La convention républicaine pour le progrès social communique
Deux périls majeurs menacent l'existence même de notre pays en tant que Nation et en tant qu' Etat: son implosion et sa partition.
Face à ces dangers, il faut clairement identifier les ennemis du peuple centrafricain et ceux qui défendent son unité et son intégrité territoriale.
Les premiers sont les groupes armés qui se livrent aux massacres des populations civiles, aux pillages, aux incendies de villages entiers et à la prédation économique et qui occupent les 2/3 du territoire national. Ils n'offrent aucune perspective politique de sortie de crise.
Les seconds sont les démocrates et les patriotes qui, au delà des clivages politiques, de leurs appartenances religieuses et autres, doivent former un front républicain pour s'opposer par tous les moyens à la désintégration de notre pays. Ils ont besoin du soutien de la Communauté internationale et de la MINUSCA malgré les limites et les faiblesses de cette dernière sans laquelle, on aurait assisté depuis belle lurette à la "somalisation" de la RCA tant prônée par l'un des acteurs de cette crise.
La Convention Républicaine pour le Progrès Social reste convaincue que le retour à la paix dans notre pays est conditionné par 3 déterminants fondamentaux:
1°- Le renforcement du processus de réconciliation nationale dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations et conclusions du Forum de Bangui, en tant que celles-ci sont l'expression de la volonté du peuple centrafricain.
2°- Le rétablissement du rapport de force militaire en faveur d'une nouvelle Armée républicaine, restructurée, pluri-ethnique, équipée, disciplinée et ayant une supériorité tactique et en puissance de feu pour imposer le monopole de la violence légale et légitime et restaurer l'autorité de l'Etat.
3°- La lutte contre l'impunité par la poursuite devant la Cour Pénale Internationale et la Cour Pénale Spéciale des auteurs, co-auteurs et complices des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité tout en prenant en compte la réparation pour les victimes.
Dans cette situation complexe, c'est au gouvernement qu'incombe la lourde et difficile responsabilité de fixer le cap politique et de définir les objectifs stratégiques pouvant conduire à la sécurisation et à la pacification de notre pays.
Force est de constater malheureusement que c'est dans un total balbutiement que le gouvernement, représenté par le ministre des affaires étrangères, de l'intégration africaine et des centrafricains de l'étranger avait signé à Rome le 19 juin 2017 l'Accord Politique pour la Paix en République centrafricaine, dit "Entente de Sant' Egidio" et à Libreville le 17 juillet 2017 " La feuille de route pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine" dite " Initiative africaine".
Ce dernier texte énonce "qu'à la suite des discussions tenues à Bruxelles le 21 juin 2017, le gouvernement de la République centrafricaine souhaite exprimer de la manière la plus claire et la plus solennelle sa vision du processus de paix qui doit être reflétée par l'Initiative africaine, devenant ainsi la seule et unique Feuille de route qui conduira vers la paix et la réconciliation nationale en République centrafricaine".
Il est même précisé que la "feuille de Route pour la Paix et la réconciliation nationale en République centrafricaine constitue l'initiative africaine et met fin à toute autre initiative" d'une part et d'autre part que "l'Entente de Sant' Egidio marquée par l'Accord Politique pour la Paix en République centrafricaine est pris en compte et intégré dans le processus de dialogue défini par la Feuille de Route pour la Paix et la réconciliation nationale en République centrafricaine";
Il est clair que les signataires de ladite initiative ont, sans ambiguïté, définitivement "enterré" "l'Entente de Sant 'Egidio"
Or, le président de la République Faustin Archange Touadera a signé le 31 juillet 2017, le décret n° 17.254 portant création et fixant les missions du Comité de suivi de l'Accord Politique dit "Entente de Sant' Egidio".
Le Président de ce comité de suivi n'est autre que le ministre des affaires étrangères, de l'intégration africaine et des centrafricains de l'Etranger qui, paradoxalement, avait signé au nom du gouvernement la Feuille de route pour la Paix et la Réconciliation nationale en République centrafricaine dite Initiative africaine, laquelle a prévu un " panel de facilitation assuré par le Groupe international de soutien à la République centrafricaine -GIS-RCA- constitué de l'UA, de la CEEAC, de la CIRGL, de l'Angola, du Congo, du Gabon et du Tchad. Ce panel agit collégialement sous la direction du Représentant désigné de l'UA".
L'Initiative africaine a également prévu un Point focal national de coordination: "le point focal, personnalité de haut niveau, est désigné par le président de la République. Le Point Focal aura pour mission d'assurer la coordination avec le Panel de facilitation et rend compte directement au président de la République des avancées du dialogue".
La Convention Républicaine pour le Progrès Social -CRPS- note avec regret que la gouvernement n'a pas une vision claire et cohérente d'un schéma de sortie de crise et contribue par sa maladresse et son improvisation habituelle à entretenir une confusion préjudiciable aux efforts consentis pour ramener la paix en République centrafricaine.
Fait à Bangui le 8 août 2017 - Le Président Me Nicolas Tiangaye