Fête du 1er décembre : discours de Touadera

Le président de la République centrafricaine déclare "L’article 24 de la Constitution du 30 mars 2016 énonce de manière péremptoire que la République centrafricaine est un État de droit, unitaire, souverain, indivisible, laïc et démocratique.Or, aujourd’hui, nous déplorons tous que les repères collectifs, les valeurs traditionnelles d’unité, de dignité, de travail, d’autorité et d’ordre sont affaiblis, à la faveur des crises récurrentes que connaît le pays."

Mais en toute objectivité le président de la République centrafricaine respecte-t-il la Constitution du 30 mars 2016 ?  Fat 30 nov 2017

Faustin-Archange Touadera@pr

Centrafricaines,
Centrafricains,
Mes chers Compatriotes,

Dans la vie des peuples, il existe des moments historiques dont l’évocation leur rappelle les sentiments de fierté, d’appartenance à une Nation, les valeurs traditionnelles qui sous-tendent leur espérance et légitiment leurs actions.

Dans le cas de notre pays, la République centrafricaine, la célébration chaque année de l’anniversaire de la proclamation de la République est l’un de ces moments pleins de significations et de symboles, en ce qu’ils nous rappellent les sacrifices consentis par nos devanciers et la nécessité d’exalter les idéaux de la République, légués par le Père fondateur, à savoir l’Unité, la Dignité et le Travail.

Fidèle à notre tradition républicaine, nous célébrons demain, à l’unisson, le 59e anniversaire de la proclamation de la République par feu président Barthélemy Boganda.

Les circonstances de la proclamation de la République, le 1er décembre 1958, ont été, vous le savez, extrêmement difficiles et complexes.

En ce jour mémorable, nous nous souvenons avec satisfaction et fierté de l’illustre Père fondateur de la République et de tous ses amis de lutte, tous disparus précocement, dans un accident d’avion, moins d’une année après la proclamation de la République.

C’est aussi l’occasion d’avoir une pensée particulière pour ceux de nos concitoyens, victimes innocentes des violences aveugles perpétrées par les ennemis de la République.

Je souhaite aussi une bonne fête à la diaspora centrafricaine et salue sa contribution à l’effort de reconstruction nationale.

J’associe à la fête l’ensemble de la communauté internationale qui a toujours accompagné notre pays, sans se lasser de porter le fardeau de nos errements politiques.

Dans ce registre, je loue les efforts de l’ONU, particulièrement la MINUSCA dont les éléments ont payé un lourd tribut dans l’accomplissement de sa mission de maintien de la paix en République centrafricaine.

Je rends hommage à nos forces de défense et de sécurité qui, en dépit des difficultés du moment, accomplissent avec abnégation la mission de maintien de l’ordre public et de protection des personnes et des biens.

Mes très chers Compatriotes,

La commémoration de ce 59e anniversaire nous donne l’occasion de faire une réflexion citoyenne sur la manière dont nous concevons la notion de "République". Une République est porteuse de valeurs. Elle est le creuset du bien public et de l’intérêt commun. Pour le Père fondateur, Barthélemy Boganda, les valeurs fondamentales de la République sont l’unité, la dignité et le travail.

L’unité est essentielle pour le développement collectif et le sentiment d’appartenance à une Nation. La dignité est une valeur culturelle liée aux comportements pour promouvoir l’identité du centrafricain, partout où il se trouve.

Le travail est un vecteur de développement, un élément important de promotion de notre société, la clé de l’épanouissement de l’homme. Il est le moyen de nous assurer notre dignité.

L’idéal républicain, inspiré par le Père fondateur n’est ni la haine, ni la violence, ni l’intolérance, ni la division, ni le repli identitaire, moins encore l’atteinte à la vie humaine, la destruction des biens publics et privés.

L’article 24 de la Constitution du 30 mars 2016 énonce de manière péremptoire que la République centrafricaine est un État de droit, unitaire, souverain, indivisible, laïc et démocratique.

Or, aujourd’hui, nous déplorons tous que les repères collectifs, les valeurs traditionnelles d’unité, de dignité, de travail, d’autorité et d’ordre sont affaiblis, à la faveur des crises récurrentes que connaît le pays.

En 59 ans, notre pays a battu le record de coups d'État et d’autres tentatives de déstabilisation en Afrique, quasiment toutes les décennies. Cette situation d’instabilité chronique des institutions est, à n’en point douter, l’une des causes fondamentales du retard de notre pays sur le plan économique et social.

