Samedi 20 février 2016, l’autorité nationale des élections -ANE- a rendu publics les résultats globaux provisoires du 2e tour de l’élection présidentielle qui s'est déroulée le 14 février 2016.
Les résultats donnent gagnant le candidat N° 2 Faustin Archange Touadera avec 62,71% des suffrages et le candidat N°1 Anicet Georges Dologuélé avec 37,29% des suffrages.
Dans son adresse à la Nation qui a immédiatement suivi ces résultats, Anicet Georges Dologuené est monté au créneau pour fustiger les autorités de la transition, les hauts responsables de l’administration décentralisée et l’ensemble des fonctionnaires centrafricains qui auraient collectivement organisé une fraude massive pour faire échec à son élection en ces termes : "les moyens matériels de l’Etat, ses ressources financières, les Hauts responsables de l’Administration, notamment les Ministres conseillers à la Présidence, les Préfets et Sous-Préfets, la Directrice générale des douanes etc… ont été mobilisés au service de la triche afin d’empêcher, par tous moyens, mon élection. L’ANE n’a pas joué son rôle d’organisateur impartial des élections"
C’est avec consternation que j’ai suivi cette déclaration dans laquelle j’ai été nommément citée en ma qualité de directrice générale des douanes qui aurait joué un rôle déterminant dans son échec cuisant. Il est vraiment malheureux, pour notre jeune démocratie, qu’un homme politique puisse utiliser de tels arguments pour expliquer son échec.
Ces élucubrations appellent pour moi les observations suivantes :
1- Je voudrais rappeler à M. Dologuélé que des réunions ont été organisées par certains hauts responsables de voter pour lui ;
2 - Des Membres du gouvernement et des Hauts gonctionnaires connus ont abandonné leur poste, sans aucune mise en disponibilité, pour battre campagne pour le Sieur Dologuélé avec les véhicules de l’Etat ;
3 - Des collectes des fonds ont été organisées par le patronat pour soutenir le candidat Dologuélé aux fins de se mettre à l’abri des fiscs pendant le règne du prochain Président de la république ;
4 - Des rencontres nocturnes ont été organisées par lui-même, par certains Membres du gouvernement pour la mobilisation des ressources nécessaires à la campagne du candidat de l’URCA.
5 - Il est de notoriété publique que plusieurs Membres du gouvernement, des Hauts cadres de l’administration sont vus à ses côtés et régulièrement dans son QG quartier général.
Et, j’en passe. Tout cela n’a choqué personne.
Les Centrafricains avertis ont tout observé et attendaient les conclusions maladroites de l’ANE pour réagir, preuves à l’appui. Heureusement, l’ANE a été objective dans la compilation des résultats issus des urnes. Il ne pouvait en être autrement car c’est Dieu qui a décidé de libérer la RCA et de confier sa destinée à l’Homme de son choix et le peuple centrafricain a exécuté. Vox populi, vox dei.
Aujourd’hui, les électeurs, à qui M.Dologuélé a sollicité les voix, ne sont ni plus ni moins les fonctionnaires qu’il a sevré de leurs salaires, plusieurs mois, pendant qu’il était aux affaires. Ce sont eux qui ont tous sanctionné le candidat de l’URCA.
Si ce dernier a la mémoire courte, ce n’est pas le cas des centrafricains qui, après avoir longtemps été échaudés, craignent l’eau froide.
Le candidat malheureux doit comprendre, que le fonctionnaire centrafricain, dont le salaire nourrit plus de 10 familles, s’est pleinement investi de manière désintéressée dans la campagne pour soutenir M. Touadera; sinon, comment comprendre que ce dernier soit massivement élu sur toute l’étendue du territoire ?
J’estime, pour ma part, qu’au lieu de se morfondre dans des accusations sans fondement juridique, le candidat malheureux aurait dû, tout simplement, se contenter de reconnaître la brillante victoire de son frère, le féliciter et s’engager à œuvrer à ses côtés, de manière patriotique, dans la reconstruction de notre pays, ruiné par les crises militaro-politiques à répétition, depuis plusieurs décennies. Une telle approche aurait grandi l’intéressé et la jeune démocratie centrafricaine aux yeux du monde.
En appelant ses "militants, sympathisants et alliés à garder le calme", le candidat malheureux a désamorcé le projet de trouble qu’il a échafaudé en cas de victoire de son adversaire. Il fait donc partie des ennemis de la paix qui ont fait souffrir les centrafricaines et les centrafricains depuis plus de trente ans.
Il est temps de nos jours que les politiciens laissent le peuple entrafricain choisir librement et démocratiquement ceux qui sont appelés à conduire la destinée de la Nation.
Pour conclure, je voudrais faire savoir à M. Dologuélé qu’en tant que citoyenne j’ai le droit et le loisir de soutenir un candidat aux élections et lui apporter ma modeste contribution. Mes fonctions de directrice générale des douanes ne m’enlèvent pas mon droit de choisir et d’appuyer un candidat.
Je prends à témoins tous les centrafricains et l’opinion internationale des menaces proférées à mon endroit par le Sieur Dologuélé. Je le rends responsable des éventuelles agressions physiques ou verbales dont je pourrais faire l’objet.
Rachel Ngakola, directrice générale des douanes du Centrafrique
Le 23 février 2016