Touadera s'exprime devant la chambre de commerce de Beyrouth

Mesdames, Messieurs

Mon séjour à Beyrouth au Liban s’inscrit dans le cadre d’un nouveau dynamisme de coopération que j’entends impulser à la relation agissante entre la République centrafricaine et la République sœur du Liban.

Cette nouvelle coopération, je la désire plus économique puisque le Liban est un véritable carrefour commercial et un passage obligé vers le Moyen orient.

Mais, bien avant de vous parler de l’économie, thème qui nous réunit ce soir, j’ai le plus grand devoir de récuser, et de la manière la plus solennelle, toutes les informations faisant de mon pays un lieu d’affrontement permanent entre musulmans et chrétiens.

C’est un conflit, certes, qui a éclaté en 2013, entre le régime de l’époque et un groupe rebelle. Au fil des temps, les seigneurs de guerre l’ont instrumentalisé pour en faire un véritable moyen d’extorsion des richesses du pays: Bois, diamant, or, taxes douanières et fiscales…

Mais depuis le retour à l’ordre constitutionnel le 30 mars 2016, sous mon impulsion, le gouvernement a entrepris des actions avec l’appui des forces armées onusiennes -MINUSCA-, afin de rétablir la paix sur toute l’étendue du territoire et jeter les bases de la relance de l’économie nationale.

La conférence de Bruxelles en novembre 2016 sur le plan national de relèvement et de consolidation de la paix -RCPCA- qui a vu le soutien massif des bailleurs de fonds internationaux et partenaires au développement illustre la bonne volonté de la Communauté Internationale d’accompagner la République centrafricaine dans cette quête, à laquelle j’invite les opérateurs économiques libanais à s’y joindre.

Alors, que peut-on retenir de la République centrafricaine ?

Située au cœur du continent africain, la République centrafricaine couvre une superficie de 623 000 km² pour une population de 5 millions d’habitants. Elle a pour capitale Bangui et est limitée au Nord par le Tchad, au Sud par le Congo-Brazzaville, au Sud-Est par la République Démocratique du Congo, à l’Est par le Soudan et le Soudan du Sud et à l’Ouest par le Cameroun. Elle est partagée entre la savane et la forêt équatoriale et connaît pour l'essentiel un climat tropical.

C’est un pays laïc qui se matérialise par la multiplicité des religions dont les principales sont: la religion protestante, la religion catholique et la religion musulmane. Elle dispose d’énormes ressources naturelles, notamment :

Sous-secteur agro-pastoral

Agriculture: 15 millions d’hectares de terre arable dont moins de 800 000 hectares exploitées. Elle est le poumon de l’économie centrafricaine.
Deux types de culture sont pratiqués : culture d’exportation -Café, coton, huile de palme et cacao- et culture vivrière -maïs, sésame, arachide, banane plantain et douce etc.-.
Concernant l’élevage, 16 millions d’hectare de pâturage dont 9 millions exploitées. Le cheptel bovin représente plus de 4 millions de têtes.

Secteur Forestier

Deux types de domaines forestiers prédominent:
1) Domaine forestier permanent (cédé au privé pour des exploitations artisanales et industrielles)
2) domaine forestier non permanent (protégé par l’Etat).
Forêt dense humide: 5,4 d’hectares dont 3,5 millions d’hectares sous aménagement.

Secteur touristique

Le secteur touristique est l’un des secteurs porteurs de l’économie centrafricaine.
4 parcs nationaux et 5 réserves au Nord du pays.

Un parc national -parc de Zanga-Sanga situé à Bayanga et 4 réserves au Sud du pays. Une zone de réserve à l’Est.
Cependant les structures d’accueil et les structures d’accueil et les infrastructures de transport déficitaires ne favorisent pas leur expansion.
Hydro-énergie
Plus de 30 cours d’eau, dont de nombreuses chutes et des rapides à valoriser pour la production d’électricité.
Le taux d’accès à l’électricité est de 3%. Le pays compte un seul site, avec un niveau de production d’hydroélectricité largement inférieur aux besoins de consommation actuelle et de développement de la capitale -minimum de 18 méga watts- et ses environs. Cependant un barrage a été construit, sans turbines.

