Mes chers Compatriotes,
L’année 2016 s’achève. Elle aura marqué la fin de la longue transition née de la crise militaro-politique, la plus grave de notre histoire, caractérisée par de violations graves, massives et répétées des Droits de l’homme, la destruction du tissu économique, l’effondrement de l’État, la fracture sociale et la rupture de l’unité nationale.
L’année 2016 a aussi, et fort heureusement, marqué le retour à l’ordre constitutionnel avec des élections présidentielle et législatives démocratiques, libres, transparentes et apaisées, faisant de notre pays l’un des meilleurs exemples de sortie de crise actuellement au monde, alors que de lugubres pronostics les avaient annoncées périlleuses.
C’est la preuve que cette crise dramatique n’a en aucun cas annihilé nos capacités à nous surpasser en vue de reprendre en main notre destinée.
Désormais, dans tous les domaines, nous envisageons l’avenir avec de meilleures perspectives.
Je ne peux, cependant, pas ignorer les actes de violence qui persistent encore à certains endroits du pays par la volonté manifeste des ennemis de la paix.
Plus rien ne sera comme avant. Aucun fonctionnaire ou agent de l’État ne sera soustrait ou dispensé de l’obligation de transparence ou de rendre compte. Les crimes et assassinats non encore élucidés à Bangui et dans les nombreuses parties du pays à l’exemple de Kaga Bandoro, Bria, Ippy, Bambari, Ngakobo, Bocaranga, Bakala et pour lesquels je redis, à toutes les personnes éprouvées, la compassion de la Nation.
J’engage le gouvernement à tout mettre en œuvre pour que ces nombreux crimes ne restent impunis.
Mes chers Compatriotes,
A la veille de l’année 2017, je vous adresse du fond du cœur, à chacune et chacun d’entre vous, mes chers Compatriotes, mes vœux les plus chaleureux de paix, de bonheur et de prospérité.
J’exprime les mêmes souhaits pour nos Compatriotes déplacés, réfugiés et de la diaspora ainsi que tous ceux qui se trouvent à l’étranger, dans le cadre de leurs activités professionnelles ou en mission au service de la République.
Mes vœux s’adressent également à nos forces de défense et de sécurité qui, en dépit de la modicité de leurs moyens d’action, contribuent efficacement, aux côtés de leurs frères d’armes de la MINUSCA, au rétablissement de la sécurité.
J’adresse aussi, en votre nom et au mien propre, nos meilleurs vœux à la communauté internationale et, plus particulièrement, aux Nations-Unies, à l’Union européenne, à l’Union africaine, à la Communauté économique des États d’Afrique centrale -CEEAC-, à la CEMAC, à la France, aux États-Unis d’Amérique et aux partenaires au développement de la République centrafricaine comme la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International, la Banque Africaine de développement, qui se sont mobilisés à travers des aides multiformes, pour atténuer nos souffrances et soutenir nos efforts de reconquête de la stabilité de notre pays.
Aux ressortissants des pays frères et amis qui ont choisi de vivre avec nous, je veux enfin leur souhaiter nos meilleurs vœux et les rassurer de notre hospitalité.
Mes chers Compatriotes,
Depuis mon accession à la Magistrature suprême du pays, nous vivons des avancées notables dans tous les domaines. Les progrès enregistrés à ce jour nous donnent la raison d’espérer.
L’année 2017 qui s’ouvre dans quelques heures est pleine d’espérance, mais aussi de défis. Elle est pleine d’espérance car elle nous offre l’occasion de tourner résolument la page de la grave crise et de projeter en perspectives. En effet, malgré la situation sécuritaire encore difficile à certains endroits du pays, le processus DDRR/RSS/RN est en marche. La paix est à notre portée.
Sur le plan économique et social, le plan national de relèvement et de la consolidation de la paix -RCPCA-, élaboré par le gouvernement, a permis de mobiliser 2,268 milliards de dollars américains lors de la conférence internationale des donateurs et investisseurs le 17 novembre 2016, à Bruxelles.
Des efforts importants restent cependant à accomplir pour la mobilisation des fonds annoncés qui permettront, à n’en point douter, de résoudre d’énormes défis qui se posent au pays, au nombre desquels la relance économique, l’épineux problème d’emploi des jeunes, l’électricité, l’eau potable, la santé, l’assainissement, les routes et j’en passe.
C’est pourquoi, l’union sacrée qui a prévalu à Bruxelles doit continuer, dans le cadre du dispositif institutionnel de supervision, de mise en œuvre et du suivi-évaluation créé, afin de favoriser la mobilisation des ressources annoncées.
Je vous exhorte vous tous, mes chers Compatriotes, au travail, à respecter les horaires de travail et à épouser l’esprit de résultats. C’est de cette manière que nous gagnerons le pari de relèvement économique et de consolidation de la paix, avec le soutien de la communauté internationale.
