Par Jean-Pierre Mara, député de Mala
Pour tout Centrafricain, revenir dans son pays d'origine est une évidence.
Pour nous responsables politiques, faciliter ce retour est un devoir à double sens:
Pour ce qui est du sens économique, il est question de faciliter le retour en encourageant les efforts de nos migrants en retour afin de booster les investissements pour contribuer à relancer l'économie. Nous devons prendre l'exemple sur la Côte d'ivoire.
Le deuxième sens est national et politique. Ici, il est question d'encourager les compatriotes à revenir au bercail.
En centrafrique, ces deux maximes ne semblent pas être des pratiques souhaitées et souhaitables. Le système établi rend plutôt la vie difficile aux candidats au retour. Les autorités exécutives telles que le Ministère des Finances ou la Direction Générale de la Douanes et des domaines semblent indiférents aux maximes précitées. Et pour cause, il n'existe aucune procédure d'exonération encore moins de delai de paiement appelées "main-levée" pour les Centrafricains qui reviennent s'installer ou pour ceux qui viennent prospecter le marché pour investir et créer de l'emploi. C'est une abbération. Pire, les décideurs actuels et les acteurs qui les accompagnent reviennent précisement de l'étranger. Ces derniers devraient en principe être eux-mêmes les mieux sensibilisés à la question. Si leur comportement n'est pas de la méchanceté alors c'est l'ignorance.
La pratique de toujours en Centrafrique consiste à délivrer une main-levée c'est à dire à demander un délai pour le dédouanement. Mais l'obtention d'une main-levée est un parcours de combatants. Même un Deputé qui revient de l'étranger pour s'installer doit passer par le bureau de l'Assemblée nationale. La Douane ou le Ministre lui signifieront systématiquement un refus s'il demande directement. Alors qu'est ce qu'il en est pour le revenant normal, c'est à dire cet opérateur économique qui n'est pas député ou qui ne connait aucune personnalité?
Et quand bien même vous déposez une demande, on vous demandera de venir voir le Ministre en personne, c'est à dire faire allegeance.
Normalement le Ministère des Finances et sa sommité qu'on dit expert en la matière devra mettre en place un mécanisme d'exonération puisque les Mains-Levées n'existent plus depuis des années. L'obtention de ce document ne devra pas nécessiter une démarche particulière de la part des Centrafricains de la diaspora qui reviennent s'installer.
Il ne devrait pas avoir de démarches supplémentaires, ou des appels dès lors que tous les dossiers sont complets. Tout cela a pour objectif de faciliter le retour des compatriotes en ces temps de manques cruels d'investisseurs ou de manque de cadres dans notre pays.
La méchanceté nous empêchera toujours de développer ce pays si nous ne changeons pas nos attitudes pour faciliter le retour des compatriotes alors que nous mêmes revenons de là et connaissons la difficulté.
Les recettes douanières sont certes importantes pour notre économie à court terme. Mais encourager le retour des Centrafricains de l'étranger est un investissement à long terme.
Bangui 17 décembre 2016