Depuis 2012, la République est plus que jamais en danger. Nous avons l’obligation de la sauver contre les velléités sécessionnistes, les menaces d’explosion de notre société, savamment entretenues par certains Compatriotes pour assouvir leur soif politique.

L’unité nationale, chère au Père fondateur est aujourd’hui soumise à rude épreuve, avec les menaces de partition du pays, la fracture sociale et le développement de l’intolérance. Mais indépendamment des questions de sécurité, on s’aperçoit que dans nos villes et villages, beaucoup de Compatriotes ont perdu le goût du travail et de l’effort. Même sur ce plan, nous avons aussi reculé.

Au regard de toutes ces expériences malheureuses, il nous faut construire une nouvelle société qui s’appuie sur nos valeurs traditionnelles, une société moderne et démocratique à l’exemple des autres États du monde.

Construire une société moderne, ouverte d’esprit, attachée aux idéaux de paix, de tolérance, du vivre ensemble, de démocratie et d’égalité ; une société où chaque citoyen a le souci du bien commun, le sens de la citoyenneté, la recherche de la justice et de l’égalité. Tel est le sens de l’engagement que j’ai pris devant vous, mes chers Compatriotes.

Cette société moderne, je la veux pluraliste, démocratique, respectueuse des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, une société diversifiée, qui fait place à la femme et aux jeunes, en raison de l’important rôle qu’ils jouent dans la société. Chaque citoyen centrafricain peut développer dans cette société son autonomie et sa liberté, dans la solidarité que permet une vie collective et surtout dans le respect de la République.

Depuis ma prise de fonction, la femme centrafricaine occupe une position privilégiée dans les différents secteurs et institutions de la République. La jeunesse occupe elle aussi une place importante dans les politiques et programmes du gouvernement, malgré les circonstances et les opportunités très limitées. Il nous faut préparer le pays pour les compétitions de demain, et cela doit se faire avec la femme et la jeunesse. J’exhorte le peuple à marcher dans ce sens.

Mes très chers Compatriotes,

Dans cette société, la politique a sa place, car nous sommes tous pour le pluralisme politique, la liberté des opinions. Mais cette politique doit être constructive. Nous devons nous abstenir de tout ce qui peut nous diviser ou de faire reculer davantage le pays.

Nous devons réapprendre à vivre ensemble, comme par le passé. En effet, malgré nos diversités culturelles, nous avons toujours vécu en paix et en harmonie depuis des décennies.

Pour ma part, je suis résolu à construire un Etat de droit fondé sur une démocratie pluraliste, le respect de la séparation et de l’équilibre des pouvoirs et surtout le respect du caractère sacré et inviolable de la vie humaine.
Dans l’intérêt du pays tant meurtri par les incompréhensions et les querelles inutiles, je veux que l’opposition politique soit démocratique et constructive.

Nous avons l’impérieuse nécessité de préserver l’unité nationale, la cohésion sociale et la paix, seuls gages du développement économique et social de notre pays. La liberté d’opinion doit s’exercer dans le cadre des lois et règlements de la République.

J’exhorte donc la classe politique, la société civile et les médias à bannir dans leurs discours et écrits, toutes attitudes et déclarations susceptibles d’engendrer la discorde, l’exclusion, la haine ou la violence. Aujourd’hui, nous sommes en marche pour bâtir cette société nouvelle, débarrassée des démons de la division, de la haine et de violences barbares et aveugles.

Je vous exhorte, Mes chers Compatriotes, à regarder vers l’avenir avec espoir, car sans espérance, nous courons vers l’abîme. Il faut croire en notre capacité, en notre génie. Oui, le génie centrafricain existe.

Je vous demande, mes chers Compatriotes, de revenir à nos valeurs de départ, je veux dire à l’Unité, à la Dignité et au Travail, si nous voulons bâtir un avenir meilleur pour nous-mêmes et pour nos progénitures. Si nous faisons notre possible, nous pourrons y parvenir.

Engageons-nous tous pour un avenir d’espoir, un avenir de paix, d’unité nationale, de cohésion sociale et du vivre ensemble. Prenons résolument la décision de sortir du cycle infernal d’agressions et de représailles, car seule la justice peut soutenir la paix que nous recherchons et la consolider.

Pour ma part, je ne ménage aucun effort dans la recherche de la paix et du bien-être de tous.

Bonne fête à chacune et à chacun. Vive la République centrafricaine. Que Dieu nous bénisse tous.

Je vous remercie.

Le 30 novembre 2017

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Défilé du 1er décembre 2017 @edt

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