Laurent Fabius: De la pôle position à la voiture balai, une incarnation caricaturale de la diplomatie française

fabius

"Promoveatur ut amoveatur"  "Qu'il soit promu pour que l'on s'en débarrasse" 

Par René Naba

I Vienne – II Syrie, une transposition symbolique et anticipée de l’oraison funèbre de la diplomatie française, un prélude au dégagement de Laurent Fabius.

La proposition du ministre des Affaires étrangères du Timor oriental d’attribuer le Prix Nobel de la Paix 2016 à Laurent Fabius pour sa contribution à la réussite du sommet climatique de Paris, Décembre 2015, a dû combler d’aise son EGO déjà démesuré et sa nomination à la présidence du Conseil Constitutionnel le projeter au firmament de la félicité.

Mais la propulsion du premier ministre des Affaires étrangères de François Hollande à la tête d’une prestigieuse institution, clé de voûte du système juridique et politique français, loin de constituer le couronnement d’une carrière publique exemplaire, paraît devoir s’apparenter à une opération d’évacuation par le haut d’un personnage à bien des égards calamiteux, en application du vieux adage latin, plein de sagesse, "Promoveatur ut Amoveatur" dont la traduction administrative courante se décline en français par le principe anglais du "Principe de Peter". Au delà des lauriers, au delà des louanges, la propulsion de Laurent Fabius à la présidence du Conseil Constitutionnel signe sa congélation politique ad vitam dans un placard doré, terme ultime d’un parcours désastreux.

En fait Laurent Fabius avait été déjà carbonisé en direct par ses amis américains incommodés par son rôle de "bad cop" tant dans les négociations sur le nucléaire iranien que sur un éventuel règlement politique en Syrie. Les révélations de la presse américaine sur les frasques casinotières de l’aîné des Fabuis, Thomas, -sur des faits datant de 201 3 mais fuités le 29 octobre 2015 à la veille de la première conférence multilatérale de Vienne sur la Syrie-, ont retenti comme un rappel à l’ordre américain renvoyant à ses pénates le paternel de l’enfant prodige. En lui suggérant de se préoccuper de ses affaires domestiques plutôt que de se trémousser dans la gestion des affaires du Monde, les États Unis lui montraient par là même le chemin de la sortie. Les attentats de Paris-Bataclan quinze jours plus tard, le 13 novembre 2015, à la veille du deuxième round de Vienne, ont signé la fin de sa lévitation en même temps qu’ils scellaient son sort en ce que de nombreux observateurs ont perçu ce massacre collectif de parisiens comme la sanction d’une politique erratique du socialo motoriste François Hollande en tandem avec son âme damné Fabiuçius.

Quiconque aura aperçu le spectacle offert par la délégation française à la reprise des travaux de Vienne 2, le 14 novembre 2015, le lendemain des attentats de Paris-Bataclan, aura mesuré en même temps que le désastre subi par la France, l’accablement de ses décideurs. La tête entre les deux mains, les regards baissés, Laurent Fabius et son adjoint pour les affaires de Syrie, Bruno Delaye, ne mouflaient mot pendant toute la durée de la séance. Ils ne relèveront la tête que pour recevoir les condoléances compatissantes des autres délégations dans une transposition symbolique et anticipée de l’oraison funèbre de la diplomatie française, le prélude au dégagement de son chef.

Apparatchik avéré, abonné aux palais nationaux - Matignon, Hôtel de Lassay, Bercy et Quai d’Orsay-, l’homme s’était déjà niché sur un perchoir, la présidence de la Cop 21 en prévision de l’activation de son siège éjectable à la tête de la diplomatie française. Retour sur le bilan du plus célèbre ronfleur des forum internationaux, le pire pensionnaire du Quai d’Orsay de la IVe et de la Ve République réunies.

L’Esbroufe: La réforme du Droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU

L’esbroufe aura été son mode opératoire. De même que le mépris et la morgue, ses deux plus implacables ennemis. En trois ans de parade au Quai d’Orsay, Laurent Fabius aura poussé les travers français à leurs expressions les plus extrêmes. Donné toute la mesure de ses faux talents, un mélange de malveillance, de bonne conscience, d’outrecuidance, d’ignorance et de mauvaise foi.

