Monsieur le Président,
Par la grâce de Dieu, le 14 février 2016, le Peuple centrafricain a rendu son arbitrage électoral dans le calme, avec un sens de responsabilité et une maturité politique dignes des grandes démocraties.
Il m’a élu sans conteste Président de la République, Chef de l’État mettant ainsi fin à la transition politique qui durait depuis l’année 2013.
Monsieur le Président,
Le Peuple centrafricain a donc arbitré. Permettez-moi de lui exprimer toute ma reconnaissance pour m’avoir désigné en vue de le servir pendant les cinq (5) prochaines années.
Je sais que les attentes sont fortes.
Je sais qu’un nouvel espoir est né, celui de la renaissance de la République centrafricaine.
Ma responsabilité est de répondre à ces attentes.
Mon devoir est de porter ce nouvel espoir.
Le Peuple centrafricain attend de moi une nouvelle gouvernance politique et économique.
Il attend de moi que je me comporte en serviteur et non en maître.
Il attend de moi la défense de l’intérêt général.
Celui-ci sera ma boussole pour m’orienter dans la forêt des intérêts particuliers, il sera mon fil conducteur dans un contexte où l’intérêt particulier est roi, dans un contexte où chacun ne cherche qu’à tirer son épingle du jeu.
Pour ne pas m’écarter de la route que le Peuple centrafricain m’a tracée, je tiendrai dans ma main, avec fermeté, cette boussole et ce fil conducteur.
Du reste, je viens d’en faire la promesse par serment le 30 mars 2016.
Pour rester fidèle à ce serment, pour réaliser les promesses de notre Constitution, pour réaliser les promesses de mon programme, je veillerai à la consolidation de l’État démocratique et républicain dont l’existence conditionne tout le reste.
L’État doit être suffisamment fort pour garantir aux citoyens, à tous les citoyens sans exception, une vie meilleure dans la liberté, l’égalité, la justice et la solidarité.
Je veillerai à ce que le pouvoir soit exercé de manière démocratique.
Je veillerai notamment à ce que l’accès au service public soit une réalité pour tous mes compatriotes.
Mon ambition est de rétablir la paix, la sécurité et la cohésion sociale en République centrafricaine.
Rétablir la paix et la sécurité implique le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des groupes armés.
Dans cette perspective, j’ai lancé il y a quelques jours une série de concertation avec les responsables des groupes armés repartis sur le territoire national en vue de définir de manière concertée les mécanismes devant aboutir à l’application des différents accords conclus avec le Gouvernement à cet effet.
Notre approche de faire connaitre aux uns et autres que le temps de la paix est arrivé, que le peuple souverain qui s’est exprimé par le suffrage universel n’entend plus vivre sous les menaces des armes, que l’heure du renouveau et de la reconstruction a sonné.
Des dispositions seront prises pour que cette attente du peuple dans toute sa majorité soit respectée.
Monsieur le Président,
La seule voie qui puisse permettre la République centrafricaine de reprendre le chemin de la paix et du développement reste le désarmement.
C’est pourquoi, je suis venu non seulement venu témoigner à la France notre reconnaissance pour son implication dans la résolution de la crise centrafricaine, mais encore lui demander de faire tout ce qui est à son pouvoir pour nous aider à rétablir la paix, la sécurité et la réconciliation nationale par tous les moyens.
Le manque de soutien à la République centrafricaine dans ce processus de désarmement pourra replonger le pays dans une nouvelle crise aux conséquences imprévisibles.
Monsieur le Président,
La renaissance de la République centrafricaine nécessite la relance de son économie.
C’est pourquoi, je compte énormément sur la communauté internationale, et plus particulièrement sur la France pour tout ce qu’elle pourra faire en vue de la tenue de la conférence des bailleurs fonds sur le cas de la République Centrafricaine prévue pour l’automne prochain.
Mon vœu est que cette rencontre apporte à la République Centrafricaine une partie des solutions aux nombreux problèmes qui se posent à elle en ce moment.
Monsieur le Président,
Je profite de ce moment que vous m’offrez pour remercier une fois de plus toute la communauté internationale, tous les pays amis pour leurs appuis multiformes pendant la transition.
C’est enfin le lieu de rendre un vibrant hommage à tous les soldats morts en opération de maintien de la paix en République centrafricaine depuis le début de la crise, je pense au nombre de ces héros de la paix aux soldats français de l’opération Sangaris Nicolas Vockaer et Antoine Le Quinio, du 8e RIPMA de Castres morts en opération commandée en décembre 2013 en Centrafrique.
Je remercie enfin tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à l’effort de sortie de crise dans mon pays.
Que Dieu garde la République centrafricaine !
Je vous remercie.
Faustin Archange Touadera, président de la république du Centrafrique
Le 20 avril 2016