L’année 2017 est aussi pleine de défis. Je me dois de vous dire quels sont les défis majeurs auxquels nous devrions faire face en 2017.
Le premier défi est celui de la sécurité. Le pays continuera à faire face à deux types de menaces, à savoir :
Sur le plan interne :
- les atrocités de la LRA dans l'Est du pays ;
- le phénomène de la transhumance armée ;
- les exactions des groupes rebelles et les pillages des richesses minières et fauniques du pays ;
Sur le plan externe :
- la criminalité transfrontalière ;
- l’occupation d’une partie du territoire comme base arrière par des rebellions des pays voisins;
- le phénomène Bokoaram dans la sous-région.
Bien sûr, je voudrais que les choses avancent plus vite sur le plan sécuritaire, et qu’elles avancent mieux pour chacun d’entre vous, et surtout pour nos Compatriotes réfugies ou déplacés internes, ou encore ceux qui vivent comme des otages sous l’empire des bandes armées et des prédateurs qui écument une partie du territoire.
Mais nous ne restons pas les bras croisés. Notre diplomatie est en marche pour nous permettre d’obtenir la levée de l’embargo sur les FACA. Parallèlement, nous poursuivons, grâce à l’EUTM, la formation des FACA. Aussi, nous procéderons au recrutement de 250 policiers et 250 gendarmes qui seront formés par la MINUSCA pour renforcer les forces de sécurité intérieure. D’autres contingents seront recrutés et formés à l’extérieur. Je veillerai personnellement à ce que ces recrutements se fassent dans la transparence et dans toutes les régions du pays.
Le second défi est celui du progrès économique et social. Le pays manque cruellement des infrastructures de base. Je suis conscient de la cherté des prix des produits de première nécessité. Je connais vos difficultés et vos soucis quotidiens.
Mais je dois vous affirmer que le gouvernement travaille davantage pour maîtriser l’inflation, améliorer le panier de la ménagère, la distribution d’électricité et d’eau potable, le réseau routier tant à Bangui qu’en province et le transport urbain. La baisse des prix des produits pétroliers à la pompe effectuée par le gouvernement participe à ces mesures.
Mes chers Compatriotes,
Je vous ai promis la rupture dans la gestion des affaires publiques. Je compte remplir fidèlement cette promesse. Pour cela, j’ai instruis le gouvernement qui a soumis à l’Assemblée nationale, pour adoption, les textes organiques des institutions créées par la Constitution du 30 mars 2016.
La mise en place de ces institutions, notamment la Cour constitutionnelle, le Conseil Économique et Social, le Conseil National de la Médiation, le Haut Conseil de la Communication, la Haute Cour de Justice et la Haute Autorité chargée de la Bonne gouvernance, dans le délai constitutionnel, ainsi que l’adoption de la loi organique relative au Code de transparence et de bonne gouvernance, permettront de renforcer la gouvernance démocratique du pays et la lutte contre l’impunité, l’une des causes des maux dont souffre le pays.
Plus que jamais, la gestion vertueuse des affaires publiques est une exigence citoyenne. Bientôt, la Cour Pénale Spéciale et la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales seront opérationnelles.
Plus rien ne sera comme avant. Aucun fonctionnaire ou agent de l’Etat ne sera soustrait ou dispensé de l’obligation de transparence ou de rendre compte. Toute violation de droit de l’homme appellera une réponse judiciaire conséquente, quel que soit son auteur. A cet égard, je demande aux groupes armés qui n’ont pas encore adhéré au DDRR de le faire sans délai. Il n’y a pas une alternative au DDRR.
Pour terminer, Mes chers compatriotes, je forme le vœu que cette année 2017 brise les barrières subjectives et insaisissables qui nous empêchent d’accéder à la paix. Je vous invite, individuellement et collectivement, à cultiver la paix, à observer des attitudes de paix, en toute circonstance.
En ce qui me concerne, j’ai, depuis mon élection, montré le chemin de la paix et du relèvement économique qui passe par le DDRR, le dialogue, la cohésion sociale, le vivre ensemble et la réconciliation nationale. La mise en place de la Commission Vérité-Justice-Réparation et Réconciliation devient donc une nécessité pour apporter des réponses aux victimes innocentes de la crise et jeter les bases d’une paix durable en République centrafricaine.
Je vous exhorte à la vigilance et à la retenue. Notre pays tente de sortir du gouffre dans lequel il a été plongé. La cendre est encore chaude pour y approcher toute substance inflammable sans risque. J’ai pleinement confiance dans nos capacités de résilience. Unis et solidaires, nous surmonterons la crise.
Comme le dit un proverbe : "Pour chaque regard que nous jetons en arrière, il nous faut regarder deux fois vers l’avenir".
Il faut oublier les stigmates de la crise, les ressentiments et la haine, pour laisser place au pardon et à l’amour du prochain.
Bonne et heureuse année 2017. Que Dieu protège et bénisse la République centrafricaine !
Je vous remercie.
Le 31 décembre 2016