Sous les auspices ambigus de Jules Ferry, François Hollande a voulu honorer le fondateur de l’école laïque et obligatoire, mais mercenaire des saoudiens et des israéliens, sa politique étrangère sous la direction de Laurent Fabius a visé en fait à honorer le théoricien socialiste de la colonisation. Seul dirigeant occidental à lancer un appel direct au meurtre "Bachar ne mérite d’être sur terre", Laurent Fabius sera aussi le seul dirigeant occidental à donner quitus à "Jabhat An Nosra"pour son "bon boulot en Syrie".

Le ministre socialiste des Affaires étrangères a proposé, lundi 22 octobre 2012 à Paris, la réforme du recours au Droit de veto au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, préconisant que son usage soit réduit au seul cas où un état détenteur de ce droit était menacé d’une action hostile des instances internationales. La France a une "proposition à faire est que le droit de veto soit utilisable quand il concerne uniquement le propre pays" dans le débat objet de la résolution, a déclaré M. Fabius sur le plateau du grand journal, commentant les veto russe et chinois en faveur de la Syrie.

A écouter à partir de la 6e minute : http://www.canalplus.fr/c-divertissement/pid3349-c-le-grand-journal.html?progid=745248

Le hic réside toutefois dans le fait que le décompte officiel laisse apparaître un usage avantageux des Occidentaux du Droit de veto par rapport à la Russie: 132 fois pour le camp atlantiste contre 124 fois pour la Russie. Bénéficiaires d’un passe-droit, qui leur a permis de bloquer l’admission de la Palestine en tant que membre de plein droit de l’organisation internationale, sans que le prédécesseur de Laurent Fabius à l’époque, ni probablement son successeur demain ne juge opportun de soulever le bien-fondé de l’usage du Droit de veto, particulièrement lorsqu’il est le fait des États-Unis bloquant, par exemple, une résolution ordonnant la destruction les colonies israéliennes édifiées illégalement sur le territoire palestinien.

Qu’un pays repêché in extremis dans ses droits souverains, de surcroît ayant perdu la justification de ce droit, l’empire colonial, ait l’outrecuidance de suggérer la modification de l’usage du droit de veto dont il a été largement et abusivement bénéficiaire, sans s’interroger sur son propre comportement, sans que la presse nationale ne pose la question de la pertinence de cette proposition et l’opportunisme de son auteur, dénotent une grave altération de la fonction critique de la classe politico-médiatique. A l’analyse, la proposition de Laurent Fabius de reformer l’usage du droit de veto au Conseil de sécurité s’est révélée être ce que son auteur a voulu qu’elle soit: un bobard diplomatique pour enfumage médiatique.

Normale Sup, ENA et tutti quanti… Le super-capé de la méritocratie française ne s’est-il pas rendu compte qu’en privant la Russie de son droit de veto sur la Syrie, il privait par ricochet Israël de son bouclier diplomatique américain? Alors Laurent Fabius, ces diplômes, du pipeau?

Carpe ou carpette?

Fort avec les faibles et faible avec les forts, Laurent Fabius sera muet comme une carpe -une carpette?- lors de la révélation du scandale des écoutes allemandes de l’Élysée et du Quai d’Orsay. Dix ans d’écoute sans le moindre froncement de sourcils ou raclement de gorges. Mais d’énormes couleuvres avalées par dizaines.

L’homme, il est vrai, est coutumier des humiliations lorsque l’on songe au camouflet infligé au "plus vieille allié des États Unis" par son partenaire outre atlantique, qui lui a dérobé près de 70 millions de communications électroniques entre décembre 2012 et janvier 2013, en pleine campagne du Mali et de Syrie. Véritable dindon de la farce, que n’a-t-il perçu cela avant de s’engouffrer dans la brèche syrienne alors que ce scandale marquait et l’affaiblissement et la duplicité des États-Unis?