Secteur minier

Le pays compte 470 indice miniers dont 2 seulement sont exploités: diamant et or.
Le diamant est reparti sur l’ensemble du territoire national. Par contre, l’or est concentré dans la partie du Centre, du Centre-Nord et au Sud-Ouest du pays.
On trouve le cuivre et le nikel au Centre. L’uranium se trouve à l’est, au Nord, au Nord-Est, au Centre-Sud et à l’est. Des recherches se poursuivent pour localiser les autres indices.

Zones de gisement pétrolier

Deux zones de gisements de pétrole ont été identifiées présentement:
- Le gisement de Boramata au Nord.
- Le gisement de Carnot au Sud-Ouest.

Le secteur de transport

24 000 km de réseau routier dont 4 000 km prioritaires seulement 700 km bitumés.
Un aérodrome international et 43 aérodromes secondaires.
Deux fleuves navigables qui donnent accès à l’Océan Atlantique mais dont il faudra améliorer la praticabilité.
De possibilités de développement de voie ferroviaire -Cameroun et Soudan- existent.

Le secteur bancaire

Le secteur bancaire est composé de 4 banques commerciales, complété par quatre établissements de micro finance. Les 4 banques de la place participent régulièrement au financement de l’économie centrafricaine.

Le pays dispose d’un cadre très attrayant pour les investisseurs étrangers :
Il fut doté en 1970 d’un cadre juridique de liberté totale où l’Etat avait le monopole de l’économie.
Mais depuis 1992, ce cadre a été complètement révisé afin de permettre aux investissements privés internationaux de s’établir. Cela s’est traduit par la création de :
Un guichet unique de formalités des entreprises en République centrafricaine pour la création d’entreprises en moins de 48 h.

Les tribaux de commerce qui sont des institutions de promotion par excellence du climat des affaires;
Un comité national de Lutte contre la corruption.
Une commission nationale d’investissement -CNI- pour examiner et exonérer les taxes douanières et fiscales pour les nouvelles entreprises qui en font la demande.
Le champ d’application de cette charte nationale d’investissements -CNI- est le suivant:
• Activités de transformation de produits d’origine végétale ou animale
• Activités de production d’énergie
• Activités manufacturières ou de transformation
• Activités de construction de logement à caractère économique, social et industriel
• Activités de collecte, de stockage, de conditionnement et de transformation des produits agricoles et alimentaires
• Activités d’études et de recherche
• Activités de transformation de marchandise en tant qu’industrie de transport
• Activités de laboratoire d’analyses, d’essai ou de productions chimique et pharmaceutiques
• Activités de production du livre et de l’imprimerie
• Activités de montage et de maintenance, d’équipements industriels de transport, de télécommunication et de l’électronique
• Activités de fabrication de produits chimiques et alimentaires servant d’intrants à d’autres entreprises industrielles.

Les modalités de création d’entreprises et d’acquisition des titres fonciers, des permis de construire sont non discriminatoires permettant ainsi aux investisseurs internationaux de s’installer sur un même pied d’égalité que les opérateurs économiques centrafricains.

Depuis mon accession à la Magistrature Suprême le 30 mars 2016, des efforts considérables ont été faits et seront poursuivis dans le domaine de l’amélioration du climat des affaires afin de faire gagner à la République entrafricaine, une bonne position dans le classement de Doing Business et attirer davantage d’investisseurs internationaux.
C’est pourquoi, au mois de novembre 2017, se tiendra à Bangui un forum pour la promotion de l’investissement direct étranger en République centrafricaine sur financement de la banque mondiale et de l’ambassade de France.

Mesdames et Messieurs,

Autant d’atouts et signes qui montrent à suffisance que vos investissements en République centrafricaine seront garantis par l’Etat.
Je suis accompagné dans ce déplacement par des opérateurs économiques centrafricains d’origine libanaise qui détiennent une partie importante de l’économie en République centrafricaine notamment dans le domaine de l’agroalimentaire, savonnerie et de transport, participant ainsi au développement de leur seconde patrie.

Ils se feront les porte-voix des conditions avantageuses d’affaires qu’offre la République centrafricaine auprès de leurs compatriotes libanais.
Je ne pourrais terminer mes propos sans remercier M. Samy Maroun qui est l’un des artisans de cette visite qui n’a pas pu se joindre à nous.

Pour finir, je voudrais réitérer ma ferme détermination à coopérer très étroitement avec le président de la République de Liban mon frère le général Michel Aoun pour la relance économique de la République centrafricaine et enrichir également le grand et beau pays du Cèdre.
Je vous remercie.

Le 7 septembre 2017