était totalement absent de la scène politique centrafricaine, et était visiblement indifférent : aucune déclaration, aucune sortie médiatique.
Arrivé à Paris tout juste avant l’entrée de SELEKA à Bangui, Dologuélé déclarera sur RFI avoir craint pour sa sécurité personnelle. Très tôt, Dologuélé déclare sa candidature le 24 avril 2013 sur Africa 24 et annonce la création de son parti politique, ce qui sera fait le 1er juin 2013 à Paris : Union pour le renouveau centrafricain –URCA-. Ce qui est étonnant, c’est qu’il crée précipitamment et opportunément un parti politique à l’extérieur comme s’il était un exilé politique. Ce parti ne représente qu’une coquille vide et demeure à ce jour non opérationnel en République centrafricaine. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est difficile de se retrouver dans une telle démarche politique. Hormis Narcisse Kamayenwode, Secrétaire général de ce parti, et ancien du KNK, on retrouve Messieurs Yannick Nambele, considéré comme son futur Premier ministre, et Firmin Ngbeng- Mokoue résidant tous en France.
Il s’agit là des principaux soutiens de Dologuélé, personnes aux profils douteux et intellectuellement très limités. A Bangui, ses soutiens se résument autour de Robert Pombalet, ancien chef de cabinet, technicien d’agriculture sorti de l’école d’agriculture de Wakombo, et que Dologuélé a transformé en ingénieur d’agriculture sur la base d’un faux diplôme, et actuellement en poste à la CEMAC, ainsi que d’Yves Sanghamy, ancien chargé de la communication à la Primature.
Complètement éloigné des réalités politiques de la République centrafricaine, Dologuélé continue de multiplier les contacts dans le milieu politique français pour s’assurer de leur soutien, et devenir le prochain Président de la république.
A chaque occasion, il n’hésite pas à dénigrer les hommes politiques centrafricains surtout les autorités actuelles de Transition. Dans le désarroi, lui et ses soutiens n’hésitent pas à accuser ouvertement lors de leurs réunions parisiennes et sur les réseaux sociaux, le Parti Socialiste français et une partie de la Droite française d’être les parrains de SELEKA et de faire couler le sang des centrafricains.
Dologuélé déclare " Denis Sassou Nguesso et Idriss Déby buveurs de sang des centrafricains !"
Dologuélé accuse également les Présidents Denis Sassou Nguesso et Idriss Déby Itno d’être des "buveurs de sang des centrafricains", avec leurs alliés Djotodia, Tiangaye, Ziguélé, Mboligoumba, Gazam-Betty et Bozizé.
Après plusieurs tergiversations pour rentrer au pays, Dologuélé sollicite les forces de la FOMAC en Centrafrique pour assurer sa propre sécurité et celle de sa famille, dès leur descente d’avion à Bangui annoncée pour le 19 septembre. Face à cette démarche, l’on peut se demander quelle serait la réaction des populations centrafricaines elles-mêmes confrontées à l’insécurité criante prévalant aujourd’hui en Centrafrique ? Cette demande parait paradoxale par rapport à sa déclaration sur RFI où il disait que l’urgence était d’arrêter la souffrance du peuple centrafricain. En agissant ainsi, Dologuélé confirme une fois de plus qu’il est recroquevillé sur lui-même, que tout se résume à sa personne, et que son entourage n’est là que pour l’accompagner vers ses propres objectifs.
Car comment comprendre qu’un aspirant à la fonction présidentielle puisse commencer par saborder lui-même les textes statutaires de son propre parti politique, en annonçant sa candidature au mépris des militants et des Statuts de son propre parti, notamment l’article 13 qui du congrès de l’URCA le seul organe habilité à désigner son candidat à la présidentielle. Qu’en serait-il de la Constitution centrafricaine si jamais Dologuélé venait à être porté au pouvoir ? De tout ce qui précède, une mise au point analytique s’impose sur le profil et la personnalité de Dologuélé. Pour ne pas commettre les mêmes erreurs, les centrafricains doivent bien connaître tous les candidats, à commencer par le premier déclaré.
Primo, Dologuélé est un personnage orgueilleux et narcissique, imbu de sa personne, hautain, distant, méprisant ; ceux qui ne le connaissent pas et qui se fient à son apparence, pensaient qu’il avait un grand et brillant parcours universitaire; or, derrière ses grands airs d’intellectuel avec sa paire de lunettes, il n’y a qu’une licence en économie obtenue depuis 1982 à Bordeaux ! Dans les années 1980, devenir fonctionnaire de la BEAC était chose bien facile, puisque les gouvernements africains venaient même en Europe supplier les étudiants d’abandonner leurs études pour rentrer intégrer les institutions communautaires et sous régionales qui venaient d’être crées.
Mauvais et piètre orateur en public
De plus, on ne reconnait pas à Dologuélé un quelconque talent d’orateur, au verbe facile, fluide, outil nécessaire pour tout homme politique, sans cesse appelé à s’exprimer, à traduire ses pensées et convaincre. On se rend bien compte de cette insuffisance chez Dologuélé en suivant ses interviews.