Humiliation suprême, le pillage informatique de la France était répercuté aux Five Eyes, les meilleurs alliés anglo saxons des États-Unis, Grande-Bretagne, Canada, Nouvelle-Zélande et Australie, sans doute en raison de la présence d’une taupe Quai d’Orsay tuyautant les Israéliens sur l’ avancée des négociations irano-américaines sur le nucléaire iranien.

Salivant de plaisir à la perspective de contrats mirifiques des pétromonarchies rétrogrades du Golfe, il sera mutique sur le Yémen transformé pendant un an en polygone de tirs pour l’aviation saoudienne, de mars 2015 à février 2016, mutique aussi devant les 100 décapitations ordonnées par le royaume saoudien au premier semestre 2015, record mondial absolu de tous les temps, mutique enfin devant la décapitation du chef spirituel de la communauté chiite du Royaume saoudien, Cheikh Nimr Al Baqer Al Nimr.

Les aigreurs du ministre: Purge parmi les arabisants et les africanistes du Quai d’Orsay

L’homme compensera ses frustrations par une purge sans précédent tant parmi les arabisants que les africanistes du Quai d’Orsay. Dans un brusque sursaut de léthargie, le somnolent ordonnera un mouvement diplomatique affectant des diplomates arabisants en Amérique latine: Frédéric Desagneux, en charge de la Palestine, a été muté au Venezuela, le socle de la coopération entre l’Iran et les pays contestataires d’Amérique du sud; Denis Pitton, décédé depuis, ancien ambassadeur à Beyrouth, le fief du Hezbollah, au Brésil, le plus gros gisement électoral du clan saoudo américain de Saad Hariri au Liban. Un fait nullement anodin en ce que l’épouse de Frédéric Desagneux, Dalal, est une parfaite arabisante, libanaise originaire de la région chiite du sud Liban, ancienne journaliste à la radio haririenne Radio-Orient de Paris et que l’épouse de Daniel Pitton a péri dans un accident des lignes éthiopiennes en route pour l’Afrique orientale transportant un présumé gros poisson financier du Hezbollah.

Pour "incompatibilité d’humeur", il décapitera l’État-major de la zone Sahel: Trois responsables du dossier brutalement remplacés. Une "purge" sans précédent en pleine guerre du Mali et de Centrafrique: Laurent Bigot, sous-directeur en charge du Mali, Jean Félix-Paganon, représentant spécial pour le Sahel et Élisabeth Barbier, responsable de la Direction Afrique-Océan Indien -DAOI- du Quai d’Orsay.

Récidiviste, le pays, pionnier de la piraterie aérienne, qui a détourné l’avion des chefs historiques du FNL algérien dans la décennie 1950, interdira le survol de son espace aérien, en 2013, au président démocratiquement élu de Bolivie Evo Morales, un des chefs de file de la contestation anti américaine.

La France, qui a compté le plus grand nombre d’otages au Monde détenus par le djihadisme sunnite –et non chiite- qui compte par ailleurs le plus grand nombre de victimes du djihadisme sunnite, en Afrique, obtiendra, paradoxalement, l’inscription de la branche militaire du Hezbollah sur la liste noire de l’Union européenne, en juin 2013. Au bénéfice de son partenaire dans la défense du pré carré français en Afrique, Israël, sur un continent qui a longtemps été son champ d’action privilégié, dont elle a été reléguée en deux décennies en 5e position derrière les États-Unis, la Chine, l’Inde et le Royaume uni.

Israël? C’est-à-dire le plus important soutien des dictatures du tiers monde, l’allié indéfectible du régime d’Apartheid d’Afrique du sud. La garde prétorienne de tous les dictateurs francophones qui ont pillé l’Afrique. De Joseph Désiré Mobutu au Zaïre-RDC, à Omar Bongo au Gabon, à Gnassingbé Eyadema au Togo et même à Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo et Paul Biya, le président off-shore du Cameroun, dont le territoire sert de transit aux ravisseurs Boko Haram. Au-delà en Amérique latine au Honduras, à la Colombie et au Paraguay.

