Il y a un an, le 27 novembre 2014, le prêtre polonais Mateusz Dziedzic recouvrait la liberté. Officiant comme curé à Baboua en République centrafricaine, Mateusz avait été retenu quarante-quatre jours par le groupe rebelle appelé Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC). Des conditions de libération d’un homme de foi, officiant pacifiquement dans sa paroisse, chacun est en droit de connaître la vérité.
Il ne serait pas convenable de s’y dérober plus longtemps encore, par respect pour ceux qui se sont courageusement impliqués afin que Mateusz soit libre. Quelques jours après la visite effectuée par le Pape François en Centrafrique et à quelques semaines d’un accomplissement démocratique attendu par notre peuple, nous croyons utile d’indiquer au plus grand nombre comment cet acte de paix a été rendu possible. L’avènement de la paix civile en Centrafrique, tant espéré par nos compatriotes et par nos frères africains, exige cette épreuve de lucidité et de vérité.
Le risque était grand qu’en l’absence d’une solution négociée, le prêtre polonais et ses 25 compagnons d’infortune – 10 citoyens centrafricains et 15 camerounais – fussent livrés au groupe terroriste et djihadiste nigérian Boko Haram. C’est pour enrayer ce dramatique scénario que j’ai été sollicité par la Fondation de Brazzaville et par le Président de la République du Congo, Denis Sassou N’Guesso, médiateur régional dans la crise centrafricaine.
Dans ces discussions complexes et discrètes, j’assurais le lien entre les dirigeants du FDPC dans la capitale congolaise et les autorités camerounaises, Présidence de la République et Gouvernement. Ne ménageant aucun de mes efforts pour permettre à cet homme d’église d’échapper aux mains qui le retenaient injustement, je suis entré en contact avec Adboulaye Miskine, dirigeant du FDPC. Du fond de sa cellule au Cameroun où il était emprisonné depuis 2013, il s’est engagé à faire libérer les otages sans condition préalable.
L’homme a donné sa parole et ses instructions ont été immédiatement suivies d’effet. Délivrant au chef de l’Etat congolais un message favorable au processus de transition politique en Centrafrique et promettant d’y contribuer pacifiquement, Adboulaye Miskine a été élargi à son tour.
Le 24 novembre 2014, le Président Dénis Sassou N’Guesso a dépêché à Yaoundé son directeur de cabinet, Firmin Ayessa, porteur d’un message personnel au Président camerounais Paul Biya. 48 heures plus tard, les 26 otages étaient libérés. Le 28 novembre, le prêtre polonais était remis par le Président Dénis Sassou N’Guesso aux bons soins de la représentante de l’Union européenne à Brazzaville.
Chacun peut se réjouir qu’une issue heureuse ait été trouvée à cette crise, mettant un terme à 44 jours de captivité. Plus largement, cette démarche concertée avec la Fondation de Brazzaville, le Président de la République du Congo, les autorités polonaises, françaises et européennes montre que le chemin vers la réconciliation et la paix est possible en Centrafrique. Le salut de notre pays repose sur un dialogue assuré avec toutes les parties prenantes, délaissant les armes pour l’intérêt général et la tranquillité de nos concitoyens.
En indiquant le rôle effectivement joué par les acteurs étatiques et informels dans cette libération, j’exprime une volonté de vérité et de paix dont je souhaite qu’elle irrigue chacun des responsables politiques de mon pays.
Karim Meckassoua - Le 4 décembre 2015 Bangui
Meckassoua.RCA@gmail.com - @MeckassouaRCA