Secundo, les relations de Dologuélé avec l’argent sont très malsaines, comme le témoignent amplement les multiples affaires précitées qu’il traîne comme des casseroles derrière lui. En tant que banquier et financier, Dologuélé a tellement manipulé les chiffres qu’il s’était pris à penser qu’il pouvait flouer tout le monde en faisant des détournements raffinés de fonds publics, lesquels passeraient inaperçus aux yeux des profanes du monde de la finance. Dologuélé est foncièrement malhonnête et cupide. Grâce à sa cupidité avérée en Centrafrique et à la BDEAC, Dologuélé est devenu très riche, au point même d’être hautain et suffisant. Mais à quoi sert aujourd’hui cette richesse illicite, ces biens mal acquis ?
Aujourd’hui, Dologuélé met en jeu une grande partie de sa richesse et de ses biens mal acquis pour soudoyer certains désœuvrés à le suivre au sein de son parti URCA. Par ailleurs, Il fonctionne à coup d’espèces sonnantes, pour corrompre, débaucher les cadres d’autres partis politiques centrafricains afin de venir gonfler les rangs de l’URCA, vraie coquille politique vide. Il a également entrepris, directement et par l’intermédiaire de ses soutiens tels que Yannick Nambele et autres, des contacts qu’il croit discrets avec plusieurs personnalités politiques centrafricaines et des jeunes désœuvrés pour leur proposer de fortes sommes d’argent, contre un soutien à sa candidature déjà déclarée et contre des opérations de déstabilisation des autres partis politiques, notamment sur la toile. Le contexte social caractérisé par une pauvreté extrême en Centrafrique est propice à ce genre de corruption politique imaginée par le Président de l’URCA.
Les autres partis politiques sont avertis ! ! ! On le voit, au lieu de convaincre les centrafricains par une vision politique, par un projet de société et par une profession de foi digne d’un présidentiable, Dologuélé s’appuie sur ses biens mal acquis (argent des centrafricains et des citoyens CEMAC) pour faire adhérer les gens à son parti URCA.
Tertio, Dologuélé, sorti opportunément de son hibernation après le coup d’Etat du 24 mars 2013, a créé dans la foulée un parti politique mais qui est totalement inconnu des centrafricains, ne disposant d’aucune cellule de base en Centrafrique, et non encore reconnu par l’Etat centrafricain. De même, il ne dispose pas de militants. Il n’a aucun projet politique à proposer aux centrafricains, aucun projet de société ni aucune profession de foi. Il a attendu que Bozizé soit chassé du pouvoir, pour sortir de son mutisme, apparaître en "sauveur" des centrafricains et déclarer de façon trop pressée sa candidature présidentielle, et ce avant tous les opposants qui ont travaillé plus de 10 ans durant aux côtés du peuple centrafricain, et combattu énergiquement, à travers le FARE 2011, le régime tyrannique de Bozizé. Quand les opposants du FARE 2011 étaient lapidés par exemple par les gens du KNK, Dologuélé n’était pas là !
Dologuélé "Monsieur 10%"
"Monsieur 10 %" ne se soucie pas des centrafricains, de par ses détournements massifs et divers des fonds publics centrafricains et à la BDEAC, avec comme conséquence de multiples arriérés de salaires, bourses et pensions ;
"Monsieur 10 %" ne se soucie pas des centrafricains, de par son long mutisme durant le règne de Bozizé et du KNK ; Dologuélé était aux abonnés absents et ne disait rien quand pendant plus de 10 ans, le régime Bozizé et KNK opprimait, martyrisait, marginalisait, excluait, purgeait, incendiait, humiliait, insultait, arrêtait, brutalisait, violentait, détenait, tuait, torturait, lapidait, volait, extorquait, détournait ;
"Monsieur 10 %" ne se soucie pas des centrafricains, de par ses accusations, dénigrements des seuls opposants centrafricains connus à Bangui qui ont lutté pour sauver la démocratie centrafricaine pendant 10 ans de règne dictatorial de Bozizé ;
"Monsieur 10 %" ne se soucie pas des centrafricains, de par son éloignement du pays et des réalités quotidiennes difficiles des populations centrafricaines depuis le 24 mars 2013 ; insouciance de par son "exil doré" (voir interview RFI), insolence de son train de vie à Paris assuré grâce à l’argent détourné en Centrafrique et à la BDEAC. Les problèmes de sécurité et de survie des centrafricains ne l’intéressent pas ; depuis Paris, il se contente de critiquer les autres, et n’attend que la programmation des prochaines élections pour descendre au pays, avec dans sa besace, son "parti parisien URCA".
En définitive, il revient aux centrafricains qui ont beaucoup souffert depuis l’indépendance et souffrent encore de l’indélicatesse, de la légèreté, de la cupidité outrancière et de l’égoïsme de leurs hommes politiques d’apprécier les éléments non exhaustifs énumérés ici sur la personnalité d’Anicet Georges Dologuélé, premier candidat déclaré.
De tels hommes politiques peuvent-ils encore diriger le Centrafrique vu son état ?
Aux centrafricains et à la communauté internationale souvent sollicitée au chevet de ce pays d’en juger !
Valentin Gondamoyen