La morgue et le mépris: Bachar Al Assad "ne mérite pas d’être sur terre".

En revanche il n’hésitera pas à bomber le torse face aux dirigeants du tiers monde. Soyons charitables et passons sur l’incident de l’avion du Président de Bolivie Evo Morales, démocratiquement élu mais néanmoins interdit de survol de l’espace aérien français par le fait du prince d’un pays récidiviste, initiateur de la première piraterie aérienne de l’histoire contemporaine avec le détournement de l’avion marocain transportant les chefs historiques du FLN, dans la décennie 1950.

Passons sur la désinvolture consistant à exiger une résolution contraignante sur la Syrie à l’ONU de la part d’un pays qui a outrepassé le mandat onusien sur la Libye. Passons enfin sur la contre conférence de l’opposition syrienne off-shore organisée le 30 janvier 2013 à Paris le jour même de la tenue à Genève de la conférence de l’opposition démocratique syrienne, c’est-à-dire l’opposition non parrainée financièrement par le Qatar, la Turquie et la France. Une mauvaise manière faite à la démocratie.

Son point d’orgue aura été la Syrie et cette double affirmation qui lui collera à la peau, bien au delà de son mandat: Bachar Al Assad "ne mérite pas d’être sur terre" et Jabhat An Nosra fait du "bon boulot en Syrie". Bachar Al-Assad "ne mérite pas d’être sur terre". Laurent Fabius ne s’imagine sans doute pas les millions de personnes qui ont formulé pareil vœu à son égard tant ses outrances verbales ont indisposé et choqué venant du chef de la diplomatie d’un pays réputé pour sa courtoisie et sa finesse d’esprit.

A propos : http://blogs.rue89.com/yeti-voyageur/2013/09/16/syrie-le-suicide-moral-des-socialistes-francais-selon-chokri-ben-fradj-231108

La mauvaise foi de l’apprenti sorcier: Jabhat An Nosra fait "du bon travail" en Syrie

Le 12 décembre 2012, à Marrakech, Laurent Fabius critiquait la décision les États-Unis de placer le Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaida, sur leur liste des organisations terroristes, estimant qu’en Syrie Al-Nosra "fait du bon boulot". "La décision des États-Unis de placer Jabhat Al-Nosra, un groupe djihadiste combattant aux côtés des rebelles, sur leur liste des organisations terroristes, a été vivement critiquée par des soutiens de l’opposition. M. Fabius a ainsi estimé, mercredi, que "tous les Arabes étaient vent debout" contre la position américaine, "parce que, sur le terrain, ils font un bon boulot". " C’était très net, et le président de la Coalition était aussi sur cette ligne", a ajouté le ministre.

Soit. Mais Laurent Fabius semble ignorer la règle cardinale de la bonne gouvernance: la prudence et la prévoyance.
"Du bon boulot"? Plutôt un quitus à une folie meurtrière. Voyons voir. Bon Boulot en effet qu’un djihadiste (Mehdi Nemmouche) fasse office de gauleiter à quatre journalistes français otages de djihadistes alliés de la France. Du très bon boulot que ces mêmes alliés de la France capturent 17 religieuses de la localité syrienne de Maaloula pour les échanger contre des djihadistes ?

Excellent boulot que l’organisation-mère de Jabhat An Nosra commandite le carnage de Charlie hebdo ?. Excellentissime boulot que de servir de caution morale à un djihadisme-salafiste, la forme moderne de la grande criminalité transcontinentale?.

Au diapason de son homologue du Qatar, Khaled Attyah, un des meilleurs clients de l’armement français, qui assénait au journal Le Monde sa tautologie devant son chef de rubrique international, amorphe: "Nous sommes contre tout extrémisme. Mais, à part Daech, tous ces groupes combattent pour la chute du régime (syrien). Les modérés ne peuvent pas dire au Front Al-Nosra: "Restez à la maison, on ne travaille pas avec vous. Il faut regarder la situation et être réaliste". Si réaliste, que la crédibilité du journal Le Monde en sera durablement affectée.

Un faux boulimique: l’annexion du ministère du commerce extérieur et du tourisme.

Faux boulimique, l’homme annexera à son magistère le commerce extérieur soutenant qu’il ne saurait y avoir une diplomatie de puissance sans véritable diplomatie économique. Mais dans son déplacement dans un pays clé du champ stratégique français, l’Algérie, Laurent Fabius se livrera à une mémorable sieste devant les caméras du monde entier.

Alors que les chaînes de télévision françaises se gaussaient de la mobilité réduite du président algérien Abdel Aziz Bouteflika, occultant de leur récit télévisé le roupillon ministériel, la télévision algérienne, en réplique insidieuse, diffusait les images du ministre piquant de la tête lors de la conférence de presse du ministre algérien de l’Industrie. Récidiviste, Laurent Fabius s’adonnera une nouvelle fois à Morphée, un an plus tard, lors de la visite du président François Hollande, en piquant une nouvelle fois du nez.

L’Arabie Saoudite, un remake de l’Irak de Saddam Hussein

En revanche, Laurent Fabius retrouvera toute sa verve et son entrain, pavoisant à l’annonce de plusieurs contrats d’une valeur de plusieurs milliards de dollars avec l’Arabie Saoudite, lors de sa tournée dans le Golfe, en mai 2015, sans tenir compte du fait que la dynastie wahhabite traîne une solide réputation de polygame compulsif, que les dames du Royaume pâtissent toujours du statut de "dépendante", à la merci d’un tuteur machiste, sans possibilité de conduire, ni de voyager, que le 1/3 des violences sexuelles sur mineur sont d’origine familiale et qu’enfin, l’Arabie saoudite aura été au XXIe siècle, l’incubateur absolu du djihadisme erratique dans toutes ses déclinaisons, responsable par ricochet des supplices des Chrétiens arabes, dont la France, le pays de François Hollande et de Laurent Fabius, en est la protectrice pluriséculaire.

Sans tenir compte surtout du fait que l’Arabie saoudite est le pays détenteur du record mondial absolu de décapitation. Sans même soupçonner qu’un tel comportement relève sinon de la duplicité à tout le moins de l’incohérence. Le commerce des armes ne saurait se substituer au commerce des âmes. "Bad Cop" de la négociation sur le nucléaire iranien, Laurent Fabius justifiera ses préventions à l’égard de l’Iran par les mauvais souvenirs de ses rapports avec Téhéran à son passage à Matignon 1984-1988, marquée notamment par la spirale des otages français au Liban, le contentieux Eurodif, puis, sous le régime de la cohabitation socialo-gaulliste par la "guerre des ambassades". Amnésique précoce, Laurent Fabius en occultera le contexte: Cobelligérante de l’Irak contre l’Iran révolutionnaire, dans la décennie 1970-1980, la France avait vendu son âme à Saddam Hussein pour des contrats civils et militaires de l’ordre de plusieurs milliards de dollars, avant de se faire éjecter par les États-Unis d’Amérique. Et les deux par Daech.

La lune de miel saoudo française constituerait-elle un vieux remake du précédent de la coopération franco-irakienne du temps de Saddam Hussein? Dans les premières lignes du 18 Brumaire de Louis Bonaparte, Karl Marx reprenant à son compte cette heureuse formule de Hegel selon laquelle l’histoire se répète souvent deux fois, souligne à l’intention des amnésiques: "Il a oublié d’ajouter: la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce".

De la pôle position à la voiture balai

Dans la perspective de son entrée en fonction Laurent Fabius confirmait la pesanteur anti syrienne des socialistes en ce que le futur titulaire du Quai d’Orsay avait cautionné de sa présence le premier congrès de l’opposition syrienne tenu à Paris, en juin 2010, sous l’égide du philo-sioniste Bernard Henry Lévy et de la branche syrienne des Frères Musulmans.

A moins qu’une sournoise arabophobie compensatoire de Munich, par une sorte de "solidarité expiatoire" à l’égard des juifs et d’Israël, ne tienne lieu de doxa officielle du socialisme français et explique son tropisme pro-israélien, comme en témoigne la désarabisation du Quai d‘Orsay vigoureusement entamée sous le transfuge socialiste Bernard Kouchner et gaillardement poursuivie sous le tandem François Hollande Laurent Fabius. La France s’est sionisée car tétanisée par son passif colonial, qui explique le fait que la France socialiste, artisan de l’armement atomique israélien, soit le plus intransigeant dans le dossier nucléaire iranien, en une nouvelle illustration de la duplicité de la diplomatie française.

Si Manuel Valls a été le "meilleur ministre de l‘intérieur de l’UMP", selon l’expression de l’ancien ministre de droite Dominique Bussereau, "à deux doigts de mériter sa carte au Front national", selon Florian Philippot, N° 2 du parti d’extrême droite, le plus capé des socialistes, réputé par ces somnolences dans les forums internationaux, passera dans l’histoire comme le piètre pensionnaire du Quai d’Orsay de la gauche française, à l’égal du transfuge sarkozyste du socialisme Bernard Kouchner, à l’égal de Christian Pineau, son équivalent de Suez, détenteur de la palme pour la IVe République. Très largement devancé par de prestigieux prédécesseurs de la stature et du calibre de Claude Cheysson, Roland Dumas et Hubert Védrine.

Le plus jeune premier ministre offert à la France par François Mitterrand se retrouve, 30 ans plus tard, sur une voie de garage, prestigieuse certes, mais qui n’en constitue pas moins une opération d’exfiltration politique, en solde de tout compte. En solde de son passif.

Son succès international lors du COP 21 apparaît rétrospectivement comme un fade dépolluant à une diplomatie toxique. Entre somnolence internationale et scandale familial, le pâle successeur du florentin de Nevers aura été l’incarnation caricaturale de la diplomatie française, la caricature d’un homme d’état.

De la pôle-position à la voiture balai. Un vrai gâchis.

"Jamais l’Iran ne sera invité à une conférence internationale", répétait un diplomate français lors d’un dîner organisé à Beyrouth en l’honneur de l’émissaire onusien Moktar Lamani, qui lui répondit aussitôt: "Vous savez, il ne peut y avoir une solution à la guerre de Syrie, sans l’Iran. Mais il peut y avoir une, sans La France"

La Syrie apparaîtra rétrospectivement comme l’ultime expédition post coloniale d’un pays en déclin: "Parmi les grands perdants de la Mondialisation, parmi les grands perdants de l’européanisation", selon l’expression de Marcel Gauchet, la France de François Hollande figure aussi parmi les grands perdants en Syrie, indice patent de la déflagration mentale des socialistes français, les meilleurs alliés des hyper-conservateurs saoudiens, des ultra-conservateurs israéliens et des néoconservateurs américains, un collectif d’alliés infréquentables. Chapeau l’artiste.

La carotte de l’État palestinien

Sa dernière pirouette n’a abusé que sa personne: s’inclinant devant l’oukase d’Hillary Clinton, à l’époque secrétaire d’état, lui intimant ainsi qu’à son collègue de l’intérieur, Manuel Valls, en avril 2013, l’ordre de faire obstacle, dans un déni de droit invraisemblable, à la libération d’un homme qui a purgé sa peine, le doyen des prisonniers politiques en France, Georges Ibrahim Abdallah, Laurent Fabius cherchera à s’attirer néanmoins les bonnes grâces de l’électorat musulman en brandissant, telle une carotte, fin Janvier 2016, la promesse de la reconnaissance d’un État palestinien au terme de quinze mois de négociations infructueuses entre israéliens et palestiniens; une échéance qui tombe curieusement à pic, en mai 2017, soit à une semaine du premier tour des élections présidentielles françaises, aléatoires pour le socialio-motoriste.

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Il eût été pourtant plus simple de procéder à une reconnaissance unilatérale immédiate de l’État palestinien, à l’instar de la Suède, sans attendre la démagogique échéance électorale. A la veille du premier centenaire de la "Promesse Balfour", il est temps que les occidentaux pallient leurs turpitudes à l’égard des Arabes.

Le 14 février 2016